Charrot les poireaux et les initiatives verte et gauchiste sur l'agriculture (24/08/2018)

croix de charront et souvenraineté alimentaire.jpgCharrot, c'est un hameau de ma bonne commune, connue de Genève à Romanshorn et même plus loin pour son quotidien bouchon de Bardonnex sur l'autoroute A1, parce que des autorités, incapables ou optues, ne sont pas fichues de doubler la plateforme douanière franco-suisse ou de laisser circuler les gens sans qu'aucun garde-frontière, ni chicanes n'entravent le trafic, comme c'est le cas à toutes les autres douanes du canton (sauf donc sur l'axe autoroutier - il y a des logiques qui m'échappent).

Les poireaux, c'est une des cultures maraîchères que la famille Vuillod cultive depuis des générations autour du hameau. La famille Vuillod est spécialisée dans la quatrième gamme, soit les légumes prédécoupés, lavés, ensachés, bref prêts à l'emploi et, pour partie, prémâché puisqu'elle livre aussi des quintaux de soupes aux hôpitaux. Depuis peu, la ferme Vuillod est bio, ce qui fait qu'on peine à distinguer parfois les herbes et les poireaux, épinards et autres légumes dans les champs de Charrot les poireaux.

Si je vous en parle, c'est que son patron, Georges Vuillod est aussi député PLR au Grand Conseil genevois, et se trouve fort dépourvu, comme quelques autres membres de sa corporation, à l'approche de la votation du 23 septembre sur les deux initiatives agricoles, celle des Verts et celle d'Uniterre.

Le parti de Georges Vuillod vote très majoritairement contre ces deux initiatives dont la première veut imposer aux denrées alimentaires importées les normes de production suisse et l'autre veux surtout cibler les aides publics sur les petites fermes traditionnelles. Il a défendu le non au sein de l'assemblée des délégués de son parti, mais voilà qu'AgriGenève a décidé de soutenir les deux initiatives ce qui rend coi le député déjà pas trop causeur. 

Il n'est pas le seul à naviguer entre deux eaux. Prenez le double président du Grand Conseil, l'honorable viticulteur de Peissy, l'élégant Eric Leyvraz. Son parti, l'UDC, dit aussi non clairement aux deux initiatives verte et gauchiste, mais lui dira oui. Il refuse, en revanche, d'afficher son déchirement publiquement.  (Pour info, je les ai invités tous les deux à s'exprimer dans la Tribune de Genève, comme le député PDC Jacques Blondin, un enfant de Charrot, et la députée PLR Simone de Montmollin, qui préside le comité d'organisation du congrès 2019 de l'organisation internationale de la vigne et du vin qui aura lieu à Genève). 

Pas plus courageux ou tout aussi divisée, l'Union suisse des paysans, un des principaux lobbies du pays, qui ne cesse de réclamer des traitements de faveur laissent la liberté de vote. 

Qu'en conclure?

Que l'agriculture suisse est coincée entre la protection dont elle bénéficie et qu'elle réclame - en gros 4 milliards de subventions diverses générant une lourde administration et autant au travers de protection à la frontière qui augmente les prix à la consommation - et son idéal entrepreneurial et libérale. 

Que l'adoption des deux initiatives accroîtront l'asservissement administratif de l'agriculture, car qui dit normes de qualité dit forcément contrôles et qui dit contrôles dit forcément paperasse et sanctions.

Que le choix est déjà dans les mains des consommateurs et qu'ils leur est loisible de choisir les aliments dûment labellisés qui assurent une origine suisse et donc un niveau de qualité élevé et qu'on ne voit pas a priori pourquoi il faudrait prendre les gens par la main et les enfermer derrière un mur (car une norme est un mur).

Que certes d'autres secteurs économiques bénéficient de normes qui les protègent, comme les électriciens et le bâtiment en général ou plus encore le secteur de la santé et quelques autres métiers encore. 

Qu'il n'est pas certain compte tenu du poids démographique de la Suisse (en gros le grand Paris ou le grand Londres) pour infléchir réellement les normes de production dans les pays étrangers. Il en ira donc comme des Services industriels qui clament qu'ils ne roulent pas au nucléaire mais qui sont bien content que le nucléaire ou le charbon existent sinon à quel prix pourrait-il acheter le courant à l'étranger...

Que le populisme vert, qui marche comme tous les populisme à l'émotion et en partie aux fake news, fonctionne aussi bien que le populisme de l'extrême droite ou de l'extrême gauche. 

Bref, pas mal de grain à moudre

 

L'image, qu'on peut cliquer pour l'agrandir, montre un panneau appelant à voter pour la souveraineté alimentaire. Il est planté au carrefour de la croix de Charrot devant les Jardins de Landecy, une coopérative agricole conduite avec quelques passe-droits sur les terrains de la ferme Micheli. 

souverainete alimentaire 23 septembre.jpg

 

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