En 2050, chaque citoyen genevois sera responsable de sa santé (22/07/2019)
En 2050, chaque citoyen-ne genevois-e sera responsable de sa santé. C'est la proposition 19 sur les cinquante soumises à l'avis de quelque 350 étudiants de la HES/SO Genève. Cette enquête, ainsi que des interviews ciblées d'une cinquantaine de haut fonctionnaires et des ateliers fondent le rapport 2050. On n'y trouve pas l'avenir du canton, mais des scénarios possibles, d'où découlent des stratégies et des politiques publiques. Bref une mise en branle de l'Etat et des habitants plutôt ébouriffants et très inspirés par l'écologie en vogue, de quoi, espèrent les experts, garder les Genevois éveillés, souples et résilients face à ce Demain, qu'on nous conte paradisiaque et que les hypothèses du projet - largement anonyme lancé par le Conseil d'Etat il y a un an - peignent en noir.
En 2050, chaque citoyen-ne sera tenu-e d’enregistrer quotidiennement ses données personnelles de santé (son activité physique, son régime alimentaire, son état mental etc.) au moyen d’objets connectés
Florilège de quelques propositions. L'annexe au rapport Genève 2050 présente pour chacun le degré de plausibilité (barre supérieure) et le degré de souhaitabilité (barre inférieure) évaluée par les étudiants. Ainsi l'autotraquage des gens en matière de santé est jugé plausible (par une petite majorité) mais pas souhaitable (par trois quarts des étudiants).
9. En 2050, la production industrielle à Genève sera assurée en grande partie par des micro-usines connectées, implantées au cœur de l’espace urbain.
14. En 2050, les filières de formation évolueront de plus en plus rapidement, peut-être même à chaque rentrée scolaire / universitaire, en fonction des besoins exprimés par les employeurs à Genève.
20. En 2050, chaque citoyen-ne sera tenu-e d’enregistrer quotidiennement ses données personnelles de santé (son activité physique, son régime alimentaire, son état mental etc.) au moyen d’objets connectés (comme par exemple, une montre ou un bracelet connecté).
39. En 2050, le travail salarié, dominant en 2017, ne concernera plus qu’une minorité de travailleurs.
44. En 2050, l’activité contributive sera devenue une composante naturelle et reconnue de la vie professionnelle de la plupart des individus à Genève.
Liste des 50 affirmations proposées aux sondés dans le cadre de l’enquête prospective auprès de 350 étudiants de la HES/ SO de Genève
Général
1. D’ici à 2050, les citoyens (le peuple) auront joué un rôle majeur afin d’améliorer la situation à Genève.
2. D’ici à 2050, l’école (l’éducation) aura joué un rôle majeur afin d’améliorer la situation à Genève.
3. D’ici à 2050, les hautes écoles (HES, Universités, EPF) auront joué un rôle majeur afin d’améliorer la situation à Genève.
4. D’ici à 2050, l’État (la puissance publique) aura joué un rôle majeur afin d’améliorer la situation à Genève.
5. D’ici à 2050, les entreprises auront joué un rôle majeur afin d’améliorer la situation à Genève.
6. D’ici à 2050, les médias auront joué un rôle majeur afin d’améliorer la situation à Genève.
7. D’ici à 2050, les associations auront joué un rôle majeur afin d’améliorer la situation à Genève.
8. D’ici à 2050, les instances religieuses auront joué un rôle majeur afin d’améliorer la situation à Genève.
Production / Industrie
9. En 2050, une grande partie de la production industrielle, délocalisée notamment en Asie, sera rapatriée en Suisse et en particulier à Genève.
10. En 2050, la production industrielle à Genève sera assurée en grande partie par des micro-usines connectées, implantées au cœur de l’espace urbain.
11. En 2050, une grande partie des biens de consommation et des pièces de rechange destinées aux usages professionnels et individuels seront produits en quantités égales à la demande et en temps réel.
Éducation
12. En 2050, la majorité des élèves et des étudiant-e-s qui fréquenteront les (hautes) écoles du canton apprendront en se confrontant à des problèmes réels, souvent d’envergure planétaire, tels que le réchauffement climatique et ses conséquences (crises migratoires, alimentaires, sanitaires etc.), l’accroissement des inégalités, la raréfaction des ressources naturelles etc.
