Le Terrestre bouge, bouleversera-t-il la politique? (17/03/2018)

poutine libe des ecrivains.jpgIl crachine. Les stations de skis sont pleines de neige mais font grise mine. Mon app Mooncast pousse un cri de louve. C'est, en ce samedi gris, la nouvelle lune, dont une partie des écolos suit le cours sur lequel nous n'avons prise comme sur beaucoup d'autres choses. Je parcours Libé des écrivains, dont le titre en une bâillonne le portait de Poutine.

The Economist donne à lire quelques portraits de "Puteens" désabusés. La réélection du gamin de Saint-Petersbourg à la tête du Kremlin et d'une puissance que la presse et les élites dominantes d'ici dénoncent - vieille atavisme, dirait Mettan - comme menaçante, mais qui est aux abois. La Russie est confrontée, comme l'Europe sa voisine, au vieillissement, à la dénatalité, à la pression des migrants et aux rêves un peu fous et meurtriers des islamistes, et, plus qu'elle, au défi de fonder sa future prospérité sur les générations montantes, où se concentrent le gros des désœuvrés.

Les écrivains qui tiennent la plume dans Libé du jour ne sont pas tous inspirés comme celui qui raconte par le menu la longue attente des résultats de l'élection interne, qui font d'un inconnu, Olivier Faure, le nouveau patron de parti à terre, le parti socialiste qui a pourtant façonné la France ou a fait croire qu'il fut, est et sera une force déterminante de l'être en France. 

bruno latour libe mars 2018.jpgJe passe et m'arrête sur la page, où un dessin d'un avion survolant un paysage de colline verte impropre à tout atterrissage, m'intrigue. La lecture du papier est ardue. Bruno Latour, auteur de «Où atterrir ? Comment s’orienter en politique», y dit sans grand effort didactique ses questionnements. Ce sont les nôtres.

Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, le prélèvement des ressources perpétré depuis quelques siècles par les détenteurs des traxes et des canons - nous donc - crie justice.

Ce cri est aussi celui de cet homme dont Pascal conte la destinée. C'est un naufragé qu'une monstrueuse tempête a jeté sur une île. Ses habitants en font leur roi car il ressemble au monarque disparu. Le naufragé se laisse faire et profite de cette opportunité tandis que sa conscience lui rappelle qu'il est en fait un usurpateur et profite de sa nouvelle vie sans droit. 

Ce cri, Latour le nom Terrestre pour prendre quelques distances avec Gaia chère aux écologistes. Le Terrestre s'invite donc de manière toujours plus impérieuse dans le débat politique et force à penser dans un monde à trois bandes. Le Terrestre force à repenser le clivage binaire - simple et confortable - gauche droite,  possédants  prolétaires, traditionalistes modernistes, conservateurs libéraux...

 Latour introduit un quatrième attracteur qu'il nomme Hors-sol. C'est Trump et ses affidés milliardaires, sans foi ni loi qui comprennent parfaitement le jeu et ont les moyens de chiper des pans de la richesses pour se les approprier derrière leurs frontières et leurs murs. C'est le Brexit aussi, la préférence nationale ou cantonale aussi, le portrait hideux de Sam suffit.

La curiosité me pousse à taper dans Google les mots de ce titre étrange du livre de Latour. Je tombe ainsi sur plusieurs recensions du bouquin paru en novembre et notamment sur une très longue et bien dense critique signée Pierre Macherey publiée dans La philosophie au sens large. Je ne saurais trop en recommander la lecture.

11:32 | Lien permanent | Commentaires (1)