Les retraités de la fonction publique ont sous-cotisé. Se sentent-ils coupables? (24/05/2017)

hortensias.jpgDeux et deux font quatre. Sauf dans nombre de collectivités publiques. Leurs caisses de retraite, pas seulement à Genève, ne collectent pas assez de cotisations pour couvrir les rentes qu'elles promettent de verser à leurs collaborateurs âgés.

Les entreprises privées et leurs employés sont, eux, obligés par la loi de verser 100% des rentes dues à la caisse de chômage, car, si l'entreprise fait faillite, ce qui n'est pas un accident rare, les employés doivent pouvoir toucher leurs rentes pleines. C'est la loi. Une loi bizarre, résultat du fait que de trop nombreux ouvriers et rentiers se sont par le passé trouvés sans le sous car leur caisse de retraite n'était pas assez indépendante de la société mère et qu'elle a été entraînée dans la faillite.

La sécurité apportée par la législation actuelle sur la prévoyance vieillesse n'est cependant pas totale (le risque zéro n'existe pas ). Depuis que l'on peut emprunter pour presque rien, le contrecoup est que l'épargne ne rapporte plus rien du tout. Certains créanciers, comme la Confédération ou la Banque nationale, se font payer pour quand elle emprunte. Le monde tourne à l'envers. 

Mais revenons à la CPEG que le Conseil d'Etat propose de renflouer à hauteur de 4,7 milliards de francs. Et constatons que:

 

1) enfin Geneve reconnaît que sa dette n'est pas de 12 ou 13 milliards de francs mais bien de 17 ou 18 milliards, montant qui figure depuis longtemps dans les comparaison intercantonales dressées par Berne. 

2) que ces 4,7 milliards creuseront la dette de l'Etat peut-être. Peut-être car il y a des valeurs cachées dans l'inventaire des biens de l'Etat. Il y a des bâtiments dont la valeur comptable notée au bilan est inférieure à leur valeur du marché, ce qui fait qu'en les donnant à la caisse de retraite à la valeur du marché, l'Etat pourra alléger son fardeau. Mais comme jamais personne ne s'intéresse au bilan de l'Etat, on n'en sait trop rien. L'Etat s'endettera sans doute un peu. A un taux d'intérêt proche de zéro, l'opération sera donc presque sans douleur pour les contribuables actuels.

3) que les rentiers actuels ne sont pas concernés par ces opérations car leurs rentes (60% de leur salaire assuré) sont garanties par la loi fédérale.

4) or ces rentiers actuels n'ont pas payé des cotisations à la hauteur de leurs rentes, puisque, eux et l'Etat employeur, n'ont avec leurs cotisations amassé des réserves qu'à hauteur de la moitié du total des rentes dues aux rentiers actuels. Conséquence, il n'y a actuellement presque rien dans les caisses de la CPEG pour payer les rentes des futurs retraités. Pour le dire autrement, il suffit de penser à ce qui se passerait si tous les rentiers actuels retiraient d'un coup leur capital... (sans parler de l'effondrement du marché immobilier que provoquerait la vente rapide de tous les biens de la CPEG...)

5) Comme les rentiers actuels sont intouchables en l'état actuel de la législation, seul l'Etat passe à la caisse et les rentiers futurs, dont les cotisations augmentent, rognant leur pouvoir d'achat actuel (ce qui est le cas de tous les travailleurs) et leurs rentes futures seront un cinquième inférieures à celles des rentiers actuels (ce qui est aussi le cas des travailleurs du secteur privé, en raison des taux d'intérêt et de l'allongement de l’espérance de vie)

6) Pour faire passer la pilule des 4,7 milliards le Conseil d'Etat propose de calculer la rente des fonctionnaires non plus sur leur dernier salaire mais en proportion du capital accumulé par la CPEG et de sa performance. Ce qui est le régime de la plupart des travailleurs aujourd'hui.

7) les taux bas sont une aubaine. Le Canton de Genève va pouvoir se conformer à la législation fédérale qui exige que le taux de couverture doit atteindre 80% en 2052, à un coût extrêmement faible. Et en 2052, on sera tous morts ou on aura réglé le problème éthique de la fin de vie.

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