La presse a besoin de croire au Messie (19/08/2018)

balibar.JPGEmmanuelle Béart, en robe écarlate, est intronisée maire (dit-on mairesse?) de Montfermeil. Jeanne Balibar l'a à l'oeil. La cinéaste tourne Les Merveilles de la ville. Libération est sur le plateau et publie ce samedi le reportage d' Anne Diatkine. "L’heure est sérieuse, lis-je. Il s’agit de rendre immédiates les premières mesures de son programme, notamment celle qui consiste à multiplier les jours fériés tout en rebaptisant ceux qui existent déjà. Qu’on ne s’affole pas, Noël demeure mais devient également la journée de la presse (écrite), qui a bien besoin de croire au messie."

Pour le dire tout net, je ne savais plus trop comment reprendre le court de mon blog après la pause estivale. Cette idée que Noël puisse devenir la journée de la presse me réjouit autant que celle de contrebalancer notre fête de l'Escalade avec celle de la paix de Saint-Julien le 21 juillet (1603)...

Sauf que, par les temps qui court, il est fort probable qu'on renomme les fêtes religieuses avant qu'on déclare férié la paix de Saint-Julien. Enfin qui sait?

La presse continue donc de mal aller (en Suisse, ça a commencé en 2000, c'est dire la durée de l'agonie). Mais personne jusqu'à présent n'a vraiment trouver la baquette magique pour revivier un secteur qu'on dit essentiel à la démocratie. A par la confortable redevance obligatoire que les Suisses ont plébiscité au grand soulagement des travailleurs de la SSR qui ont eu très peur d'être traités de même manière que leurs collègues de la presse écrite.Au fait, sont-ils prêts à économiser 10% de la manne populaire pour donner de l'air aux journaux?

Dans la mer démontée, où croisent sans osciller les porte-conteneurs américains de news (fake ou solidement sourcées), les journalistes s'accrochent à la première bouée venue. Le chercheur Daniel Kübler leur en a jeté une en montrant que la démocratie (mesurée à la participation aux votations) recule là où la presse s'étiole. L'étude a été citée cet été par le réd en chef de mon journal préféré dans un long papier intitulé Pourquoi la presse est l'affaire de tous. Mais est-ce que la participation est le bon indicateur de la santé démocratique? A ce propos, d'autres réflexions menées au Centre pour la démocratie d'Aarau me semble plus pertinente, comme ce fait, développé par Katharina Kleinen von Königslöw, (et lu dans defacto.expert) que le 19:30 n'est plus la grand messe obligée pour s'informer et que 20minuten.ch, Facebook, bluewin.ch et évidemment Google sont bien davantage les points d'entrée aux news désormais.

L'affaire de tous donc, c'est sans doute ce que le maire de Genève, le ci-devant ministre de la culture Sami Kanaan pense aussi. Il trompette ces jours l'organisation d'un colloque le 14 septembre prochain en sa bonne ville sous l'abscons vocable #ACTMedia, un mot qu'on ne trouve pas dans le dictionnaire, mais qui renvoie sans doute à ACT-UP sans le # qui n'existait pas et renvoi à Twitter, voire à Facebook et non à Mozart ou Debussy, deux montres américains qui sont pour partie et pour beaucoup les fossoyeurs de "Ma petite entreprise", le journal. ça s'annonce comme ça:   

Nous entendons parfois des assertions telles qu'« un journaliste coûte plus cher en Suisse qu’ailleurs » et qu'après tout, « la démocratie fonctionne aussi bien sans information de qualité ». A l’heure où les fake news règnent en maître, où la parole se libère sur les réseaux sociaux, la presse classique n’a, vous le savez, jamais été aussi fragilisée.

Quel type de société et quel type de contre-pouvoir souhaitons-nous pour notre démocratie ? Comment garantir la qualité et le financement de l’information ? C’est de ces questions que l’événement 
#ACTMedia que j'ai souhaité organiser le 14 septembre veut débattre. 

#ACTMedia
 est un événement unique et j'aimerais aujourd’hui vous inviter à y prendre part afin de tenter ensemble d’esquisser des pistes de solutions à cette grave crise des médias.
 

Dernière salade dans la composée des nouvelles dignes de foi et dignes d'être portées à la connaissance du vulgum pecus que nous proposent les journalistes de nos quotidiens,  le roman pamphlétaire d'Antoine Exchaquet, qui fut, s'en souvient-on, l'administrateur délégué de la Tribune du temps des Lamunière. "Fake News lémaniques", ça s'intitule. Et ça dégoisse sec sur la profession, au point qu'on se demande si la petitesse du microcosme mérite 136 pages.  Je vous en livre deux pour le ton et la forme. Quant on contenu, on apprend que les bons interviewers sont à Londres et à Washington. Quand on voit l'état de ces deux nations, on s'interroge...

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