Le choc des cultures ou l'agriculture 4.0 (13/09/2017)

IMG_3625.PNGLe paysan écologiste Fernand Cuche face à l'agriculture 4.0, c'est le choc auquel les téléspectateurs d'Infrarouge ont assisté ce soir. Les salades que produit Combagroup à Yverdon selon la technique aéroponique (aeroponics), dont on peut faire varier le goût à la demande en modifiant la couleur de la lumière ou la composition du brouillard nutritif, qui recycle la chaleur des villes et n'utilise pas un gramme de terre, démontre que la sécurité alimentaire est une équation technologique.

Infrarouge aurait pu montrer aussi la fabrication de blancs de poulet et de mayonnaise artificiels, les hamburgers d'insectes et d'autres techniques de production alimentaire qui n'ont plus rien à voir avec l'agriculture.

La votation du 24 septembre sur la sécurité alimentaire a paru soudain anachronique et destinée surtout à protéger les exploitations traditionnelles agricoles telles que celles que nous montrent les spots publicitaires à la télé. Les Suisses vont sans doute voter oui à ce mythe qui ne devrait plus être rangé au rayon de la politique agricole ou de la production alimentaire, mais à celui du tourisme, de la sauvegarde des chefs d'œuvre en péril ou de Demain, c'était mieux avant. 

J'exagère, je rigole, mais pas tant que ca. Plus que toutes autres activités, l'agriculture et l'alimentation sont en cours de transformations: génétiques, biologiques, robotiques, économiques, sociales, politiques...

Les organismes génétiquement modifiés ont envahi les champs dans le monde entier, même si quelques lopins résistent encore ici et là. Finalement Asterix parle le français, une langue qui a plus de cousinage avec le latin de Cesar que le celtique. Il a adopté le droit romain et la religieux de l'empire.

la culture biologique finira , elle aussi, par s'imposer non pas par idéologique, mais par rationalité économique et grâce aux progrès de la génétique, de la technologie, de l'économie sans doute. 

Les nouveaux producteurs d'aliments ne sont pas des paysans. Ce sont des ingénieurs, des entrepreneurs, des financiers qui flairent la bonne affaire dans la culture hors sol des salades, dans des usines à insectes ou à cellules souches. Affranchis de la terre et de sa rente et des règles qui foisonnent pour gérer la nature, ces nouveaux entrepreneurs produisent des aliments caloriques et protéiques de qualité. Dans bien des cas, c'est le sel et le sucre uni donnent leur saveur au plats.

L'industrie a donné aux travailleurs de la terre, qui ne travaillaient la plupart du temps que par intermittence, des emplois permanents, à l'abri des intempéries, plus tard des salaires et des avantages sociaux (formation, vacances, caisses maladie, accident, pensions). Aujourd'hui encore les travailleurs agricoles sont les plus mal lotis des travailleurs, partout, y compris en Suisse. L'industrie qui avait alors besoin de bras a vidé les campagnes. La révolution verte et le machinisme aussi. L'ère des robots arrive. Le bonheur sera enfin dans le pré. Demain, on pourra jardiner pour son plaisir, accessoirement pour se nourrir. Tout comme de vastes pans de l'agriculture suisse déjà, qui oeuvrent principalement pour conserver les paysages. 

Quand les robots auront occupé les champs et les fermes, les usines à salade, à insectes ou à cellules souches, la nourriture sera gratuite ou presque. Aujourd'hui déjà les Suisses consacrent collectivement 7% de leur richesse nationale à se nourrir et 12 % à se soigner.

Le problème de l'agriculture n'est-il pas que les paysans sont surendettés car ceux qui sont propriétaires doivent à chaque génération payer leurs frères et sœurs qui s'en vont en ville pour avoir le droit d'exploiter leur domaine et ceux qui sont fermiers payer le propriétaire foncier qui y est depuis des générations?

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