Un budget électoral en rouge vif (12/09/2017)

"La croissance des charges est liée à des obligations légales du canton" écrit le Conseil d'Etat dans son communiqué du jour pour justifier le déficit de son dernier projet de budget de la législature. La loi n'est pas immuable. Si son application coûte plus chère, on pourrait en changer pour qu'elle coûte moins chère. Dans la foultitude des prestations publiques et dans la relative non transparence des comptes publiques, il est bien difficile de savoir si l'Etat travaille partout de manière économique.

L'obligation légale est donc une formule un peu passe-partout qui manifeste le refus du Conseil d'Etat de présenter à la veille des élections des mesures forcément controversées propres à conserver l'équilibre des comptes du Canton. Il est vrai que sa majorité PLR-PDC ne dispose que d'un tiers des députés au Grand Conseil. Tout de même, pour Maudet, un déficit, alors que nous sommes plutôt dans une bonne conjoncture économique, va faire tache sur son CV de futur possible conseiller fédéral.

Le gouvernement évoque aussi l'évolution structurelle de notre société pour expliquer ces 261 millions qui vont lui manquer en 2018 pour équilibrer les 8,3 milliards de francs qui prévoit de dépenser pour son ménage courant. Là encore, l'argument est discutable car il reflète sans doute le vieillissement de la population, une tendance prévisible depuis des années sinon des lustres. L'autre élément plus préoccupant encore est le recul présumé des revenus de l'Etat, alors que la population du canton ne cesse d'augmenter, tout comme le nombre des frontaliers qui paiement pourtant l'impôt sur le revenu dans le canton. Est-ce à dire que nous n'accueillons que des pauvres?

Le vieillissement de la population se répercute dans les budgets de l’action sociale, du handicap et de la santé.

Enfin indique encore le Conseil d'Etat pour expliquer son déficit, "la contribution de Genève à la péréquation financière intercantonale augmente encore à hauteur de 43 millions, pour atteindre près de 300 millions de francs de contribution nette." Voilà une déclaration qui a son pesant de populisme. Si le canton de Genève contribue à la solidarité confédérale, n'est-ce pas la preuve que c'est un canton riche? Et que donc sans s'imposer un régime de rigueur drastique il a sans doute les moyens de réduire ses dépenses?

La meilleure preuve réside dans les comparaisons intercantonales. Genève est toujours de loin avec Bâles-Ville (dont une partie des dépenses servent au canton de Bâle-Campagne, notamment l'Université et l'hôpital, et donne lieu à des compensation de ce dernier) le canton qui dépense le plus par habitant. Or on n'entend pas, que je sache, les Genevois se féliciter que leurs services publics sont bien meilleurs qu'ailleurs.

Les usagers de ces services publics si généreux sont-ils donc des ingrats?

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