Missionnaire à Carouge, Acacias, Veyrier, Troinex, Compesières (25/08/2019)
Ce n'est pas le premier, ce n'est sans doute pas le dernier. Jean-Paul Elie Maomou est un jeune prêtre de Guinée Conakry. Il vient de débarquer à Carouge et a intégré l'équipe pastorale de cinq paroisses catholiques de Genève sud: Carouge, Acacias, Veyrier, Troinex et Compesières.
Ce matin, la messe de rentrée avait attiré de quoi remplir l'église Sainte-Croix. Pas beaucoup plus. C'est dire que sur les quelque 45'000 habitants de cette région, la participation a atteint moins d'un pour cent. Une église en habit d'Arlequin. Où les Genevois - les Sardes à Carouge - ont pu mesurer combien ce coin de terre est peuplé de diversités.
Ce matin c'était aussi l'annonce officielles qu'une femme, Isabelle Hirt, avait été nommée répondante de l'Unité pastorale Salève, C'est la première fois à Genève qu'une femme occupe cette fonction. Mais le vicaire Desthieux n'avait pas fait le déplacement. On se demande bien pourquoi. *
Pour ajouter au patchwork, Fabrice Kaspar, l'assistant pastoral, en place à Carouge depuis un an, avait amené sa bande de musiciens - P.U.S.H - qu'il a créé en 2002. Le répertoire, rassemblé dans un livret, fait la part belle aux chants charismatiques, façon NF - Nathan John Feuerstein dont le quatrième opus est numéro un aux Etats-Unis, dit Konbini. Mais la greffe n'a pas encore pris tout à fait, mais l'animateur n'est plus seul à chanter les refrains. Les amplis ne sont pas au max, mais la musique pulse mieux que le grand orgue solitaire sur sa galerie, condamné au silence.
Le curé Perritaz encourage ses ouailles les bras levés. Mais il l'auteur de "L'infanterie du bon Dieu"** n'a pas osé modifier le phrasé catholique de l'ordinaire de la messe. Ses paroles et invocations, conformes au style Vatican II, s’accommodent mal avec les chansons de Kaspar et de ses compères. Et l'église de Carouge et son faux rococo poussiéreux ajoutent une grosse touche d'anachronisme à l'ensemble.
Un habit d'Arlequin, décousu ou mal cousu, vous dis-je. Bien loin des cérémonies, réglées comme du papier à musique par les clercs d'autrefois. Il va falloir s'y faire. J'entends déjà les ronchons.
Un Africain en mission. Mission à l'envers?
Les vieux Européens que nous sommes, ex-colonisateurs et missionnaires des nouveaux mondes, vont-ils enfin adopter quelques rites et manières de penser du continent premier? Peu probable, les conquérants ne s'embarrassent plus de pasteurs dans leurs équipes. Et les valeurs droits-de-l'hommistes n'ont pas le même poids que la foi en Dieu.
Qu'en pense l'abbé Maomou. Il faudra attendre son sermon le 8 septembre à Compesières, à 10h. Ce matin, à Carouge, on l'a cantonné dans le rôle de lecteur de l'Evangile: le bon pasteur.
Le jeune homme n'est pas timide. Il ne manque pas de répartie et démontre qu'il sort tout droit d'un séminaire. Interpellé par une bonne chrétienne sur la façon qu'il souhaite qu'on l'appelle. Il dit: "L'abbé Perritaz est un confrère puisque je suis prêtre et je pourrais l'appeler Gilbert. Mais je l'interpelle par "Mon père". C'est lui qui pourra me remettre mes péchés et me bénir. je ne peux pas le faire pour moi."
Un ange passe.
Alors, ce sera Jean-Paul ou Elie ou abbé Maomou? Faites comme bon vous semble, répond le berger à sa brebis. En écho à la lecture du jour, où Jésus se dit bon pasteur et précise que les brebis le connaissent à sa voix.
Aux dernières nouvelles, ce sera Elie, pour les intimes. C'est le prénom de son baptême.
Et son prénom africain, c'est quoi, insiste la bonne paroissienne qui n'aime pas trop les cols romains.
