Le 14 juin, les cloches des églises sonneront pour l'égalité. Laquelle? (30/05/2019)
Au pied du Salève, la petite église de Veyrier ressemble à celle dont le clocher point dans la chanson de Jacques-Dalcroze, Amis voyez au loin là-bas... En ce jour d'Ascension, quelques irréductibles s'y sont rassemblés mus par une foi mystérieuse ou par l'habitude, un devoir, un service, une culture, qui sait? Le curé Truong, d'origine vietnamienne, officie, fidèle depuis 15 ans, tandis que les églises de ses trois paroisses Veyrier, Troinex, Compesières (15'000 habitants) n'accueillent plus que de rares têtes blanches ou presque...
En septembre prochain, les trois paroisses qui forment l'unité pastorale Salève seront rattachées de facto à Carouge qui accueillera pour servir l'UP un nouveau prêtre, un jeune Guinéen. Et l'UP sera la première à Genève à être dirigée par une femme, Isabelle Hirt. Quelle fêtes leur feront-ils, les irréductibles?
A l'issue de la messe, le curé annonce que le 14 juin prochain les cloches sonneront à toute volée durant 15 pleines minutes à l'occasion de la grève des femmes. Je ne peux m'empêcher de lever la main: "Et pour l'égalité pleine des femmes dans l'église aussi?" Il fait mine de ne pas comprendre et poursuit ses annonces.
L'église de Jésus Christ (ou de Pierre ou de Paul et de tous les hommes qui leur ont succédé dans une traçabilité bimillénaire) a bientôt 2000 ans d'histoire. Peu de mouvement ont réussi à la réformer sans s'en séparer ou en être séparé. Mais ce grand corps malade n'est pas dans un coma qui pousserait d'aucuns à raccourcir son martyr. Loin s'en faut.
Je propose donc à l'heure de l’apéro servi sur le parvis de l'église que la messe d'accueil du prêtre Jean-Paul Maomou, en septembre prochain, soit concélébrée par Isabelle Hirt et que les femmes de la paroisse qui le souhaitent l'entourent aussi nombreuses que possible. Ce n'est pas une révolution. Mais un geste que, je l'espère, nous aurons le courage de marquer.
PS: ajouté le 31 mai.
L'égalité dans l'église est un vieux serpent (de mer). Une petite recherche sur le web montre combien les initiatives sont nombreuses pour faire bouger notre sainte église. La dernière en date remonte à ce mois de mai, pendant lequel on débitait naguère des "Je vous salue Marie" à longueur de chapelet... En Suisse romande le réseau des femmes en église, emmené par Myriam Stocker (par ailleurs planificatrice pastorale) a pignon sur rue sur le site officiel du diocèse. L'Essentiel a consacré un dossier à la question en 2017. Myriam Stocker a participé à une débat sur la place de la femme dans les églises ce jeudi 29 mai. A suivre aussi le site femmes et ministères. Et le site français La Croix/Croire par exemple cette interview de Sylvaine Landrivon, théologienne, auteur de Marie-Madeleine, la fin de la nuit.
Une femme a la tête de trois paroisses catholiques genevoises
Pour revenir à notre UP et pour celles-et ceux que cela intéresse, voici un texte qu'Isabelle Hirt m'a envoyé et qui doit paraître dans le prochain bulletin paroissial L'Essentiel.
Le 27 avril, l’abbé Pascal Desthieux, vicaire épiscopal, est venu annoncer à nos communautés ce qu’il allait advenir après le départ de notre curé, Robert Truong, dès le 1er septembre 2019.
Depuis 2003, nos trois paroisses de Veyrier, Troinex et Compesières ont été réunies par l’Église diocésaine en une unité pastorale Salève. Ce fut un travail de longue haleine, plein de richesses humaines et spirituelles, pour former ensemble une véritable unité, grâce à l’engagement de nos paroissiens et à l’accompagnement de notre curé, Robert Truong.
Aujourd’hui, notre curé est appelé par notre Église vers une nouvelle mission. La question du futur de notre unité pastorale, dans un territoire où le manque de prêtre est une réalité, s’est donc posée à l’Église catholique romaine de Genève.
La solution choisie est la suivante :
- Selon le souhait des fidèles engagés dans notre vie pastorale, l’unité Salève reste indépendante, pour l’instant.