13. En 2050, les limites de la salle de classe seront de plus en plus floues. Les associations, les entreprises etc. seront directement impliquées dans l’élaboration des programmes.
14. En 2050, les filières de formation évolueront de plus en plus rapidement, peut-être même à chaque rentrée scolaire / universitaire, en fonction des besoins exprimés par les employeurs à Genève.
15. En 2050, la plupart des étudiant-e-s genevois suivront un cursus à la carte, fait de cours dispensés à distance par des universités du monde entier.
16. En 2050, chaque élève / étudiant-e sera suivi-e par un-e ou plusieurs tutrices / tuteurs - des professionnels de l’éducation, des enseignant-e-s / chercheurs etc - qui l’accompagneront au cours des nombreux projets qu’elle / il réalisera tout au long de sa scolarité.
Énergie
17. En 2050, l’essentiel de l’énergie nécessaire (pour chauffer votre domicile, alimenter vos appareils, vous déplacer et faire fonctionner l’économie genevoise) sera produite localement par de grands acteurs (tels que les Services industriels de Genève) qui exploiteront plusieurs sources d’énergie renouvelable telles que l’énergie hydroélectrique, la géothermie et la biomasse.
18. En 2050, ce seront des coopératives d’habitant-e-s qui détiendront la majorité des capacités de
production d’énergies renouvelables (comme c’est déjà le cas aujourd’hui en Allemagne).
Santé
19. En 2050, chaque citoyen-ne genevois-e sera responsable de sa santé.
20. En 2050, chaque citoyen-ne sera tenu-e d’enregistrer quotidiennement ses données personnelles de santé (son activité physique, son régime alimentaire, son état mental etc.) au moyen d’objets connectés (comme par exemple, une montre ou un bracelet connecté).
21. En 2050, les données personnelles de santé seront analysées par les objets connectés et chaque individu disposera de conseils personnalisés afin de rester le plus longtemps possible en bonne santé.
22. En 2050, les données personnelles de santé seront transmises automatiquement à l’assureur de chaque individu. Les primes d’assurance maladie seront recalculées à intervalle régulier (voire même mises à jour en temps réel) en fonction du comportement de l’assuré-e.
23. En 2050, chaque citoyen-ne pourra, si elle / s’il le désire, faire don de ses données personnelles de santé à un ou plusieurs établissements de recherche en santé publique.
Mobilité
24. En 2050, la plus grande partie des déplacements en centre-ville seront effectués au moyen de modes de transport doux (vélo, vélo électrique, marche à pied etc.).
25. En 2050, la part des habitants du canton qui possèderont leur véhicule individuel sera minoritaire.
26. En 2050, la plupart des véhicules individuels en circulation seront des véhicules autonomes.
27. En 2050, les travailleurs genevois travailleront au moins 50% de leur temps à domicile ou dans des lieux de coworking.
Aménagement
28. En 2050, le développement territorial sera planifié conjointement au sein du Grand Genève et tant les résidents que les entreprises pourront s'installer librement de part et d'autre de la frontière.
29. En 2050, les lieux prisés pour habiter seront les quartiers denses des multiples polarités du Grand Genève, bien desservies par les transports publics et par des autoroutes à vélos.
30. En 2050, pour préserver les espaces d'agriculture et de nature, on construira des bâtiments plus hauts, dans des quartiers verdoyants pour limiter les effets du réchauffement climatique, avec des espaces publics conviviaux gagnés sur les surfaces dévolues à l'automobile qui aura disparu des centres.
31. En 2050, la planification par zone aura vécu, l'intervention de l'Etat s'orientera prioritairement vers l'organisation de démarches participatives de projets urbains, portés en majorité par des coopératives d'habitation, permettant de constituer des quartiers mixtes et diversifiés, prenant la place des zones de villas en progressive disparition.
32. En 2050, le développement du télétravail, du coworking et de l'e-commerce auront rendu obsolètes nombre d'immeubles de bureaux et de centres commerciaux. La question du recyclage de ces bâtiments sera l'une des principales préoccupations des acteurs de l'immobilier : conversion en logements, en lieux associatifs, culturels, de loisirs diurnes ou nocturnes etc. ?