De cols romains, Isabelle n'en portera pas
Isabelle Hirt porte un nom prédestiné. Hirt, la bergère. Elle sera dès le 1er septembre répondante de l'Unité pastorale Salève auprès de Pascal Desthieux. Elle ne sera pas Madame le curé, a précisé Gilbert Perritaz. Le contraire aurait été une révolution que le Vatican n'est pas prêt de franchir.
Sera-t-elle le commissaire politique de Desthieux, l’œil de Moscou/Fribourg auprès du Conseil pastoral et des trois conseils de paroisses? Nulle ne sait exactement. Personnellement je n'ai pas eu connaissance de sa lettre de mission.
J'ai juste remarqué que le curé Perritaz n'a pas convié Isabelle Hirt à la table de communion à l'heure où le clergé s’apprêtait à distribuer le corps du Christ, geste qu'avait fait Robert Truong à Troinex lors de sa messe d'adieu. Il est vrai que l'abbé Truong avait répondu positivement à une habile suggestion du pasteur Blaise Menu.
Comme quoi, au royaume des cieux version Vatican, la femme reste servante du Seigneur. Et que ces Messieurs en chasuble feraient bien de se souvenir qui ne sont rien de plus. Même si 'église catholique perpétue la parole de Jésus: "Ce que vous lierez sur la terre sera lier dans les cieux..."
La cérémonie de Carouge n'a donc été en rien protocolaire. Aucune huile au premier rang. Dans ce pays, jadis Rome protestante (encore que Carouge, a été créée par le le roi de Piémont Sardaigne comme un pied de nez catholique, donc ordonné, aux Huguenots), la mairie et l'église se côtoie mais ne se fréquente plus guère.
CORRECTIONS ET PRECISIONS PUBLIEES LE 31 AOÛT
* J'ai appris après la rédaction de ce billet que le vicaire épiscopal n'était pas au courant de la cérémonie du 25 août. Et qu'il ne s'agissait donc pas à proprement parler d'une messe d'installation.
** Gilbert Perritaz a un homonyme, âgé de 86 ans, auteur de l'ouvrage cité. Le curé de Carouge n'en est donc pas l'auteur.
Légende de la photo: Jean-Paul Elie Maomou, Gilbert Joye, ancien curé de Troinex, Gilbert Perritaz, curé de Carouge, Acacias, Veyrier, Troinex, Compesières, Isabelle Hirt, répondante de l'Unité pastorale Salève (Veyrier, Troinex, Compesières), Fabrice Kaspar, assistant pastoral à Carouge, Xavier Lingg, prêtre, Robert Truong, curé de l'Unité pastorale Salève jusqu'au 1er septembre, puis curé de l'Unité pastorale Champagne.
16:14 | Lien permanent | Commentaires (6)
Commentaires
Les Evangiles présentent Jésus, ses disciples et apôtres s'appelant par leurs prénoms généralement Maître ou rabbi pour Jésus.
Saint Paul précisait que l'évangélisation n'est pas un métier.
Il fallait, d'une part, travailler pour gagner sa vie, de l'autre, évangéliser.
Benoît XVI affirmait que, contrairement à des versets de l'Epitre aux Ephésiens répandus par l'Eglise pour la dévotion courante, la croyance au sacrifice de Jésus en "odeur agréable à Dieu" est une erreur absolue.
Selon lui (J, Ratzinger, Ed. Mame) Jésus était quelqu'un qui prenait des risques.
Écrit par : Myriam Belakovsky | 25/08/2019
La "bonne" paroissienne a beaucoup apprécié les chants que rythmaient guitares et percussions et repris par une assemblée très bigarrée et joyeuse. A plusieurs reprises des bras se levaient au rythme de la musique et il y a longtemps que je n'avait pas vécu une cérémonie aussi vivante et gaie. La présence très importante d'enfants et de jeunes m'a également beaucoup touchée.
Que dire du rang des ecclésiastiques ? Je rejoins les propos de l'auteur de ce blog que je trouve tout de même un brin critique, allez savoir si ce retour à un ordinaire de messe traditionnel nous remettrait dans "un droit chemin", il n'empêche que je n'aimerait pas revoir nos prêtres déambuler en col romain, la "bonne chrétienne" préfère la blouse identitaire africaine.
