La grève des flemmes (02/06/2019)

réformés juin 2019.jpgJe sais, le titre de ce blog va m'attirer des ennuis. Mais je fais sans doute partie des flemmes. Des braves gens qui ne se bougent pas trop pour que les choses changent. Rien à voir avec les femmes qui vont battre le pavé le 14 juin prochain.

Certes le mouvement a des relents électoralistes. Nous sommes à quatre mois des élections fédérales. Mais la manifestation et les réflexions qui l'entourent dépassent de loin le slogan A travail égal salaire égal. C'est la place des femmes et donc des hommes qui est en cause. Partout. Dans toutes les institutions. Dans toutes les conditions. Aujourd'hui et demain. Toujours.

Le titre à la une de Réformés, le mensuel des protestants romands, l'explicite parfaitement: Egalité entre hommes et femmes: pourquoi on n'y arrive pas?

"Le racisme aux Etats-Unis n'a pas pris fin avec l'abolition de l'esclavage, écrit Camille Andres dans son éditorial. La loi sur légalité n'a pas mis fin au sexisme... L'égalité est aussi et surtout affaire d'histoire, de mythes, d'inconscient, de transmission, d'écoute, de stéréotypes" Qui ont la vie dure et qui se perpétuent souvent en raison de notre flemme d'homme, de notre aversion à changer, de nos croyances et autres idées reçues, de nos intérêts, de notre confort. Des mécanismes puissants, écrit Camille Andres qui en décrypte quelques-uns dans Réformés.

L'écart des rémunérations à travail égal, salaire égal n'est pas de 20% comme on l'entend. Pourtant c'est bien ce 20% qui frappe qui répercute la vraie différence de revenu et de tout ce qui lui est attaché: droit à la retraite mais aussi - et on en parle moins - participation à la marche des services publics via l'impôt. 

Si les femmes gagnaient autant que les hommes, peut-être que les hommes paieraient moins d'impôt? 

Mais derrière la rémunération des femmes, c'est leur contribution gratuite à la vie de la société qui point en sous-main. Le travail de la mère de famille, de surcroît plus souvent-proche aidant que l'homme - que ne mesure pas le produit national brut, puisqu'il n'est pas rémunéré. 

Le poids de ce travail gratuit se reflète d'ailleurs dans le niveau salarial des métiers des soins (on dit care pour faire plus smart) qui est une juste revendication de celles (plus nombreuses que ceux) qui "torchent le cul des gosses" pour rappeler une parole forte d'un récent conseiller d'Etat genevois

L'église catholique de Genève avance sur le chemin de l'égalité...
Un tout petit peu et forcée contrainte

Point de dossier sur la grève des femmes dans L'Essentiel, le mensuel des catholiques romands. Mais un soutien à la grève dans la Feuille pastorale de l'Eglise catholique de Genève. Où je lis cet exergue tiré du papier de Pascal Desthieux:

«SI LES FEMMES SONT MAJORITAIRES DANS LES ASSEMBLÉES ET SERVICES D’EGLISE, ELLES SONT ABSENTES DANS LES POSTES À HAUTES RESPONSABILITÉS ». Pas un mot sur la fonction de prêtre (qui au passage peut se démettre du sacrement de l'ordre ce qui n'est pas le cas des mariés)

"Sur les 14 services (comme la formation, le catéchuménat, la pastorale des jeunes…) et aumôneries (des hôpitaux, prisons, requérants d’asile…), 13 sont sous la responsabilité de femmes. Certaines sont à la tête de services  importants, comme la pastorale de la santé qui engage une quinzaine d’aumôniers et supervise des dizaines de bénévoles. Qu’en est-il des salaires ? Il n’y a pas de différence de salaire entre les hommes et les femmes, et à formation égale, une assistante pastorale gagne plus qu’un prêtre." A la bonheur. Un prêtre n'a pas charge de famille, même s'il a beaucoup de frères et de sœurs en Christ, y compris des enfants. 

Pascal Desthieux poursuit en évoquant l'Unité pastorale Salève dont je parle dans mon précédent blog: "Certes, les paroisses et les équipes pastorales sont sous la responsabilité de curés, et donc d’hommes. Mais nous allons franchir un pas cet été en confiant les trois paroisses de l’Unité pastorale Salève à une assistante pastorale, tandis que le jeune prêtre Fidei Donum, qui viendra de Guinée pour se mettre au service de ces paroisses, sera nommé vicaire (et non curé). Vous voyez, on avance, mais il y a encore bien du chemin à faire. Voilà pourquoi notre Eglise soutient la grève des femmes du 14 juin !"

Pas de flemme, Monsieur le quasi évêque. Portez à Rome notre demande: Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. 2000 ans (ou 2 millions d'années) de guerre des sexes, c'est assez non?

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