Jour de manif des privilégiés genevois (05/12/2019)

cartel photo manif.jpgOk, un syndicat, c'est fait pour défendre ses membres. Ok, une corporation peut s'enferrer dans un combat qui n'est pas forcément celui des individus qui la composent. Ok, les riches sont riches et le dernier numéro de Bilan sur les 300 plus riches de Suisse interpelle. Ok, une certaine gauche rêve de la démocratie socialiste - Piketty, Corbyn, Warren et Cie - qui promet la détestation des surperriches, les 1%, un salaire unique pour tous (alors que la sociale démocratie se contente de prendre un peu aux riches pour le redistribuer et grossir l'appareil d'Etat).

Ok, Genève a ses pauvres qui échappent au filet social, souvent des paumés, des vagabonds, des décrochés, des accidentés de la vie, mais le canton est aussi un des lieux au monde où l'aide sociale est la plus développée. On peut évidemment encore et toujours faire mieux. 

Mais le défilé actuel du Cartel intersyndical de la fonction publique genevoise est indécent. 

C'est une insulte pour tous ceux qui n'ont pas la sécurité de l'emploi, qui paient la moitié de leur caisse de retraite (ou l'entier dans le cas des indépendants) et non le tiers comme les fonctionnaires genevois, qui ne bénéficient pas de généreux jours de congé pour ci ou pour ça, qui sont assurés de voir leur rente de retraite calculée sur leur dernier salaire et non sur le capital qu'ils ont épargné, qui bénéficient de l'échelle de traitement la plus généreuse pour les petits revenus de Suisse et donc du monde.

La prétention du Cartel à défendre l'emploi et la qualité du service public est intolérable. En démocratie, c'est au peuple à travers ses représentants élus, les votations, les consultations, les pétitions à en décider. Non aux travailleurs de l'Etat, qui tiennent déjà dans l'exercice de leur fonction un pouvoir et des marges d'appérciation considérables. 

La gauche manque de clairvoyance et de courage. Entendre la ministre socialiste de l'éducation cantonale se plaindre que la prochaine rentrée est menacée parce qu'on ne lui donne pas 197 postes de plus dans un département qui en compte 8'300 (sans les 2650 postes de l'Université ni les HES) est une forfanterie. Elle signe son aveu d'incapacité. Après le rejet de ses projets informatiques mal ficelés et pourtant stratégiques tant Genève est à la traîne dans ce domaine, une conclusion s'impose: ne devrait-elle pas démissionner?

La socialiste pourrait entraîner avec elle son collègue vert qui ne se sent plus les épaules assez larges pour assumer la présidence du Conseil d'Etat et le boulet Maudet, mini-ministre depuis sa déchéance, faute pour ses collègues ou le Grand Conseil d'avoir pu institutionnellement le déposer. 

 

 

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