Écrit par : La "bonne" paroissienne | 26/08/2019
A propos de l'époque du col romain… il y avait dans notre paroisse, il y a bien longtemps, un prêtre qui était un fort bel homme dont je devins amoureuse.
A la tribune, nous attention son arrivée mon coeur d'ado battant à tout rompre.
Il entra ... je me demandai soudain ce qui me touchait le plus: sa beauté ou la qualité de sa présence
la réponse: la qualité de sa présence harmonisa progressivement mes sentiments pour lui et nous nous rencontrâmes plus tard non au lit, jamais arrivé, mais... auprès des malades.
Écrit par : Myriam Belakovsky | 26/08/2019
Chorales ou chemisiers à fleurs (ras-les pâquerettes?) n'y pourront rien: le nouveau pape François annonce sa préoccupation première soit les "maladies de l'Eglise".
Annoncées descendantes des disciples du Christ les éminences du Vatican font immédiatement comprendre à François d'avoir à choisir d'autres préoccupations qui seront, ne dérangeant personne, les "pauvres"!
("Vous en aurez toujours avec vous": les évangiles)
- Jésus tel que présenté par les évangiles marcherait-il par solidarité avec les Gilets Jaunes?
- Et le pape François?
Un bon coeur: le pauvre, François, vous savez, il boîte…
- Et puis respirer lacrymo le samedi avant de chanter Ses louanges au Seigneur le dimanche!?
Ite… missa est
Écrit par : Myriam Belakovsky | 27/08/2019
Les évangiles font dire à Jésus que "Vous n'avez qu'un père celui qui est dans les cieux" or en France, par exemple, chaque prêtre étant appelé "Mon père", il n'y a donc pas, contrairement, aux évangiles, qu'un père, le Père divin du Notre Père-
Abbé vient d'abba, père. Une personne juive petit-fils d'un rabbin affirmait qu'abba peut se comprendre non seulement papa mais… presque petit papa.
Les protestants qui appellent leurs pasteurs Monsieur ou Madame ou par leurs prénoms sont donc conformes aux attentes évangéliques.
Il y a une autre raison qui devrait nous inviter à remettre en question le "Mon père".
Très souvent les prêtres s'entendent mieux avec leurs mères qu'avec leurs pères (exemplemoderne frappant, les livres de Guy Gilbert) ainsi l'abbé comme le pape se substituent souvent au géniteur plaçant le prêtre comme le séminariste sous leur tutelle ainsi que l'ensemble des fidèles dont… les jeunes!
Voir l'ouvrage étude dense extrêmement fouillée d'Eugène Drewermann à ce sujet FONCTIONNAIRES DE DIEU Albin Michel.
Écrit par : Myriam Belakovsky | 28/08/2019
Monsieur Mabut,
Votre choix comme acceptation ou rejet des commentaires confirme les versets évangéliques de la coupe décorée de l'extérieur la rapine demeurant à l'intérieur.
La fréquence de deux ou trois commentaires par le même auteur, e qui n'y peut rien, dépend des thèmes des articles.
Le thème présent sur l'Eglise, abordé avec sensibilité, n'empêchait en rien ce qui, de tout temps, était dénoncé par Jésus.
L'histoire de Jésus est-elle juive ou universelle?
Selon les pharisiens de l'époque, contrairement aux sadducéens arrogante détestés du peuple, Dieu étant universel et individuel l'histoire de JESUS CONCERNE LES NON JUIFS
JESUS AUQUEL JE PUIS DIRE: DESOLEE, ESSAYE PAS PU
CONCERNANT LE POURQUOI D'UNE PEDOPHILIE PAR DES GENS QUI N'ONT PAS LE DROIT DE SE MARIER AVEC REFERENCE A UN LIVRE DE DREWERMANN DONT L'AUTEUR, BIEN EVIDEMMENT, IL DISAIT VRAI... FUT SANCTIONNE PAR L'EGLISE.
Vous direz que l'auteure de ces lignes n'est pas théologienne…
Que deviennent les paroles évangéliques nous invitant à ne pas courir après les titres?
Certains humains défendent leur croûte, d'autres, non.
Écrit par : Myriam Belakovsky | 29/08/2019