Des hôpitaux pleins de malades imaginaires? (12/05/2020)

HUG urgences nuit.JPGEvidemment ce titre va m'attirer les foudres de toutes parts. Le temps présent - traversés de peurs et de rumeurs - fourmillent d'imprécateurs et de croyants prêts à les suivre et à faire le ramdam (traduction de buzz) sur les réseaux sociaux.

Or donc, depuis deux mois, nos cliniques et nos hôpitaux sont vides ou presque - les HUG ont réalisé leur 1000e greffe du foie le 6 mai -, nos urgences clairsemées, les cabinets médicaux délaissés, hormis par les victimes du covid 19 évidemment. Et encore, bon nombre d'entre elles ont traversé l'épreuve, parfois longue, douloureuse et violente, à domicile. 

Mais où sont donc passés les malades? Fréquentant quotidiennement les HUG comme visiteur au chevet d'une patiente non virale, j'y croise à nouveau un peu plus de gens.

Saurons-nous jamais combien de malades ont renoncé à consulter? Combien ont succombé ou ont vu leur santé se dégrader en raison du principe de précaution, de la peur d'un virus, certes inconnu, certes contagieux, certes tueur (encore que ses victimes sont très spécifiques) et qui va se payer par plus de malheurs - chômage, faillite, pauvreté, inégalité, tensions politiques, redistribution des cartes entre firmes et puissances - qu'en aura provoqué la pandémie? (Je sais, c'est facile à dire, mais le masque - en passe sous la pression sociale de devenir obligatoire - n'a pas (encore) vocation de museler l'esprit critique).

Saurons-nous jamais parmi ces malades, qui pendant deux mois ont vécu avec leurs maux, leurs douleurs, leurs angoisses, qui n'ont fait ni la Une des journaux ni les applaudissements de 21h, combien ont perdu combien d'années de vie en bonne santé  (ou sans incapacité), selon la terminologie des sociologues? Combien au contraire se portent bien sans avoir sollicité le système de santé? Combien y a-t-il de malades qui s'ignorent? Et combien y a-t-il de malades imaginaires?

hug comptes 2018.jpgEt ce trou d'air dans le traitement des malades absents des structures de soins va-t-il révéler au final une baisse ou une hausse des dépenses de santé à la charge de l'assurance maladie et des cantons? Les coûts de la santé vont-ils exploser demande le 9 mai Serge Guertchakoff*, réd en chef de Bilan pour La Tribune de Genève?

Il y a quelques jours Le Temps se faisait l'écho des pertes financières "abyssales" des hôpitaux en raison de la baisse d'activités: une facture évaluée à 60 millions par le ministre genevois Poggia pour les HUG. Qui va payer? Question importante certes, mais 60 millions, c'est 3% des dépenses annuelles des HUG, une goutte d'eau. Le ministre a-t-il bien tout compté? (voir les derniers chiffres clés publiés)

Aurons-nous une vidéo des HUG pour répondre à ces questions? 

coronavirus worldometer 12 mai.jpgAurons-nous des tableaux de bord, comme ceux qui ont fleuri sur le Net et ont traqué, heure par heure, pays par pays, canton par canton - worldometer, corona-data.ch, ... - l'évolution des infectés, des testés, des morts?

D'autres questions? On lira sur le même sujet la dernière rédigée par l'écrivain Pierre Béguin dans son blog. 

 

* Mon confrère traque avec Bilanz et dresse le palmarès des 300 plus riches de Suisse. A combien se montent leur fortune cumulée, les revenus qu'ils en tirent et les impôts qu'ils paient? Pour parler comme la gauche ou Liza Mazzone, combien pourrions-nous tirer en plus au travers d'une coronatax (en écho au coronabonds)? 

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