Trois collapsologues et 7'600'000'000 humains (14/08/2019)

cochet sinai servigne dessin le monde.jpgLe Conseil d'Etat de notre bonne République et canton de Genève - qui héberge un 15'200e des être humains de notre planète - a clos le 28 juillet sa grande enquête sur Genève 2050 (voir ici, et ). Aucun scénario ne prévoit un effondrement tel que celui qu'annoncent trois millénaristes en vogue en France, qui ont été les premiers invités du quotidien Le Monde, dans une série de six papiers intitulée "Vivre avec la fin du monde" (du 23 au 29 juillet).

C'est que la fin du monde est proche, proclament les nouveaux prophètes de l’apocalypse, membres de l'institut Momentum: Agnès Sinaï, Pablo Servigne et Yves Cochet (déjà cités dans ce billet). Leur texte « Face à l’effondrement, il faut mettre en œuvre une nouvelle organisation sociale et culturelle », que Le Monde réserve à ses abonnés, mais qu'on peut lire intégralement sur Momentum et sur quelques blogs écolos.

Le seuil critique global sera dépassé entre 2020 et 2040, conséquence "de multiples boucles de rétroaction autorenforçantes entre éléments du système Terre, dévasté par un siècle de libéral-productivisme". L'effondrement est certain car la catastrophe "éco-antropologique" est tellement sidérante qu'elle laisse les humains sans réaction et que ces êtres humains préféreront le déni à la prise des bonnes décisions. Déjà les signes précurseurs sont là (suicides, dépression, stress, maladies, etc.)

Ite missa est (la messe est dite), donc? Non. Nos écolos veulent croire à des lendemains qui chantent. Un autre monde peut émerger du chaos certain. Trois pistes: 1) la permaculture, 2) les biorégions, 3) les bourgs off the grid ("hors réseau").

C'est tout? Non, nos rêveurs pensent qu'il y aura d'autres pistes. "Vivre avec la fin du monde passe nécessairement par un constant effort d’imagination pour arriver à dégager de nouveaux horizons, à les inventer, afin de refermer le couvercle du nihilisme, du mal absolu, du « tout est foutu »."

Tout est dit, n'est-ce pas. 

Ce qui me désole, ce n'est pas qu'un grand quotidien offre une de ses pages à cette pensée broussailleuse - mais en est-ce une - , c'est que nos prophètes ne consacrent pas un mot au problème No un de la planète: sa population, ses 7,6 milliards d'êtres humains qui n'y peuvent mais, qui n'ont pas demandé de naître mais doivent bien se débrouiller et lutter pour vivre. Ce qui n'est sans doute pas le cas de nos trois collapsologues.

Car la question demeure. Si nous sommes responsable du prochain effondrement, qui est responsable de la croissance démographique depuis 100 ans et qu'a-t-on fait pour refroidir cette chaudière? (Graphiques tirés de la notice population mondiale dans Wikipedia)

population mondiale graph 2.jpg

 

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