L'histoire de Sylvie dans "Brise-glace" du journal "Le Temps" (18/11/2018)

brise glace seropositive.jpgQu'est qui tue les quotidiens? La question hante les rédactions qui voient fondre leurs réseaux d'abonnés qu'elles ont si peu cultivés. C'est aussi le cas du Temps, dit son rédacteur en chef numérique dans une des dernières émissions de l'excellent Médialogue sur la RTS. Combien d'excellence dans les médias sous toutes leurs formes! Énormément. Mais voilà, il nous manque le temps et même la connaissance des choses. C'est ainsi qu'en refaisant un peu de mon retard, j'ai écouté avec attention "Le Temps est-il encore un journal?".

Qui m'a incité à écouter Le combat de Sylvie, mère et séropositive, le dernière épisode de la saison 1 de Brise-glace, le premier Podcast du Temps (dont Le Bac à sable raconte la genèse). Saisissant.

Saisissants le ton posé de Sylvie, ses confidences livrées après 30 ans de secret. Saisissante la vie tragique de cette femme, volée à l'aube de ses 20 ans par son homme, un homme sans courage qui ne lui a pas dit avant le risque qu'il avait pris. Saisissant ce récit raconté presque sereinement alors que la maladie transforme n'importe quel rhume en une galère. Saisissant encore la naissance de son enfant qu'un homme gentil lui a donné et qui lutte elle aussi contre le virus.

Le Temps est donc en mesure de balado-diffuser. Comme les radios et de plus en plus d'autres fournisseurs de ce genre de récit de vie, journaliste ou pas. Le pays du balado est luxuriant. Le Temps a bien l'intention de monétiser ce nouveau format, dit le réd en chef numérique. Sa première série puise de effet dans le registre sexuel, un brin racoleur, de nos semblables différents, qu'il faut considérer comme tout un chacun, sans jugement de valeur, au risque de passer pour un grincheux ou pire.  

De jugements de valeur, il n'y en a aucun dans les questions de la journaliste @celiaheron. Sa sobriété est presque chirurgicale mais néanmoins empathique. Il faut donc prendre ce monologue pour ce qu'il est. Un témoignage poignant. Dit-il toute la vérité? Il n'est jamais croisé avec les propos des acteurs secondaires: la mère qui insulte sa fille et n'ose plus la toucher telle une pestiférée, le père, militaire, qui pleure en silence, le premier mec et le second sont à peine évoqués, les amis de 30 ans, qui s'éloignent une fois la vérité sue, pas davantage, les enseignants qui savent l'enfant porteur du VIH non plus, pas plus que l'enfant qui revient parfois de l'école avec des marques des coups donnés par ses camarades qui n'en sont pas. En veut-elle à sa mère?

La série a été diffusée sur pippa.io de mai à novembre en rythme bimensuel, un gros boulot encadré par la Digital Factory du Temps, qui s'est ajouté au travail nécessaire au journal imprimé quotidien. Un rythme que la rédaction s'est imposée pour son anniversaire. 

Prochaines étapes, demande @antoinedroux? Une série sur les entrepreneurs, les montagnards, répond @gaelhurlimann, mais tout dépendra du concours d'idées lancé au sein de la rédaction.

 

 

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