L'heure est aux bilans et aux dernières B.A. (21/03/2018)

calendrier careme 2018.jpg"Vois comme cette petite chandelle répand au loin sa lumière ! Ainsi rayonne une bonne action dans un monde malveillant." A l'aune de William Shakespeare, la bonne action est l’envers du grain de sable, un petit rien qui fait tourner le monde. La vieille dame qu'on aide à traverser.  Ce colibri qui éteint l'incendie de la forêt. Les deux balles qu'on file à un mendiant ou à un musico dans le tram - Ah, vous donnez rien?... Il est vrai que les mendiants sont amendables à Genève (art 11A de la loi pénale genevoise) - 

Qu'est-ce qui nous incite à faire ou à ne pas faire une B.A. quotidienne? La déclaration des droits humains? La devise des Français - Liberté, Egalité, Fraternité? Un vieux fond d'histoire sainte? Le pari de Pascal?

 

La B.A. est au scoutisme ce que la roue est à la brouette. «Vous ne pouvez pas, dit Baden-Powell, vous autres éclaireurs, faire mieux que de suivre l'exemple de vos aïeux les chevaliers. Un point important de leur programme, c'est que tous les jours, ils devaient rendre un service à quelqu'un, et c'est aussi une de nos règles. S'il vous arrivait d'avoir oublié, faites deux bonnes actions le lendemain. Souvenez-vous que votre promesse d'éclaireur vous engage sur l'honneur à rendre ce service quotidien.»

Une B.A. n'est pas un acte public. "La mort d'une bonne action, c'est d'en parler", dit un proverbe arabe, qu'on retrouve ailleurs aussi. La B.A. nous renvoie à nous-mêmes. Elle qualifie pourtant mon rapport à l'autre, ce qui est le début de la politique.  

Mais qui m'enseigne ou me commande aujourd'hui de faire une B.A.? Est-ce que ces petits gestes privés de tous les jours qui ne me privent pas sont enseignés à l'école?

Qu'as-tu appris à l'école, aujourd'hui?...

Tout dépend sans doute de comment les enseignants interprètent la loi genevoise sur l'instruction publique. La finalité de l'école est, dit-elle (article 10, alinéa e), aussi "de rendre chaque élève progressivement conscient de son appartenance au monde qui l’entoure, en éveillant en lui le respect d’autrui, la tolérance à la différence, l’esprit de solidarité et de coopération et l’attachement aux objectifs du développement durable".

Ces aptitudes sont-elles entraînées, notées, autant que l'apprentissage du français ou des mathématiques?

Cette réflexion m'est venue à la lecture du calendrier de Carême 2018 (cliquez l'image pour l'afficher en grand).

Où dont ai-je appris, qui m'a enseigné la bienveillance, l'humilité, la tolérance, l'amour, le respect, le courage, la solidarité, la confiance, la coopération, le dynamisme... ?

Je ne me souviens pas que ce soit l'école, même si j'ai eu des maître.sse.s qui ont pu être des modèles dans ces domaines. Le monde de la consommation n'est pas à ma connaissance une bonne école à ce sujet, ni celui de la production, ni celui des loisirs ou du divertissement...

La question m'interpelle, à l'heure des bilans de législature et des dernières bonnes actions annoncés à coups de conférences de presse par ceux qui sollicitent nos suffrages. Quant à ceux qui promettent la lune par voie d'affichage et pleines pages de journaux, ils me laissent sans voix.

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