Covid, malheur aux vaincus (infectés) (06/05/2020)

IMG_0527.PNGFaut-il accepter la règle coréenne? C'est, si je comprends bien, celle du contrôle social intégral qui va se mettre en place en Suisse. Par le moyen de l'app, qui traque les contaminés, et l'obligation qui nous sera faite de dénoncer toutes les personnes que nous aurons fréquentées un quart d'heure au moins, à moins de deux mètres, dans les jours passés, afin d'ordonner, sous peine d'amende, au-dites personnes potentiellement porteuses du virus de se faire dépister et de rester confinées dix jours au moins. En toute sécurité pour nos données, croix de bois croix de fer... Police et santé font-elles bon ménage, se demande le député socialiste Sylvain Thévoz? La réponse de Stéphane Guex-Pierre ne manque pas de finesse...

J'écris "si je comprends bien" - car j'avoue que j'ai un peu décroché depuis quelque temps. Je ne lis que d'un œil, je n'écoute que d'une oreille, et encore, les infos anxiogènes débitées interminablement avec ce ton juste assez alarmiste, ce débit abrutissant du reporter ou du chroniqueur, genre "Tu sais, on ne sait pas grand chose, mais dans le doute, fait gaffe... c'est ta vie qui est en jeu. Et t'en a qu'une, pas comme dans les jeux vidéo... Et puis, sois solidaire, si c'est pas pour toi, fais-le pour ta grand-mère."

C'est ainsi qu'aux "gestes barrière" qui ne sont que des usages évidents et quasi ancestraux en période de maladie contagieuse (se laver, garder ses distances, isoler et soigner les malades, mettre à l'abri les personnes fragiles), on a ajouté par décrets et ordonnances l'arrêt des usines, des chantiers, des écoles, des voyages, des visites. Maintenant, on ajoute la traçabilité électronique des contagieux qui s'ignorent. Et comme nous sommes tous des contagieux en puissance, c'est un flicage général de la société qui se met en place. 

Le pire ce n'est pas le flicage de l'Etat - encore que -, c'est le flicage de ses voisins* qui vous veulent du bien et vont vous dénoncer car vous sortez sans porter le masque réglementaire, mettant évidemment leur vie en danger (ce qui est faux mais peu importe). Tout en composant le 117, le bien intentionné voisin braque son smartphone sur vous pour prendre la vidéo qui prouvera ses dires et vous menace aux mieux de la justice au pire de la mise au pilori sur Facebook ou Instagram. 

Mais qui va donc arrêter cette folie?

Certes. C'est pour le bien de tous. Il s'agit de faire tomber le nombre des personnes qu'un contaminé peut contaminer à moins d'une personne en moyenne. Ainsi s'éteindra la pandémie, faute pour le virus de trouver assez de poumons pour se multiplier et poursuivre son oeuvre mortifère et pédagogique**.

Il s'agit encore, nous serine-t-on, d'empêcher la fameuse deuxième, puis la troisième vague qui pourrait, comme la première, submerger nos systèmes d'urgence*** et précipiter les autorités médicales et politiques à choisir les malades qu'on intubera et ceux qu'on soulagera simplement à coup d'oxygène et de morphine. Choix qui est clairement fait puisqu'il y a plus de décès du Covid en EMS qu'à l'hôpital. 

Quant aux questions de souffrance et de fin de vie, on les laisse aux religieux qui ne savent que prier et mettre la vie en dogmes et aux philosophes qui remplacent la prière par la volonté, le libre arbitre ou la fatalité et les dogme par les principes et la théorie - tiens, malin, Dieu s'est-il même glissé dans ce mot...

 

* Le flicage de ses voisins, c'est ce qui a tué Olof Palme. Qui se souvient de ce premier ministre d'une Suède pétrie de vertus dans une sociale démocratie qui était le Graal de la bonne gouvernance comme le local et le bio le sont aujourd'hui. Il fut assassiné par un homme de Cro Magnon avait titré l'Evénement du jeudi alors sous la gouverne de son fondateur Jean-François Kahn.  Un homme de Cro Magnon qui, argumentait l'éditorialiste, en avait marre qu'on le traite de danger public parce qu'il ne se couvrait pas d'un manteau en sortant de chez lui et pouvait tomber malade et de ce fait creuser les budgets sanitaires et sociaux. Bref l'homme de Cro Magnon avait éliminé le symbole de cette société bonne sous tous rapports. L'assassinat reste à ce jour un mystère

** j'écris pédagogique car à quelque chose malheur est bon.

*** Selon le patron du CHUV, mardi soir au 19:30, seuls 80 lits d'urgence ont été occupés au plus gros de la crise sur les 200 tenus à disposition. Que la Suisse est meilleure que la Suède. Evidemment, il ne peut affirmer qu'il a fait tout juste. 

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