Un grand coup de sac pour un Etat Verts PLR (22/05/2018)

maudet smartvote.jpgSi vous n'êtes pas doué dans les permutations, oubliez!

Le magistral coup de sac qu'opère une fois de plus le Conseil d'Etat genevois dans la distribution des rôles fait apparaître un super-président, Pierre Maudet, qui demeure patron de la Police (et d'une bonne part de l'Economie) et devient celui du Grand Genève (et d'une ribambelle d'autres dossiers en direct ou via la Chancellerie). [En vignette son profil Smartvote]

Il sera flanqué d'une nouvelle ministre des Finances, Nathalie Fontanet, novice comme son prédécesseur, donc à ses ordres et à ceux des banquiers et de la Fédération de l'économie romande Genève, et d'un ministre du Territoire, son copain Antonio Hodgers, qui lui cède le Grand Genève et gagne l'environnement et l'agriculture. C'est le retour de Cramer (sans Cramer, qui, lui, cumulait la tutelle sur les travaux publics et avait su bâtir le projet d'agglo franco-valdo genevois* avec les maires alors socialistes et Verts des municipalités françaises Annemasse, Saint-Julien, Saint Genis, Ferney). Pas sûr qu'Antonio lève aussi bien le coude que Robert - le conseiller aux Etat y a gagné la présidence de l'Interprofession de la vigne et du vin.

Serge Dal Busco, pas à l'aise aux Finances ni face au personnel (aucun de ses projets n'a abouti durant la précédente législature) va se refaire une santé à la Mobilité (mais exit le concept trop politique au profit du très banal département des Infrastructures). L'ingénieur PDC hérite d'un département technique. Il inaugurera le CEVA et gagne les (en principe) stratégiques systèmes d'information (sans le seul qui fonctionne vraiment, le SITG - allez comprendre!). C'est bien Maudet en tant que patron du Grand Genève qui devra convaincre les Français de financer les trams et Berne d'allonger la monnaie. Il faut sans doute y voir la mise en oeuvre du principe "Et en même temps" cher à Macron. 

La traversée du lac ne devrait pas survivre à ce remaniement. Plus personne n'en veut vraiment (et ça a été une erreur stratégique de Barthassat que de s'y accrocher). Les opposants les plus virulents sont bien sûr les Verts, mais aussi l'électorat PLR de la côte d'or. Et de toute façon, c'est un dossier qui est pensé et réalisé entièrement par Berne. La Confédération aura déjà bien à faire à construire la troisième voie sur l'A1 et à doubler la capacité du goulet d'étranglement de la douane de Bardonnex et va patiemment attendre de voir les résultats du CEVA avant de planter un nouveau clou à Genève.

Mauro Poggia perd le social au profit du socialiste Thierry Apothéloz. Il fallait bien redistribuer ce qui restait. Poggia sera donc un ministre presque sans porte-feuille vu que la santé est tout entière décidée à Berne. Le ministre ni de gauche ni de droite qui pourrait faire la balance entre les trois élus Verts-Socialistes et les trois de l'Entente PLR PDC, obtient certes la très stratégique police des travailleurs au noir, des travailleurs détachés et des frontaliers et autres permis, dont la prolifération a fait la fortune du MCG. En clair, si Poggia met bien en musique la préférence sociale (terme choisi pour dire préférence cantonale ou nationale), le ministre qui a vu son parti fondre de moitié devrait donc travailler à l'éliminer complètement dans cinq ans. 

Quant à la socialiste Anne Emery-Torracinta, elle garde le monstre inchangé quoique rebaptisé (exit l'Instruction publique, place à la formation et à la jeunesse). La socialiste cède à son collègue de Vernier les services qui craignent: le sport et la culture (forcément en concurrence avec les communes dont c'est les seules dernières réelles compétences), La FASe, soit les animateurs de rue,  et les bourses d'étude.

Quant à la Genferei actuelle? Elle est traitée avec mépris. Le gouvernement a fait manifestement le pari - pouvait-il en faire un autre? - que la polémique va s'éteindre sous le flot des nouvelles attributions, de la prestation de serment et des urgences que chacun doit liquider avant la pause de l'été.

 

* Le projet d'agglo franco-valdo-genevois n'a jamais servi qu'à mettre la région en ordre de marche selon les critères fixés par Berne pour décrocher une bonne tranche de la loi fédérale sur le financement des infrastructures d'agglomération. Et rien d'autres. Et ça reste ça pour l'essentiel. On attend avec intérêt le discours de Saint-Pierre pour savoir comment il va relancer une dynamique transfrontalière gagnant gagnant.

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