Penser l'après virus gérontophile (02/04/2020)

coronavirus couroune.jpgAlors que la courbe des morts s'aplanit en Suisse, l'Afrique est mal préparée face à la pandémie, expliquent en boucle les télévisions qui ont besoin d'images fortes pour retenir l'attention des foules, confinées ou non. Cependant l'Afrique est jeune et le virus épargne les jeunes. 

Face au bien nommé virus couronné, qui nous tient en servitude, nous l'étions aussi désarmés, entend-on dire. Les beaux parleurs ou, pire, ceux qui s’enorgueillissent d'avoir prédit la catastrophe sanitaire, dénoncent l'impréparation du pays, l'impéritie des ministres. Mais n'étaient-ils pas (avec nous tous) au premières loges pour s'inquiéter des coût déjà faramineux de la santé? Le domaine avale déjà 12% de la richesse nationale en Suisse tandis que l'alimentation se contente de 7%. Le contraire ne serait-il pas plus sain?

Après 20 jours de confinement, il est temps de regarder vers l'avant. Du fait de la pandémie, le monde sera demain différent du monde d'hier. Vraiment?

Sans doute serons nous mieux armés pour contenir la prochaine pandémie. Des milliards de masques seront stockés. Mais qui connaît la nature de la prochaine catastrophe: la chute d'un astéroïde, une inversion des pôles, un débarquement d'aliens, une guerre nucléaire... Il est presque sûr qu'on dira alors qu'une fois de plus on aura préparé la guerre d'avant.

Sans doute aura-t-on mesuré les vertus du télétravail. Un jour par semaine, c'est 10% de trafic en moins, compte tenu des travailleurs contraints de se déplacer. Sans doute la téléconférence va-t-elle davantage s'inscrire dans les comportements normaux au lieu des saut de puces aériens à Zurich, Londres, New-York ou partout ailleurs.

Sans doute la commande par Internet et la livraison groupée à domicile ou dans des points ad hoc vont-elles à leur tour réduire  la corvée des courses, qui n'est pas une corvée pour tout le monde mais au contraire l'occasion de rencontrer ses semblables et amis. 

Oui une partie des consultations médicales, notamment celles qui traitent l'âme et l'esprit, peuvent tout à fait bien se passer par téléphone, What's App, Zoom, FaceTime, etc. Et puis notre smartphone livrera toutes les données nécessaires à notre maintien en bonne santé. La peur de la mort étant plus forte que la peur de l'intrusion dans sa sphère privée, nul doute que tous nous passerons à ce régime qui nous veut du bien. Les assureurs ne manqueront d'ailleurs pas de récompenser les bonnes pratiques. 

La liste des bienfaits du virus roi, qui nous tient présentement sous son joug, n'est pas épuisée.

A contrario, je ne crois pas que cette pandémie va changer fondamentalement nos comportements hédonistes ni non plus nous faire renoncer à la croissance économique et à la consommation des ressources de la terre. Il y a 7,8 milliards d'humains qui mangent (pas tous à leur faim), veulent être heureux, ont besoin d'un emploi, espèrent un avenir meilleur pour leurs enfants. Chaque année, la terre supporte 80 millions d'humains en plus.  

Les propos idéalistes de Philippe Roch émis de son havre bucolique de Russin ce soir au 19:30 frisent l'insolence. Comment ont-ils été reçus par les jeunes travailleurs, les familles confinés dans leur appartement? D'où tire donc l'ancien haut fonctionnaire sa rente mensuelle? Elle n'a pas varié d'un franc que je sache depuis le début de la crise, alors que nombre de petits indépendants doivent s'endetter pour vivre, des travailleurs craignent de perdre leur emploi, que le redémarrage ne sera lent, long, difficile? 

Comment? Une équipe d'experts, encore essentiellement spécialisés dans les épidémies, travaille à Berne est à pied d'oeuvre

Une question tabou me taraude cependant. Elle s'adresse aux croyants. Qu'est-ce que la mort? Est-ce que mourir le plus âgé possible est un idéal? 

L'autre jour sur la RTS, on recommandait de remplir le questionnaire sur les directives anticipées. De quoi faciliter le travail des équipes médicales d'urgence. Au cas où. Quelles sont donc dans cette crise les directives anticipées des chrétiens? L'indulgence plénière accordée par François a laissé songeur plus d'un pécheur

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