Taxer les robots: Oberson virevolte (15/11/2017)

Le distingué avocat fiscaliste genevois, Xavier Oberson, coqueluche des plateaux TV, signe une chronique dans Bilan du 11 au 23 novembre, prudemment titrée « De l’imposition des robots ». C'est la seconde et sans doute pas la dernière sur ce sujet un brin populiste. Comme de vulgaires frontaliers, les robots payeront leur dû mais n’auront au grand jamais jamais le droit de vote. 

C'est que, plus que les frontaliers, les robots (plus largement les CPS) font peur. On en a eu une confirmation mercredi soir.

Les robots sont des travailleurs serviles, infatigables, d’humeur égale en toutes circonstance. Ils ne rechignent devant aucun travail, ne manifestent pas, ne font pas grève, ne prennent pas de vacances, ne sont jamais malades. Leur taux d’absentéisme est nul. Ils apprennent et se perfectionnent sans cesse. Et, pour peu qu’ils soient programmés pour respecter les lois d’Asimov*, un auteur de science fiction du milieu du XXe siècle, ils ne peuvent qu’être les meilleurs amis du genre humain, condamné comme on sait à gagner son pain à la sueur de son front (le stress ayant remplacé la sueur de nos jours).

Le meilleur ami de l'homme? Ce n’était pas précisément le sentiment dominant des hôtes des l’Institut national genevois qu avait invité Xavier Oberson et Marian Stepczynski à débattre de la question: faut il taxer les robots? 

Le professeur de droit revenait du Japon avant de s’envoler pour Bruxelles et Prague. Dans l’aprüs-midi même il avait participé à une séance d’un organisme des Nations Unies sur les robots tueurs. Bref il était ferré à glace pour alarmer son auditoire. Avec Bill Gates, Elon Musk, Stephan Hawkins et quelques autres, l'avocat pense que la révolution des robots pourrait bien mettre le genre humain au chômage. Il faut sérieusement réfléchir à taxer les robots pour éviter l’effondrement de notre système social.

Il évoque trois voies: 1) Attribuer aux robots un revenu fictif imposable comme on attribue une valeur fiscale aux logements occupés par leurs propriétaires, 2) créer une taxe sur la productivité, 3) appliquer une TVA sur les produits issus de l’activité des robots.

Oberson est encore dans la fiction. Une telle fiscalité, rassure-t-il, ne peut s’envisager en Suisse seulement. Il rappelle que les règles encore en vigueur de la fiscalité des entreprises internationales ont été créées à Genève par la Société des nations en 1919. Il ne tient qu'à nous d'imaginer la fiscalité des robots. Sur la question de leur donner une personnalité juridique comme le suggère un récent rapport de l’Union européenne, il est plus circonspect.

Marian Stepczynski ne nie évidemment pas les défis que posent les nouveaux robots. Le chroniquer économique de la Tribune rappelle que chacune des précédentes révolutions agricoles, industrielles a vu le nombre des emplois croître. Il n’en ira pas différemment cette fois, pense-t-il sans pouvoir vraiment développer ce que pourrait être un quatrième secteur d'activités. S'occuper des vieux en EMS n'est guère enthousiasmant (et explique une part de l'absentéisme record qui frappe ce secteur et que les syndicats genevois tentent d'exploiter à leur profit).

Reste que taxer les robots c’est freiner la croissance de la productivité. Or la Susse, dit-il citant le dernier rapports de l’OCDE! est déjà en retard sur ce plan.

* Les lois d'Isaac Asimov

1. un robot ne peut porter atteinte à un être humain, ni, en restant passif, permettre qu'un être humain soit exposé au danger ;
2. un robot doit obéir aux ordres qui lui sont donnés par un être humain, sauf si de tels ordres entrent en conflit avec la première loi ;
3. un robot doit protéger son existence tant que cette protection n'entre pas en conflit avec la première ou la deuxième loi.

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