Aventinus, Longchamp et la nouvelle bière de la presse romande (17/10/2019)
Tapez Aventinus* sur le ouèbe et c'est le non d'une bière bavaroise noire, épicée et alcoolique qui sort en tête. La fondation Aventinus que préside François Longchamp a-t-elle les mêmes ambitions de corser la production de la presse romande?
Qui sera éligible aux millions mis sur la table par Wilsdorf, Leenards, Michalski: renverse.co, LesObservateurs.ch, microjournal.ch, achetezmoins.ch, bonpourlatete.com, heidi.news, reformes.ch. domainepublic.ch, lacouleurdesjours.ch, lacite.info qui annonce son retour en été 2020, domainepublic.ch,... ceux qui sont listés ici?
Et pourquoi pas quelques blogs ** ou même notre chère RTS qui commence à sentir les effet d'un retrait de la pub, qui longtemps fit le bonheur des éditeurs? Ou tout simplement, comme le suggère le 19:30, d'un rapatriement en terre romande du journal Le Temps, lequel appartient au groupe Ringier/Axel Springer, mais dans les veines duquel coule encore le sang du Journal de Genève et de la Gazette de Lausanne?
«Nous n’allons pas financer l’existant pour le plaisir», a prévenu l’ex-politicien et ancien journaliste au journal Le Temps.
L’analyse se fera «au cas par cas». Des critères éthiques seront appliqués pour un soutien à une presse «qui sépare les faits des opinions, qui diversifie ses sources et qui met du contexte et de la distance» dans son traitement de l’actualité, a encore dit François Longchamp au Temps, citant l’annonce de la fausse arrestation de Xavier Dupont de Ligonnès en contre-exemple.
Qu'en pense notre ministre de la culture qui en sont temps avait convoqué des assises de la presse au MEG et publié à cette occasion une étude de Fabio Lo Verso sur le sujet (voir ici, là et là)? Et Pierre Maudet et son MypresseGE, une sorte de spotify de la presse romande?
Les millions de la fondation Aventinus ne sont pas à dédaigner. Les critères d'attribution de sa fondation seront du plus haut intérêt.
Le problème dépasse largement les médias écrits ou électroniques. C'est le rapport des humains au vivre ensemble et donc à leur gouvernance qui est en question. C'est la démocratie qui se meurt ou se transforme. La maladie des médias, qui ne sont pas eux-mêmes sans défauts ni sans travers, n'en est qu'un des symptômes.
Sont-ils pour autant les chiens de garde qui empêchent la hausse des impôts, comme le dit Pierre Ruetschi, le nouveau président du Club suisse de la presse, qui pourrait bénéficier d'un subside de 600'000 francs d'Aventinus? A chacun d'en juger. Dans l'histoire, les médias ont plus souvent servi les intérêts de leur propriétaire, que ce soit en influence politique ou en captation de la rente de la réclame comme on disait alors, rente qui a échappé aux médias classiques, en quelques années seulement, au profit de quelques réseaux sociaux dominants américains.
On suivra donc avec intérêt l'aventure d'Aventinus, en attendant les propositions de Berne que le Conseil fédéral a annoncées fin août dernier pour 2020. Mais pas question pour l'heure de distraire quelques centimes de la redevance obligatoire que les Suisses paient pour financer les radios et les télévisions (surtout les chaînes de notre chère SSR). Et en attendant la Fondation genevoise pour la diversité des médias écrits concoctée par le Grand Conseil genevois.
NB: Note mise à jour et augmentée le 19 octobre matin
* Wikipedia en français donne trois autres connexions vers Aventinus, l'encyclopédie en ligne en donne sept en anglais.
** Comme ceux de Philippe Le Bé et de quelques autres.
10:58 | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Oui, j’ai lu, pour ma part, l’article de votre « journal préféré » :-):
https://www.tdg.ch/geneve/actu-genevoise/fondation-genevoise-creee-aider-medias/story/28372643
et relevé, au passage, cette nouvelle tournure « les acteurs de l’écrit »...
A suivre, quoi qu’il en soit!
Écrit par : Hélène Richard-Favre | 17/10/2019