Muséum, Arts et Histoire, Genève a mal à ses musées (08/08/2019)

pierre au dames.jpgCe mercredi pluvieux, on pousse la porte du Musée d'art et d'histoire de Genève. Section histoire, car le petit bonhomme qui nous accompagne a des passions passagères bien précises. Pan, boum, craaa. Et que je tire avec mon pistolet en plastique, que j'ajuste un ballon de baudruche rempli d'eau avec mon arc fait main, et que je taille et pointe avec mon épée. Gare à toi, grand-papa!

Au rez-de chaussée, la salle des armures est la plus accessible. On s'y engouffre. Le petit bonhomme fait le tour des vitrines. Les armures ne semblent pas avoir bougé depuis des siècles. Les épées, dagues, arquebuses, pistolets sont fixés à leur râtelier. On ne touche à rien.

Pam! Un coup sec retentit. "C'est quoi ce bruit?"

Un chevalet à l'équilibre précaire vient d'être effleuré par un autre visiteur. Il s'est abîmé sur le parquet. La maman tente de redresser la chose tandis qu'un gardien déboule, furieux. Il gronde la maman sans ménagement et tente un réemboîtement de l'ensemble. Il doit s'y reprendre à trois reprises. Le panneau enfin debout signale que le plafond de la salle mérite un coup d’œil. Sans doute le responsable de la chute du tréteau avait-il les yeux en l'air.

Pour le reste la signalétique est spartiate. Tant pis pour ceux qui ont oublié l'audioguide. Mais ce qui frappe, c'est l'absence de toute mise en scène des pièces présentées. A en croire une photo des années 1920, on savait mieux à l'époque épater la galerie. Des vitrines, que des vitrines, muettes, figées, dont le reflet gêne la vision des œuvres exposées Pas question de grimper à l'échelle de l'Escalade. Ou d'assister à quelques démonstrations hallebardes ou d'épée à deux mains. Pour cela il faut attendre les exercices de la 1602 en décembre ou les Médiévales d'Andilly fin mai.

A quoi sert donc un musée et cette grande salle pleine de vide? Décidément Genève a mal à ses deux principales institutions. J'avais renoncé ce printemps à aller au Museum, rebuté par des animaux empaillés défraîchis.

Contre une paroi, un écran de télévision - le seul écran de cette grande salle - Une lucarne vers la modernité, le ludisme, l'interactivité? Rien, une vidéo en boucle. Le son est au minimum. Un gardien hélé et de bonne composition s'en va quérir à la loge d'entrée la télécommande. Il revient les mains vides. On lui a expliqué que le son s'augmente depuis l'arrière de l'appareil. Des acteurs vêtus de noir sont assis, face caméra. Ils racontent l'histoire de l'Escalade. C'est statique, pédant, maladroitement distancié. Un petit panneau indique que la vidéo tourne ainsi depuis 2018. C'est donc une nouveauté dans ce grand musée qui prend l'eau. L'épique bataille, que Genève commémore tous les ans, est-elle mieux narrée à la Maison Tavel? Aucun panneau ne nous l'indique?

Je n'ai rien trouvé à ce sujet sur le site internet du MAH - lui aussi spartiate et sans interactivité. Sur son site, le MAH est déjà à l'heure de la rentrée. Aucune activité n'est proposée durant l'été pour les familles. Je retiens que le 25 septembre prochain, à la Maison Tavel,  les "Mercredi Family" propose Une histoire de chevaliers, une visite interactive pour les enfants de 6 à 10 ans, accompagnés d'un adulte. Peut-être y reverrai-je mon jugement.

Dans mon souvenir, le MAH renfermait aussi une momie. On dévale les grands escaliers jusqu'aux hommes des cavernes. La cavernes est sans attractivité. On remonte et on pénètre dans la salle de l’Égypte. Chiche collection. Au fond, deux sarcophages, un couché, fermé, un debout, ouvert. Où est la momie? Un garde explique qu'elle est bien là, dans le sarcophage fermé. Sa vue aurait suscité quelques critiques et hauts le coeur. Bref, mon souvenir d'enfant est à jamais voilé par le politiquement correct.

On prend l'air dans la cour intérieur. On s'arrête devant la pierre aux dames, adossée à un socle de béton d'où émerge deux robinets de jardin. Je ne trouve sur place aucune explication sur ce bloc transporté en 1942 au musée et dont une copie en fibre de verre repose devant la mairie de Troinex par le fait de Béatrice Luscher, la maman, alors maire, du conseiller national. Et ce n'est que de retour que je découvre quelques explication sur ce blog Le p'tit coin de Kermailune.

On peut monter dessus, dit mon bambin grimpeur. Sans doute pas. Il s'arrête soudain, interloqué par les quatre figures dont l'une sans tête, malhabilement taillées dans le boc erratique par quelques mains gallo-romaines: ça semble l'avoir impressionné.

Tout comme la grande machine de Tinguely, Cercle et carrés éclatés, posée sans une explication dans une salle anonyme, qu'il est allé faire tourner une deuxième fois avant de quitter le pauvre MAH. L'après-midi n'aura pas été perdu.

 

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