Faut-il 15 Pierre Maudet au Conseil d'Etat? (27/06/2019)

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Sur Radio Lac et sur RTS La Première ce matin, Pierre Maudet, un an après sa réduction à l'état de mini-ministre de la République et Canton de Genève, se présente plus combatif que jamais. Si Libra (la monnaie de Facebook) s'installe à Genève, c'est, dit-il en substance, parce que le ministre de l'Economie a travaillé bien en amont. Si MSC (le croisiériste) crée 300 nouveaux emplois à Genève, c'est parce que j'ai plus de temps pour m'investir dans les dossiers de l'Economie. Et ce ne sont là que quelques exemples. Pensez à la nouvelle imposition des entreprises. L'Economie, souligne encore le magistrat qui ne se voit pas mini, c'est 2500'000 emplois ce n'est pas un mini-département. En un mot: circulez!

On aime Maudet pour sa pugnacité, pour la clarté de son discours, pour sa vision aussi (Tout le contraire d'une Anne Emery Torracinta qui dans Le Temps d'hier n'avance pas d'un iota dans la mise en orbite électronique de l'école genevoise).

Peut-être que Genève devrait être gouverné par 15 Pierre Maudet, se dit-on in petto, 15 mini-ministres tout entier consacrés à une politique*. Un peu comme ces minisatellites qu'on envoie désormais au-dessus de nos têtes pour ne laisser aucun espace vierge sur terre. 

 

Blanc de blanc, Pierre est blanc. Certes il concède quelques erreurs de communication. Mais il n'y a que ceux qui travaille qui peuvent en faire des erreurs. Et l'erreur est formatrice. C'est quand une erreur se reproduit que ça devient une faute. Donc pas de faute à ce stade, juste un ministre aguerri qui peut compter ses amis. Vous n'en voulez plus à Radio lac, dont le réd en chef avait le premier enquêté sur le voyage d'Abu Dhabi, demande la journaliste Marie Prieur? Non, dit Pierre Maudet après une petite hésitation, et d'ajouter être "perplexe sur la façon dont certains journalistes travaillent aujourd'hui" et réclamer que "la relation soit au minimum celle de confiance..."

Maudet traite donc par le mépris tous les méchants qui ont voulu sa peau, les traîtres, certains journaliste, les syndicats de police. Il se dit victime d'une instrumentalisation politique. Lui a un seul horizon, 2023, quand le présent Conseil d'Etat se retrouvera devant les électeurs. 

Faut-il laisser Maudet dans son petit ministère jusqu'à cette échéance? Je pense pour ma part que la punition politique et personnel a assez duré. Que le conseil d'Etat serait bien inspiré, à la rentrée, de rééquilibrer un peu les responsabilités au sein du collège. Maudet ne sera pas président. C'est désormais une sanction suffisante. Il le sera peut-être en 2023 si les Genevois le veulent ou pas si le Procureur et les juges trouvent de quoi condamner l'enfant prodige de la politique genevoise. D'ici-là, ce serait du gaspillage que de se passer de ses talents. 

PS: Au passage on peut s'interroger sur les lenteurs de la justice et s'en plaindre. Ce temps vraiment trop long pour instruire une si petite affaire n'est plus tolérable au XXIe siècle. 

 

* Depuis Bernard Ziegler et Guy Olivier Segond les conseillers d'Etat se sont entourés d'une armée de secrétaire généraux adjoints, des commissaires politiques en fait, chargés de superviser les directions administratives et de préparer les politiques particulières. Il s'en est suivi une sorte de déresponsabilisation des directions qui ont vite compris que tout allait remonter au patron et une surcharge concomitante des conseillers d'Etat. On est loin du fonctionnement fédéral où des secrétaires d'Etat ont rang de quasi ministre et peuvent décharger effectivement leur patron. A cela s'ajoute le penchant de certains conseillers d'Etat de s'immiscer par trop dans l'opérationnel. L'audit générale de l'Etat réalisé au milieu des années 90 à la suite d'une initiative lancée par le comité "Halte aux déficits" dans les années 90 avait déjà dénoncé ce travers. (Lire ici, un bilan rédigé en 2006)

 

Papier mis à jour à 10h30

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