33. En 2050, les quartiers seront approvisionnés majoritairement par des énergies renouvelables produites sur site. Un réseau électrique intelligent contrôlera la production, la répartition et le stockage de l’électricité.
Agriculture / Alimentation
34. En 2050, une grande partie des denrées alimentaires (fruits, légumes, produits laitiers, viande etc.) consommées à Genève seront produites à Genève.
35. En 2050, l’agriculture intensive aura largement cédé le pas à la permaculture. Il ne s’agira pas pour autant d’un retour en arrière ; en 2050, la permaculture associera la mise en pratique des connaissances scientifiques les plus en pointe avec les dernières technologies de l’information et de la communication.
36. En 2050, les professionnels de l’agriculture seront dotés de formes juridiques variées : associations, coopératives, entreprises à but lucratif etc.
37. En 2050, la nourriture de synthèse sera majoritaire. Il deviendra de plus en plus rare de consommer de la nourriture produite de manière naturelle.
38. En 2050, grâce au développement des technologies d’agriculture et de production de nourriture de synthèse, la famine et l’épidémie d’obésité seront jugulées simultanément.
39. En 2050, le travail salarié, dominant en 2017, ne concernera plus qu’une minorité de travailleurs.
40. En 2050, de nombreux métiers seront automatisés et, par conséquent, de nombreux emplois seront détruits.
41. En 2050, la majorité des travailleurs seront indépendants.
42. En 2050, les résidents genevois percevront un revenu de base inconditionnel.
Économie
43. En 2050, une nouvelle forme d’économie, dite économie “contributive”, prendra une part importante dans la vie économique à Genève entre le secteur marchand et le secteur public. Elle reposera sur deux piliers, complémentaires l’un de l’autre :
o Des systèmes de partage et d’échange horizontaux de biens, de services ou de capacités inemployées (temps, espace, outils, véhicules etc.), fondés sur des unités de compte diverses, y compris des monnaies complémentaires ;
o La production et l’entretien de “communs” immatériels (bases de données, connaissances scientifiques, logiciels, cartes etc.) ou matériels (énergies, ressources et espaces partagés etc.).
44. En 2050, l’activité contributive sera devenue une composante naturelle et reconnue de la vie professionnelle de la plupart des individus à Genève.
45. En 2050, une partie de la gestion d’équipements et de services publics sera transférée à l’économie contributive.
Climat
46. D’ici à 2050, c’est l’accélération du progrès scientifique et technique qui aura permis de trouver des solutions innovantes au défi environnemental et au réchauffement climatique en particulier.
47. D’ici à 2050, c’est un changement radical dans l’organisation de l’économie et de la société, revenant à produire moins et à consommer moins, qui aura permis de trouver des solutions innovantes au défi environnemental et au réchauffement climatique en particulier.
48. D’ici à 2050, c’est l’adoption d’une réglementation internationale imposant des contraintes fortes aux entreprises et aux consommateurs qui aura permis de trouver des solutions innovantes au défi environnemental et au réchauffement climatique en particulier.
Autres
49. D’ici à 2050, les citoyens pourront contribuer aux décisions et projets de l’Etat (plateforme contributive, co-construction de politiques publiques, budgets participatifs).
50. D’ici à 2050, les individus auront le contrôle de leurs données et décideront de donner l’accès ou non de tels acteurs économiques ou publics à ces données.
15:29 | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
Plutot des souhaits que des previsions mais des jolis souhaits apparemment inspires du livre de Jeremy Rifkin, La Troisieme Revolution Industrielle.
Écrit par : Jean Jarogh | 23/07/2019
Grand merci d'avoir pris le soin de nous rapporter ces propositions et les réponses des étudiants!
Ce qui me laisse songeuse, c'est que les réponses sont une suite plutôt logique de ce que ces étudiants perçoivent actuellement. Pour avoir une vue plus globale, il serait intéressant d'avoir aussi les perceptions ou avis des artisans - travailleurs manuels - et des artistes. On n'a jamais rien assis que sur trois pieds, au minimum…!
De plus, il n'est pas tenu compte des événements qui peuvent se dérouler dans le monde pendant ces 30 ans, par conséquent de toutes les influences qu'ils peuvent avoir sur notre existence socio-politico-économique!
Écrit par : Marie-France de Meuron | 24/07/2019