Le Museum de Genève: lugubre, poussiéreux (07/03/2019)
Evidemment, on ne remet pas en cause l'outil scientifique que l'on ne connaît pas. On espère seulement qu'il n'est pas dans l'état des collections présentées au public.
Je n'étais pas retourner au Muséum de Genève depuis des lustres. La pluie de ce jeudi et la perspective de m'y rendre avec un petit garçon 4x4 (4 ans et 4 mois), vif et curieux, m'ont incité à y retourner. Quelle déception! Rien ne me semblait avoir changé depuis la création du plus grand musée d'histoire naturelle de Suisse (c'est le site internet de la Ville qui le dit et je ne saurais le mettre en doute). Des vitrines, rien que des vitrines, mortes, surchargées, sans aucune pédagogie ni scénographie, ni interactivité, ni actualité, le tout plongé dans une pénombre qui rend parfois difficile la lecture des rares indications. Un parti pris muséographique déprimant.
La grande galerie du 1er étage fait apparaître des animaux fatigués, sans lustre, dans un décor poussiéreux, daté. Des oiseaux, des coraux ont perdu leurs couleurs. Les poissons donnent l'impression d'être en bakelite. Au quatrième étage, l'exposition annuelle sur les puces de canard tient sur quelques mètres carrés. Recluse dans le dédale des couloirs, l'histoire de l'homme aligne des crânes et des plâtres, toujours derrière des vitrines, sans aucun support pédagogique. Les grognements des sangliers et et le râle des cerfs ne sauvent rien.
La comparaison avec le musée des Confluences de Lyon est terrible.
N'y a-t-il donc rien à sauver? On vous le dit tel qu'on l'a pensé en sortant au soleil qui s'était glissé dans un ciel de giboulées. Rien.
Peut-on redonner un nouveau lustre aux animaux taxidermisés, aux oiseaux, aux insectes aux poissons. Je ne n'en sais rien mais j'en doute. Pourrait-on seulement les déplacer, les mettre en scène, leur donner un semblant de vie à l'aide de casque de réalité virtuelle? L’ingénierie muséographique fait des miracles. Elle a manifestement boudé Genève.
Très vite pourtant - et sans doute avec peu de moyens - on pourrait lui donner un coup de jeune notre Muséum. Des écrans pourraient apporter des visions nouvelles, des lucarnes vers d'autres musées en Suisse et ailleurs, des plus didactiques, des aventures, de l'interactivité ludique. Sans peine, l'on pourrait coller au bas de chaque vitrine présentant nos oiseaux des champs, leur présence actuelle dans nos campagne et nos bourgades, les bonnes pratiques pour les soutenir ici et maintenant, un bouton pour entendre leur chant pour voir leurs ébats, leur vol. A-t-on proposé des partenariats à des associations?
Quelques familles avec des enfants en bas âge étaient au musée. Rien pour eux, pas même des chaises et des tables et des crayons de couleur, des peluches, des animateurs pour les guider dans les noirs couloirs. Juste deux gardiens affalés sur des chaises, smartphone en main. A quoi servent-ils donc ces agents du service public? Combien sont-ils à tuer le temps dans ce musée du temps mort?
Deux autres choses m'ont frappées encore.
Le plus grand musée d'histoire naturelle de Suisse boude complètement le monde des arbres, des fleurs, des végétaux, le monde des champignons, le monde microscopique qui est pourtant au cœur de la fertilité des sols, qui transforment et recyclent sans bruit audible par nos oreilles mais dans le fracs de leurs organes sensoriels, les "déchets" en nourriture, en humus, en substances inconnues, le monde microscopique aussi qui peuple notre corps, nos intestins et que l'on considère aujourd'hui comme un organe et ceux de tous les animaux dans des relations symbiotiques mais aussi parasites.
Enfin le projet Ambre. La presse en a parlé. Il s'agit, nous dit l'espace où naguère vivait un alligator, de sacrifier aux nouvelles normes fédérales en matière d'incendie. Les bocaux d'alcool qui conservent les animaux et les organes sont un risque majeur, supporté durant des lustres mais désormais considérés comme insupportables. La Ville a donc décidé de bâtir un nouveau bâtiment et d'y consacrer 36 millions. C'est le projet Ambre qui a été choisi. Un cube qui devrait être bâti à deux pas d'un cèdre majestueux d'ici 2022. Est-ce bien raisonnable?
On parie que le cèdre aura raison du bâtiment antifeu? On l'espère en tout cas.
Enfin, un petit tour sur le net confirme que le Muséum n'est pas de notre siècle. Au fait, pourquoi la mise en ligne des rapports annuels s'arrête-t-elle à l'année 2014?
20:17 | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
Le rapport annuel 2014 bien ringard lui aussi.
La même photo de Sami Kanaan en 2013 et 2014 pas très créatifs ct'équipe.
Des charges salariales de 13 millions. Une belle arnaque cette ville de Genève.
Écrit par : contribuable | 08/03/2019
Le déclin que vous signalez pourrait être en relation avec une atmosphère délétère ou stérilisante parmi le personnel de recherche.
Écrit par : André Stucki | 08/03/2019
St les animaux pouvaient parler, présentés en début d'article, ils diraient que pour eux c'était le bon temps: ils n'étaient pas parqués dans ces élevages monstrueux où on leur coupe queues et cornes sans plus jamais sortir ni connaître le goût de l'herbe…
Écrit par : Myriam Belakovsky | 08/03/2019