jecherchedieu.ch et la messe à la cathédrale de Genève (10/01/2020)

messe à la cathedrale ecr.jpgLa première messe catholique depuis 1535 dite à la cathédrale Saint-Pierre de Genève le 29 février prochain - en attendant le premier culte protestant à la cathédrale Saint-Pierre de Rome - sera donc annoncée officiellement urbi et orbi le 19 janvier lors de la cérémonie œcuménique qui ouvre la semaine de l'Unité des chrétiens

Dans ma quête, j'ai adressé une question à jecherchedieu.ch jecroisendieu.ch et ai reçu une réponse rapide et pleine d'intérêt du pasteur Marc Pernot. On lira plus bas notre échange. 

Que sera cette cérémonie? Et quel sens lui donner. Je suis par hasard tombé sur le mot réforme dont le sens n'a cessé d'évoluer. A méditer.

Bonjour, J'avais repéré votre bien intéressant site il y a quelque temps. Et je l'ai retrouvé avec plaisir et intérêt ces derniers jours à l'occasion d'une réflexion que je me suis faite à propos de la messe qui sera dite à Saint-Pierre le 29 février prochain. Je me permets donc de vous poser cette question: 

Croire en Dieu ne suffit pas à créer l'unité, ça se saurait. On a plutôt le sentiment du contraire, la croyance est multiple. N'a-t-elle pas de tout temps généré des divisions, des églises, des chapelles, des sectes, chacun prétendant détenir et imposer la vérité de son Dieu, chacun dessinant en fait Dieu à sa convenance, un Dieu réduit, à l'image de l'hommes, souvent colérique, vengeur, justicier où l'amour déclaré n'est qu'un vernis écaillé. A l'heure où les églises et les temples sont vides et la pratique religieuse résiduelle, quel signe veut-on montrer en invitant les catholiques à dire une messe à Saint-Pierre de Genève? Un signe de réconciliation? Mais alors qu'est-ce qui empêche catholiques et réformés de partager désormais les mêmes lieux de culte et de catéchèse? Un culte à Saint-Pierre de Rome est-il imaginable?

 

Voici la réponse du pasteur Marc Pernot

 

Comme toute foi, comme toute croyance, il y a schématiquement deux façons de la vivre :

  1. il y a une façon de la vivre qui pousse à l'ouverture et à se reconnaître frère ou sœur de ceux qui cherchent aussi. 
  2. et il y a une façon de vivre sa foi ou son engagement qui pousse à l'intolérance vis à vis de tout cheminement différent. 

C'est vrai en religion, en politique, en psychanalyse, sans doute aussi en histoire et pour l'interprétation de la musique baroque ?

La croyance est multiple, 

  1. il me semble que dans la première façon de vivre sa foi, cela rend justice à la grandeur de Dieu, à sa transcendance qui dépasse tout ce que l'on peut en penser, et donc encore plus en dire. 
  2. il me semble que dans la seconde façon de la vivre, le fidèle ou la communauté réduit Dieu à l'image qu'il s'en fait, et c'est, oui, un dieu riquiqui, enfermé dans l'étroitesse d'un esprit étroit, souvent colérique, vengeur, à l'amour réservé au club de purs.

Quelle unité ? serait-ce une bonne chose ? 

Dans le premier cas, c'est l'unité au sens d'une communion qui est visée, c'est à dire une reconnaissance mutuelle des deux églises comme pleinement chrétiennes et valables, et un travail ensemble, comme vous le proposez, avec un partage de certains lieux de culte quand ce serait utile. Cette communion est en certains endroits déjà bien réelle, souvent féconde, par exemple à l'hôpital, entre certains paroisses, et pour la formation théologique. Mais l'unité au sens d'une unicité ne serait pas un avantage. Car la diversité des points de vue, des approches, des rites est une richesse. Dans l'idée de Dieu qu'elle suggère, ainsi que dans la richesse de la relation personnelle avec chaque personne dans la diversité de sa sensibilité, de son histoire. 

Dans le second cas, l'unité est une amputation, car elle n'est possible que dans le meurtre de la sensibilité des individus.

A mon avis, cette invitation lancée par le conseil de la paroisse protestante de Saint-Pierre a plutôt en tête la communion entre nos deux églises. Je ne pense pas que ce soit l'unité au sens d'une seule église, un seul dogme garanti par une hiérarchie. 

Ensuite , je ne sais encore moins pas ce que le conseil épiscopal du cardinal Koch a en tête en répondant à cette invitation. J'ai entendu parler de symbole, mais vous avez raison : un symbole de quoi ?  J'ai entendu parler de "un pas vers l'unité". Je ne sais pas ce qu'il entend par là ? Unité au sens d'unicité ou unité au sens de pluralité en communion, ce serait alors le premier modèle, et j'en suis ravi. Mais à vrai dire, je serais plus rassuré sur leurs intentions si l'évêque avait accepté en invitant à l'eucharistie, en annonçant "à la ville et au monde", tous les protestants qui le désirent, sans condition. Là, oui, on pourrait voir clairement le sens de ce geste d'aller célébrer une messe dans Saint Pierre de Genève. 

Je reconnais que votre idée d'une invitation à célébrer un culte avec célébration de la communion dans Saint-Pierre de Rome serait un très beau geste. Cette question est plutôt à poser au cardinal Kurt Koch. 

pasteur Marc Pernot, jecherchedieu.ch

 

OUPS rédigé samedi 11 à 9h30: Merci à cette lectrice attentive et bienveillante qui m'a signalé que la première version de ce  blog n'évoquait pas correctement le site du pasteur Pernot https://jecherchedieu.ch/

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