"Guerre" d'avant "guerre" d'après (03/04/2020)

urne genevoise.jpgCertains à propos de la pandémie évoquent une guerre. D'autres ajoutent, du haut de leur "yaka", que les généraux préparent toujours la guerre d'avant.

Nous serions donc en guerre contre le coronavirus et nous ne nous serions pas bien préparés.

Si c'est une guerre, c'est une bien étrange guerre. L’ennemi est identifié quoique invisible et nous sommes tous désarmés, les militaires comme les civils, face à ce brin d'ADN, incapable de se reproduire sans que nous lui prêtions assistance*. Nos gouvernements auraient laissé la population exposée sans défense à cet alien mortel? Trop facile.

En fait, nous ne sommes pas en guerre, à moins d'étendre considérablement le sens de ce mot. Comme de qualifier de martyrs les morts emportés par le virus, l'âge et d'autres maladies.

Seuls les soignants et tous ceux qui travaillent pour que la société fonctionne  - et elle fonctionne - sont au front. Ils travaillent d'arrache pied pour nous. Qu'ils en soient remerciés.

Trois semaines de confinement ne sont pas passées que déjà les usines tournent pour fabriquer les appareils nécessaires à ventiler les malades les plus en danger. Auraient-ils fallu entasser dans nos abris PC - construits pour la guerre d'avant? - des milliards de masques? C'est ce qu'on rendra sans doute obligatoire en prévision de la guerre d’après, la nouvelle pandémie. 

Mais quelle sera la prochaine "guerre"? Dans ma note précédente, j'ai évoqué trois événements de science fiction et un qui, durant toute la deuxième moitié du XXe siècle, a commandé les relations internationales entre les cinq membres du Conseil de sécurité de l'ONU (et quelques autres): l'équilibre de la terreur nucléaire. 

Quelle sera donc la prochaine menace qui nous mettra en danger? Le réchauffement climatique? Peut-être, quoique la transformation du climat à cause ou malgré nous ne présente de loin pas que des aspects négatifs.

La menace dont je parle est déjà à l'oeuvre. Elle érode déjà nos capacités de résistance. Je veux parler de l'atonie démocratique. 

Ce dimanche 5 avril (fête des morts en Chine) marque à Genève la fin du processus d'élection des autorités municipales. Vingt et une communes sont concernées dont les plus grandes. 

A J-3, soit jeudi soir, 15,4% des électrices et électeurs avaient fait parvenir leur enveloppe de vote. Désormais et jusqu'à dimanche midi il vaut mieux déposer son enveloppe directement au service des votations ou recourir à la police dans les communes qui l'autorisent ou aux militants des partis pour accomplir de son devoir de citoyen.

Je souligne le mot devoir. Dans une société, où l'on n'entend plus parler que de ses droits, ce mot semble devenu un gros mot. La critique, rarement constructive, la défiance détruisent nos sociétés et empêchent l'Europe de se construire. Que serions nous si l'Union, aussi imparfaite soit-elle, n'existait pas?

Faut-il mettre la démocratie aux soins intensifs, sous respirateur artificiel?

A l'heure où la Chine fait l'étalage des qualités de son système et que des régimes illibéraux sont au pouvoir au sein même de l'Europe, quelle stratégie, quelle mobilisation pour régénérer notre système politique?

A quoi bon les abris PC et les masques face à l'atonie démocratique?

 

* Paradoxe supplémentaire, il faut accepter la contamination pour fabriquer "l'armée" des anticorps, une épreuve parfois anodine, parfois douloureuse et angoissante, parfois mortel.

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