Un grand ministère de l'Economie et des Finances? (08/05/2018)

Maudet chemise blanche frautschi.jpgLe voisin vaudois, Pascal Broulis, a réussi à réduire, en sept ans, la dette vaudoise de 7 milliards à presque rien, à réaliser le projet de réévaluation des fonctions des fonctionnaires (le même projet Score qui traîne à Genève depuis que David Hiler l'a lancé il y a sept ans avec le même consultant...) à sauver la Banque cantonale (sans cadeaux fiscaux contrairement à Genève), à refinancer la Caisse de retraite des fonctionnaires, à faire adopter, avec son collègue PYM, RIE III (et à l'appliquer dès le 1er janvier 2019) et, grosse cerise sur le gâteau, à partager avec les communes vaudoises la moité de la facture sociale, qui ne cesse d'augmenter dans nos cantons en raison du vieillissement de la population et du décrochage de trop de jeunes et d'adultes du train économique qui ne cesse d'accélérer.

A cette aune, les défis pour le futur président Pierre Maudet, le nouveau gouvernement et le nouveau parlement sortis des urnes le 15 avril et le 6 mai  sont considérables. 

Serge Dal Busco est maintenant bien dans son fauteuil de ministre des Finances, de la Fonction publique et des Bâtiments publics. Toutefois les dossiers pendants dans son département sont bien trop nombreux et bien trop lourds pour qu'un seul homme puisse les conduire à terme et rapidement.

Qu'on en juge: Réduction de la dette de manière à redonner des marges de manœuvre, réforme de la fiscalité des entreprises, fiscalité immobilière, impôt sur la fortune, fiscalité et péréquation communales, suppression de la taxe professionnelle communale, réévaluation des fonctions du personnel de l'Etat (Projet SCORE pour 35'000 collaborateurs), recapitalisation de la caisse de retraite de 4 milliards de francs, resserrement du statut de la fonction publique au seules fonctions d'autorités de l'Etat, création au plan fédéral d'une seule déclaration fiscale fondée sur l'impôt fédéral (avec des annexes cantonales) qui facilitera la mobilité des personnes... etc.

Genève n'est pas Vaud. Sinon on vous l'aurait dit.

A Genève, il n'y a aucune majorité pour que ça change.

La dette menace mais moins qu'avant car, disent les bons connaisseurs (qui n'ajoutent pas les engagements hors bilan comme la caisse de retraite des fonctionnaires), elle est toujours de 12 milliards de francs. Or comme le produit national brut de Genève continue de croître, la dette diminue en termes relatifs. Circulez!

PF17, ex-RIE III, va passer au niveau suisse car les fameux intérêts notionnels (des intérêts calculés sur les fonds propres qu'on peut déduire des bénéfices comme on peut déduire les intérêts des dettes) vont disparaître du projet. Ce qui ne fait pas le beurre de Genève dont le projet avait déjà colmaté cette fuite. Reste à négocier avec la gauche le ripage vers le haut du taux de 13% sans atteindre les 16% qu'elle réclame. Parions sur 14%.

Longchamp avait rêvé d'un petite réforme sur la répartition des tâches canton-communes en espérant comme Broulis reporter quelques menus charges sur les municipalités. La montagne a accouché d'une souris. Il est vrai que les communes genevoises sont lilliputiennes. Elles ne gèrent que 18% du ménage genevois quand leurs consœurs vaudoises gèrent près de 40% du budget consolidé canton-communes.  Pour de vrai il faudrait supprimer les communes à Genève (voici mon plan).

La CEPG a besoin de 4 milliards. Pourquoi? Parce que les fonctionnaires et l'Etat employeur n'ont pas payé ce qu'ils devaient alors que dans le privé les partenaires sont contraints d'épargner 100% des rentes versées et dues. En plus, les employés du secteur privé touchent une rente calculée sur leurs apports (primauté des cotisations), tandis que les fonctionnaires touchent une rente calculée sur le dernier salaire (primauté des prestations). Bref, la réforme urge. On votera cet automne sur le sujet. (en attendant on peut lire la chronique de Marian Stepczynski un des bons connaisseurs du dossier)

...

Bref, il faut alléger le fardeau du soldat Dal Busco. 

Pierre Maudet a deux options:

Devenir ministre de l'Economie et des Finances et céder la présidence qui lui est promise au charismatique italophone.

Assumer la présidence en conservant l'Economie, des systèmes d'information (qu'il gère déjà) et en y ajoutant soit le budget (et donc la dette), le personnel (et donc Score, la CPEG et le statut) ou les Affaires fiscales

J'exclus d'emblée une présidence à la Longchamp et la conservation sous son aile de la police.

Quant à la justice... Tiens la Justice: n'est-il pas tant de la reprendre sous une tutelle politique comme c'est le cas dans tous les autres cantons?

 

PS: Que fait un ministre de l'Economie. On lira à ce sujet le très intéressant article publié dans mon journal préféré sur l'accueil d'une banque chinoise à Genève.

 

 

 

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