De la gare des Vernets en cul de sac au sac de noeuds du PAV (04/06/2018)

gare des vernets 1894.pngLa terre est vaste mais les hommes n'ont cessé de se chamailler pour quelques arpents, de s’entre tuer pour quelques territoires, quelques collines, quelques mers et déserts supposés riches en matières premières, de dresser des murs et des frontières pour chasser les manants, les mettre à ban (en banlieue) et protéger les propriétaires. Et les cités qu'ils forment pour se défendre.

Aujourd'hui, ici, bon nombre de manants sont propriétaires, par le biais de leur caisse de pensions qui leur promett(ai)ent des rentes jusqu'à la fin de leurs jours (le plus tard possible selon l'échelle du bonheur actuelle).

 

Genève gauloise.jpgC'est ainsi que Genève créa des jardins sur les terres alluviales de l'Arve - entre la rivière et la ville fortifiée puis entre la rivière et la colline de Lancy où un certain Pictet de Rochemont avait érigée sa maison d'été et une ferme au temps de Jean-Jacques -puis des fermes, puis imagina une gare aux voyageurs (non réalisée qui aurait été construite à Carouge, en cul de sac comme celles de Zurich ou de Paris, le cul de sac signifiant alors le caractère de capitale de Genève*), puis une simple gare au marchandises (en cul de sac, ce qui est un comble), des usines, des entrepôts, des commerces et qu'aujourd'hui, elle veut y loger - c'est le projet PAV - des milliers d'habitants tout en y conservant ses emplois (et en ajouter d'autres, un pour deux nouveaux logements). 

Le projet PAV, comme ceux qui l'ont précédé, ne peut cependant se réaliser qu'à condition de libérer les terres de leurs occupants. Les plantaporrêts furent les premiers colons. Ils durent migrer ailleurs dans le canton. Dans la plaine de l'Aire notamment, que l'on couvre progressivement d'usines et d’immeubles... Ainsi va la ville. 

Il n'y a que deux manières de faire de la place dans ce losange qui s'étend du Bachet-de-Pesay à la Queue d'Arve

C'est à la Queue d'Arve qu'on voulait creuser un port fluvial, unique raison pour laquelle on installa la gare de la Praille au niveau du Rhône, qu'un canal devait relier au Rhin en passant pas la Venoge et un tunnel sous Saint-Gervais, plutôt que sur le plateau d'Onex.

1) Payer les entreprises pour qu'elles déménagent ailleurs ou acceptent de s’installer en hauteur dans ces (pas si nouveaux) nouveaux centres d'activités à huit ou dix étages dont quatre en sous-sol. 

2) S'entendre avec les CFF pour qu'ils redimensionnent fortement la gare de triage de la Praille et la délocalisent potentiellement à Colovrex, au nord de l'aéroport selon le projet de l'architecte Charles Pictet.

Ces deux solutions sont difficiles à mettre en oeuvre,

- la première parce qu'elle est coûteuse et que la construction de logements est déjà hors de prix à Genève pour éviter de la renchérir encore.

D'où cette conclusion qui devrait sauter aux yeux: laissons le PAV en l'état et attendons que les droits de superficie s'éteignent à leur terme naturel dans les année 2040-2050.

En attendant, on pourrait gagner des terres à bâtir sur quelques vignes, à Satigny, Russin, La Plaine (qui sont sur une gare RER) ou le long de la route de Lully, à Confignon. Les vignes, faut-il le rappeler, ne font pas partie des surfaces d'assolement qu'impose Berne (sans grandes réflexions il faut le dire). Il restera toujours assez de parchets pour s’enivrer ou déguster les forcément exceptionnelles cuvées genevoises (petite parcelle de la haute vallée du Rhône).

- la seconde parce qu'elle réclame un dialogue proactif intense des CFF et du canton pour penser la mobilité et la livraison des marchandises des 50 ou 100 prochaines années.

Or les CFF sont échaudés par les décisions coûteuses (pour ne pas dire dispendieuses que Genève impose à la régie fédérale et/ou un budget fédéral). Ainsi le CEVA (dont le tracé remontant au XIXe siècle et ne permet pas l'accès à GVA - Genève Voltaire Aéroport) ne sera un succès (peut-être) que parce qu'on empêchera l'accès des voitures à la commune de Genève. Une politique dont rêve les citadins bien sûr mais qui se fera sur le dos des manants restés en banlieue.

Ainsi la gare souterraine de Cornavin creusée pour sauvegarder quelques immeubles an nord des voies, c'est à dire les habitants du centre au détriment de tous les contribuables, alors que la création d'une gare aux marchandises à Colovrex permettrait d'envisager une liaison directe des trains marchandises par une nouvelle voie à construire au nord de la piste de Cointrin. 

Mais foin de ces considérations et de ces projets avortés, il faut voter sur le PAV. L'abstention pour une fois me paraît la meilleure solution. Elle dit non au carcan qu'on nous propose de part et d'autre. Mais personne ne l'interprétera comme tel. L'abstention ou le vote blanc sont un échappatoire. 

Un non sera jugé de droite. Or le logement ne peut être que l'affaire d'affairistes. Un oui condamne l'Etat à payer pour des habitants qui aussitôt installés n'auront de cesse de fermer leur quartier au trafic (même des voitures autonomes et électriques de demain).

J'en perd mon latin. 

* Voir Histoire du chemin de fer à Genève de 1840 à 1960 (et ici,  et ). Quelques billets relatifs au PAV sur mon blog (ancien) metropolegneve.

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