Royal de Luxe: mission réussie! (02/10/2017)

geant tete petite keystone.png"Royal de Luxe: mission réussie!", C'est ainsi que la police genevoise titre son communiqué de presse cet après-midi. Elle doit pousser un grand ouf de soulagement que Genève n'ait pas été le théâtre dramatique de quelque individu croyant ou non agir pour leur ("bonne") cause. Mais rien ne transparaît dans les propos du service de presse à ce sujet.

Sans un mot d'excuse pour les milliers de travailleurs bloqués vendredi autour de la ville (le prix du rêve XXL du ministre de la culture), la police dit qu'elle a justement proportionné son action à l'événement. Vraiment? Comment peut-on justifier le déploiement de 1700 hommes et femmes de sécurité dans la ville pour deux pantins suivis par une foule de moutons émerveillés (850'000 selon une dépêches de l'ATS qui ne cite pas ses sources).

J'en fus dimanche pour mesurer de mes yeux la magie du spectacle, courant après le cortège pour apercevoir les deux marionnettes, leurs servants bien méritants et une love-mobile rouillée portant un orchestre et un vieux bonhomme qui tentait sans grand succès d'animer la foule. Au milieu du quai soudain Sami Kanaan récitait son mantra devant la caméra obséquieuse du service public:" La culture rapporte, foi des experts que nous avons mandatés." 

Combien a coûté l'action sécuritaire?

Le communiqué du jour n'en dit mot. Comme il ne précise pas non plus les effectifs mobilisés (secret défense sans doute), les heures supplémentaires, la facture des troupes de la Ville de Genève, "Fribourg, Jura, Neuchâtel, Valais, Vaud, Ville de Lausanne, les aspirants de l'Académie de police de Savatan, le Corps des garde-frontière, la gendarmerie et la police nationales françaises, sans oublier la brigade sanitaire cantonale, le service d'incendie et de secours, la protection civile, les transports publics genevois ainsi que les agences de sécurité privées".

Le seul chiffre émis concerne la hotline ouverte pour l'occasion: 2000 appels. Étaient-ils laudatifs, critiques, polis?

Les géantes sont rentrés à Nantes. On espère qu'elles garderont un bon souvenir de Genève. Pour les spectateurs, c'est plus difficile à évaluer. Beaucoup sont sans doute rentrés frustrés et assoiffés. A part les glaciers, rares étaient les bistrots et restaurants qui avaient ouvert leur portes sur les quais, où, d'ailleurs, il est impossible, entre Cologny et le pont du Mont-Blanc, de s'asseoir dans un restaurant digne de ce nom avec vue sur le Léman indolent. Toujours magique. (sauf la Nautique, un club privé, et Genève Plage)

A quai, le Savoie nous a accueillis. Le navire a quitté l'embarcadère à l'heure dite, au tiers plein. Aucune publicité particulière n'attirait le regard des passants laissés à eux-mêmes. La croisière gourmande, dont les mets avaient été transportés de Lancy au bateau sous escorte policière, n'en était que plus agréable. 

Au risque de passer pour un vieux con, je répète que cette manifestation, qui ne valait pas le ramdam qui l'a entourée et dont la valeur artistique n'a pas dépassé celle du théâtre de rue (ce qui n'est pas rien tout de même), aurait parfaitement pu ouvrir les Fêtes de Genève et leur donner cette poésie que la Ville réclame et qui s'affiche au sommet du plongeoir des Bains des Pâquis. 

Lundi à 16 heures, la ville n'avait pas publié son bilan de l'événement. 

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