Lacite.info est morte, vive Heidi.news? (26/12/2018)

adler heidi.jpgLe paysage médiatique est entré avec le XXIe siècle dans l'ère schumpétérienne de la destruction constructive. J'ai donc lu la veille de Noël, dans mon journal préféré, né, lui,  le 1er février 1879 (tout soudain 140 printemps), l'avis de décès de lacité.info.

C'est triste un journal qui meurt*. Mais ce n'est hélas pas étonnant pour ce titre genevois, dont l'ambition initiale d'être le Monde Diplo de la Suisse romande était aussi démesurée que prétentieuse (mon interview lors du lancement de Fabio Lo Verso).

Que dire de Heidi.news? L'appel à souscription que m'adresse personnellement Tibère Adler, ex-directeur général d'Edipresse et père de ce pure player promis pour ce printemps, me laisse songeur. 

A son lancement, j'avais dépensé 200 francs pour soutenir le lancement de La Cité (qui a le toupet ne ne même plus me laisser consulter ses premiers numéros). Je n'ai pas renouvelé mon abonnement. Au début 2018, j'ai investi 96 francs pour un abonnement annuel à Bon pour la Tête, un avatar de l'Hebdo, et autant ou un peu plus pour Republik, son équivalent zurichois, plus fortuné (mais inaccessible ce soir). Vais-je renouveler mes abonnements? Vais-je débourser 160 francs pour Heidi.news (alors que je dépense déjà plus de 600 fr par an pour Libération, La Croix et The Economist (tous en ligne) et 365 fr pour la RTS? - je bénéficie encore d'un abonnement gratuite à la TdG d'une valeur de 660 fr)

Un fait s'impose. Je n'ai guère eu le temps de lire La Cité, BplT et Republik, faute de temps, faute sans doute d'être un adepte entraîné du Deep Working et donc d'être capable de me déconnecter, de prioriser mon temps sur un projet et d'exercer sur mes méninges une énorme concentration.

La vraie raison de la mort des journaux, ce n'est pas l'émergence des concurrents, c'est le manque d'attention (en particulier l'attention qu'un citoyen se doit de porter à la chose publique), c'est aussi et peut-être surtout le manque de temps.

Le manque de temps de lecture est l'obstacle le plus difficile à surmonter pour les nouveaux médias "intelligents". Les vieux médias ont eu aussi grand peine à transposer leur base d'abonnés payants de l'imprimé au monde virtuel. 

Bref il ne suffira pas à Heidi.news d'être bon, innovant, pertinent et tout ce que vous voudrez, toutes ses qualités risquent de ne pas suffire pour capter l'attention et le temps que les lecteurs n'ont plu.

 

* Après l'Hebdo, le Matin imprimé, j'ai noté aussi qu'à Bâle, l'Hebdo "TagesWoche", créé en 2011 par une Fondation pour la promotion de la presse (...) est mort prématurément en novembre. Et que le Blick am Abend a aussi tiré la prise. 

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