- Isabelle Hirt, assistante pastorale depuis 2014, sera responsable de nos trois paroisses.
- Un jeune prêtre arrivera de Guinée française, du diocèse de Kankan, le 1er septembre 2019 pour être au service des unités pastorales Salève ET Carouge-Acacias. Pour faciliter son inculturation, il résidera dès son arrivée, provisoirement, à la cure de Carouge. Au bout de quelques mois, il pourrait venir s’installer à Veyrier.
- Notre équipe pastorale sera donc formée de quatre membres : Isabelle Hirt, assistante pastorale responsable de l’UP Salève, l’abbé Gilbert Perritaz, curé administrateur des UP Carouge-Acacias et UP Salève, l’abbé Jean-Paul Maomou, vicaire en charge des cinq paroisses des UP Carouge-Acacias et UP Salève et Fabrice Kaspar, assistant pastoral pour l’UP Carouge-Acacias.
- Notre conseil pastoral reste indépendant. Le délégué de l’équipe pastoral sera Isabelle Hirt. Hormis pour certains projets communs, il gérera la vie pastorale de l’UP Salève comme il l’a fait jusqu’à aujourd’hui.
- Les trois conseils de paroisses de Veyrier, Troinex et Compesières restent indépendants. Une gestion des frais de la vie pastorale en commun devra être envisagée pour les projets menés en commun avec l’UP Acacias, mais à part cela, rien ne change.
- Les abbés Gilbert Perritaz et Jean-Paul Maomou assureront les célébrations liturgiques et les sacrements sur notre unité pastorale ET sur les paroisses de Carouge et de Sainte-Claire.
Le but de notre vicariat est de réunir un jour, à moyen terme, les unités pastorales Salève et Carouge-Acacias. Pour l’heure, les membres de nos conseils, ont demandé au vicaire de pouvoir d’abord vivre, à notre rythme, le premier changement provoqué par l’absence d’un curé modérateur à Veyrier.
C’est donc un vrai changement qui se dessine. Pour la première fois à Genève, une femme laïque sera en charge de trois paroisses. Pour ma part, je remercie l’Église de Genève pour la confiance qu’elle place en moi. Je ferai de mon mieux, avec votre aide et votre soutien, pour être à la hauteur de ce défi et j’espère, avec la grâce de l’Esprit Saint, être à la hauteur de ce qui nous attend.
Pour nous, chrétiens, les temps nouveaux s’accomplissent dès la nuit de Pâques, avec le sacrifice et la résurrection de Jésus-Christ, Fils de Dieu. C’est une nouvelle création qui se réalise chaque jour, jusqu’à la fin des temps où il reviendra dans la gloire. Cette création s’effectue dans nos relations, la relation personnelle de chacun à ce Dieu serviteur, fait homme pour mieux nous dire son amour infini et nos relations communautaires autour de lui, pour l’annoncer, le prier et le célébrer.
C’est dans la confiance en Dieu, Père, Fils et Esprit Saint d’abord, mais aussi dans la confiance en l’autre, ces nouveaux prêtres, cette nouvelle forme d’Église, la force de notre foi et de notre prière, que nous avons à nous lancer sur ce chemin nouveau, plein de promesses.
Isabelle Hirt
18:02 | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
Je suis d'accord d'y participer pour autant que Isabelle Hirt soit partante,
bravo Jean-François de cette initiative, c'est a petits pas que l'égalité se fait, surtout dans l'église...
Écrit par : Gaud | 31/05/2019
Je suis d'accord d'y participer pour autant que Isabelle Hirt soit partante,
bravo Jean-François de cette initiative, c'est a petits pas que l'égalité se fait, surtout dans l'église...
Écrit par : Gaud | 31/05/2019
A propos des commentateurs, l'égalité est-elle respectée?
Publiés à coup sûr les commentaires courtois, concis ou pertinents?
Respect du temps consacré à leurs rédactions, à leurs intentions, à leurs motivations?
Selon les teneurs de blogs Jésus... à chercher parmi les vivants... Un être respectueux du corps d'autrui ainsi que de ses émois… publié sans être forcément aux goûts nauséabonds du jour?
Mais, en principe, vos hôtes suivant les évangiles savent ou croient que "le Père te voit dans le secret"!
Que deviennent selon lesquels les commentaires non publiés?
Écrit par : Myriam Belakovsky | 31/05/2019