Genève 2050, urinoirs fleuris au menu de la Une (10/07/2019)
Six jeunes de 12 et 13 ans ont débarqué hier à la Tribune dans le cadre de Passeport Vacances. Ce fut un plaisir de les prendre en charge et de leur transmettre quelques rudiments du métier. A quoi ça sert un journaliste? ... "A informer, à raconter des histoires, à nous distraire..." La petite cohorte n'a pas flanché face à la première question. Elle a oublié la vitesse, la réactivité, l'indépendance, le sens critique... L'actu n'attend pas. La concurrence est rude. La normalité ne fait pas le beurre des gazettes.
La seconde question leur demanda plus de réflexions. Mais qu'est-ce donc qu'une information de qualité? Qu'apporte le journaliste d'essentiel. Une fille finit pas donner la bonne réponse. "L'information doit être prouvée". De fait, c'est la plus-value essentielle - avec la réactivité - du journaliste. Une information n'a pas de valeur si elle n'est pas fondée sur des témoignages véridiques, plusieurs sources fiables et indépendantes, que le journaliste - le médiateur - protégera mordicus. Vastes défis.
Et de quoi va-t-on parler? L'info du jour, les vessies des conducteurs TPG, relatée par la Tribune en page intérieure fait la une de 20 Minutes.
En deux mots, je leur explique c'est une problème mondial qui mobilise rien moins que le multimilliardaire Bill Gates et sur lequel Heidi.news, le dernier né des journaux en ligne genevois a tartiné pas moins de 22 articles.
I love talking about toilets. @NatGeo recently wrote about two that I think could change the world.https://t.co/2Q521aLrDK
— Bill Gates (@BillGates) 24 juin 2019
Bref, d'un coup, chacun comprend que le pipi retenu au bout de certaines lignes de bus, un bon sujet hyperlocal, devenu actuel en ce 9 juillet par la dénonciation d'un syndicat, est l'occasion d'un pas de plus et d'un micro-trottoir. Dans la foulée, je remonte de ma mémoire ce papier publié il y a deux ans par la Tribune de Genève - Les Lausannois pourraient bientôt faire pipi dans des bacs à fleurs - où il était question d'un urinoir de rue inventé à Nantes et que plusieurs villes de France ont adopté. Dernière en date Toulouse.
Et Genève 2050?
Le sujet m'est tombé dessus par hasard. Et pour tout dire, l'affaire Maudet qui battait son plein en septembre de l'an dernier, avait totalement éclipsé ce projet - Genève2050 - lancé par le jeune président en la chaire de Saint-Pierre au printemps 2018. Coup de chance, la consultation populaire doit se terminer ce 21 juillet 2019. De quoi faire remonter ce sujet perdu sous les feux de l'actualité. Allez, on s'embarque! Et on interpelle la direction du projet pour en savoir plus.
Une heure plus tard, la petite troupe est de retour. Le carnet de notes est un peu maigre. Pas facile de saisir au vol les propos un peu trop généraux et décousus des quidams rencontrés. "Pas de soucis M'sieur, plusieurs interlocuteurs ont accepté d'être filmés" (avec l'assurance qu'il s'agit d'un exercice et que leur bobine ne se retrouvera pas sur les réseaux sociaux). Malheureusement le bruit de la rue couvre les voix et n'ajoute pas de contenu ni de coutures aux réponses.
Bel exemple pour ces jeunes qui éprouvent combien il est difficile de recueillir des avis pertinents en un rien de temps. Souvent les journalistes se demandent en tapant le point final d'un article s'ils n'ont pas rendu leurs interlocuteurs plus sagaces qu'ils ne le sont souvent.
Pris dans le jeu, les jeunes rédacteurs ne voient pas le temps passé. A midi trente, je les envois au cimetière des rois déguster leur encas avec Antoine leur moniteur, un étudiant en économie et management.
Au retour, il nous reste à peine deux heures pour rédiger les avis recueillis, construire un récit, synthétiser une mise en perspective, une accroche d'actualité et le plus difficile titrer. On en oublie les vidéos et même les photos. 16h, on boucle à l'arrache sans pouvoir relire.
Arrive Herrmann, le dessinateur vedette de la maison. "C'est qui?" dit une voix féminine. Rires dans la rédaction. Herrmann sait que la gloire est éphémère, il explique comment il s'y prend pour produire un dessin par jour, à partir de quelques projets différents qu'il soumet aux rédacteurs présents, avant de le mettre en couleur grâce à photoshop. Dix mille dessins dans sa déjà longue carrière et sans doute pas un pareil.
On distribue la une à la petite troupe et on se dit au revoir, non sans avoir proposé de poursuivre l'expérience via un blog perso ou de classe dès la rentrée. Bonnes vacances!
18:11 | Lien permanent | Commentaires (0)