Tu ne tueras pas (01/03/2019)

lovey.jpgQui connaît encore les Dix commandements? Le sixième dit: Tu ne tueras pas. Plus clair tu meurs. L'ancien prieur du Grand Saint Bernard, devenu évêque de Sion, a donc raison de rappeler ce qui est sa foi (sa loi) et donc qu'il est interdit de tuer et donc de se tuer.

Peut-il pour autant imposer sa foi/loi à la société des humains? Ce serait vouloir faire de la charia - chrétienne en l'occurrence, la loi de Dieu -, la seule Constitution des hommes. C'est évidemment cohérent aux yeux de Mgr Lovey et de bien d'autres avec lui. 

Comme tous les croyants, il estime que l'humain ne peut que se soumettre à la loi de Dieu et donc qu'il est juste, puisque c'est un commandement et que la nature(Dieu) est maître de la vie et de la mort, d'empêcher qu'un humain, que l'infirmité tient dépendant dans un EMS, reçoive le moyen de mettre fin à ses jours avant l'heure choisie par Dieu(la nature, la médecine, les soins palliatifs). 

Comme tous les croyants, Mgr Lovey pense encore que l'humain, qui viendrait à s'affranchir de la loi de Dieu, ne peut être que le jouet du Malin, c'est-à-dire des humains eux-mêmes. Il sait que l'humain n'est pas parfait, et que sa créature sociale, la société, ne peut qu'être imparfaite. Là où règnent la compétition (la lutte pour la vie), l'argent, le désir...

Cependant la société parfaite de Dieu, que nous promettent les croyants et que les clercs ont longtemps voulu et veulent encore reproduire sur terre, est dans les faits loin d'être parfaite. Là où l'Eglise domine l'Etat - combien d'évêques ont béni de canons - règnent aussi l'injustice, l'oppression, l'obscurantisme,la violence. Je note que l'idée de la bonne société que les philosophes, parfois athées, ont pensé n'a pas davantage produit la société de leurs rêves.

La vie commence à la conception et finit à la mort naturel, dit notre bon évêque avec gravité. En oubliant l'essentiel de sa foi qui a été bouleversée par un certain Jésus Christ. Lequel a fait chuter de leur piédestal les docteurs de la loi en posant un nouveau marqueur dans la gouvernance des humains: l'amour de soi, l'amour du prochain, l'amour de Dieu. Tout le reste n'est que garniture comme dirait une pub vue à la télé. 

La question dès lors doit se régler entre soi et son Créateur si l'on fait partie de ceux qui y croient. Et entre soi et soi pour ceux qui n'ont de mesure que l'humain et les humanistes qui ont réfléchi à la question (dont font partie les savoirs religieux). 

Heureusement, sous nos cieux, l'Eglise - catholique en l'occurrence - s'est résolue à adopter une attitude plus miséricordieuse depuis qu'elle ne peut plus dicter les lois des humains. Elle n'est pas d'accord avec le suicide assisté et le fait savoir, ce qui est son rôle, mais elle accompagne tout de même les suicidés et leurs proches dans le deuil. Enfin par encore complètement, car un prêtre ne saurait tenir la main d'un candidat au suicide assisté. La miséricorde le commanderait pourtant, mais le risque de confusion retient encore Mgr Lovey.

Pour ceux qui voudrait aller un peu plus loin sur le "Tu ne tueras pas", il y a évidemment foultitude de textes. Je suis tombé sur cette réflexion de Yves I-Bing Cheng, un médecin québécois qui a créé une fondation, à propos de ce texte attribué à l’évangéliste Mathieu. Bonne lecture.

Matthieu 5.21. Vous avez entendu qu’il a été dit aux anciens : Tu ne tueras point; celui qui tuera mérite d’être puni par les juges.

22 Mais moi, je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère mérite d’être puni par les juges; que celui qui dira à son frère : Raca! mérite d’être puni par le sanhédrin; et que celui qui lui dira : Insensé! mérite d’être puni par le feu de la géhenne...

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