Une semaine sans viande et une sans chauffage (23/09/2019)

thermometre paris.jpgMais que fait la police! Ce que je reproche un peu aux marcheurs climatiques, tous âges confondus, c'est que la peur les motive - la peur de la canicule, de la montée des eaux, de la fonte des glaciers, des ouragans - et non un monde plus juste et plus pacifique. Ce que je reproche un peu aux marcheurs climatiques, c'est que l'Etat doit décider et faire le bonheur national brut (BNB) et non les gens eux-mêmes.

Certes, je ne suis pas assez naïf pour croire que la main invisible du marché (ou de l'Etat) peut faire le BNB, même The Economist, qui consacre son édition de cette semaine onusienne à la crise climatique, n'y croit plus non plus. Et que les Etats, faute de mieux - c'est-à-dire nous dans les Etats démocratiques - doivent collectivement inventer des règles du jeu marchand qui nous incitent à moins produire de gaz à effets de serre. Non pas par peur d'un hypothétique enfer sur terre mais pour la simple économie des ressources rares et non renouvelables. Vaste défi.

A notre niveau, nous pourrions opté pour une semaine sans viande et, cet hiver, pour des chambres et des bureaux à 18 degrés voire moins.

Hier, dimanche 22 septembre, c'était le dimanche sans voiture. Aujourd'hui l'ONU cause une fois de plus sur le climat. Les grévistes publient leur Feuille du climat à un million d'exemplaires grâce à une quête publique qui a rapporté 618% de plus que son objectif.

Hier, je suis allé à Villars-sur-Glâne en voiture, rendre un dernier hommage à un proche parent, un physicien de l'EPFZ qui a passé sa vie à prospecter du pétrole au Canada. Nous étions trois dans un Kangoo diesel qui consomme moins de 5 litres au 100, soit 15 litres ou 40 kg de CO2 pour ce trajet. En train, le voyage aurait pris 50% de temps en plus - 2h20 au moins contre 1h35 pour l'aller, autant pour le retour - et nous aurait coûté 264 francs (city-ticket, sans rabais).

A midi nous aurions pu jeûner ou nous contenter d'un plat de lentilles ou d'une pizza végétarienne, plutôt que de déguster une entrecôte de cerf rôtie (excellente au demeurant) venant sans doute d'un élevage. Nous avons pu manger sur la terrasse du restaurant, où un four à bois délivrait de suaves senteurs. 

Bref, je suis convaincu que c'est ce genre de choix auxquels nous sommes confrontés. Abandonner le moteur à combustion (à moins d'y être au moins trois) au profit des transports collectifs ou individuels mais électriques. Renoncer aux voyages non indispensables. Abaisser la température de nos appartements et de nos bureaux et retrouver le confort des gros pulls et des caleçons longs. Et ne manger de la viande plus que le dimanche. Bref réduire fortement notre empreinte écologique.

Et ce, sans exiger sur un mode péremptoire et néocolonialiste que les peuples indiens et chinois, pour ne citer qu'eux, en fassent autant (mais en espérant qu'ils le feront et ne gaspilleront pas les ressources rares comme nous autres occidentaux l'avons fait). 

Forcément, vu l'âge des convives, la conversation a plus porté sur les soucis de santé des uns et des autres et des proches et sur les coûts et les apparentes aberrations du système, que sur le réchauffement climatique.

Que les jeunes craignent plus pour le climat quand en 2050, ils seront dans la cinquantaine - et nous morts, Dieu nous préserve des transhumanistes -, n'a donc rien d'étonnant. Ce qui est plus étonnant, c'est qu'ils soient si absents du débat sur les retraites. Peut-être ont-il déjà accepté l'évidence que, faute de naissances suffisantes, la leur ne sera pas aussi généreuse que la nôtre. A moins, et ce scénario est peut-être le plus évident, que l'Europe ne s’africanise, ce qui est déjà en cours.

Comme le réchauffement climatique ne saurait être qu'une catastrophe, l'africanisation de l'Europe n'en saurait en être une.

 

PS: L'illustration de cette note montre un thermomètre de la fin du XIXe siècle pris à Paris (cliquer pour l'agrandir), qui montre qu'à l'époque la température recommandée des chambres était de 15 degrés. Dans ma propre maison, le chauffage central n'a été installé qu'en 1962. Seule la cuisine était chaude parce que ma mère ou ma grand-mère (qui de gré ou de force faisaient ménage commun) y allumaient le feu avant mon petit-déjeuner du matin. La neige tenait alors bien quinze jours, voire un mois en hiver. Et quand le temps était bas et que la cheminée tirait mal, l'odeur du charbon empestait la cuisine. Les moisons ne commençaient guère avant le 1er août et la vigne donnait un perlan de triste mémoire. 

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