La police genevoise et ses chiens (05/04/2017)
La Tribune à reçu ce matin quelques membres du Mouvement des aînés de Genève. Une quinzaine de passionnés de l'information. J'aurais pu leur montrer la dernière vidéo de la police genevoise pour illustrer l'histoire de l'information que je découpe en trois étapes: Gutenberg, la rotative à vapeur et le Web.
Gutenberg tout d'abord. Son invention a favorisé la diffusion des idées de la Réforme protestante, un événement socio-politique dont nous sommes les héritiers et qui est une des premières ubérisation de la société. En effet, ce qui distingue au fond les catholiques des protestants tient au rôle du pasteur. Le prêtre est un intermédiaire incontournable entre Dieu et le croyant, tandis que le pasteur n'a plus ce pouvoir et que la relation du croyant à Dieu est immédiate (c'est-à dire sans médiation). au passage, la presse à bras de Gutenberg a mis au chômage presque tous les copiste du Moyen Âge. Ceux qui subsistent ont autant d'impact que ceux qui croient à la renaissance du vinyl.
La rotative à vapeur. Installée au Times de Londres, cette machine, encore très rustique à l'époque, a ouvert un siècle où chaque parti, chaque église, chaque société, chaque syndicat a eu son journal, dont certain était imprimé plusieurs fois pas jour. Bref, la diffusion des idées, des informations, des opinions, des annonces a connu un boom extraordinaire, une véritable industrie dont la radio puis la télévision ont accentué les effets tout en concentrant les pouvoirs. Toutes les associations n'ont pas pu se payer un studio de radio ou de télévision. L'Etat s'est immiscé dans la diffusion en interdisant longtemps les émetteurs non agréés. Il régulent toujours fortement ce secteur. La rotative à vapeur a accompagné la révolution sociale et politique qu'est la démocratie. De sujets, nous sommes devenus citoyens (enfin presque et pas tous. A Genève plus de 40% de la population n'est pas citoyenne en raison de sa nationalité).
Le web enfin. Troisième révolution qui redonne aux gens les moyens d'être, à leur niveau, des écrivains des rédacteurs, des vidéastes, des audioistes, bref de maîtriser tous les outils de la création et de la diffusion des infos et des opinions sans devoir recourir à une autre médiation que celle du tuyau électronique (d'où la nécessité de conserver la liberté de circulation sur le web et d'empêcher les Etats ou tout autre pouvoir de réguler (censurer) a priori ce qui y circule. En d'autres termes, oui à un service des autos qui assurent que les voitures répondent à un niveau de sécurité et de pollution, non à un service de police qui octroierait ce droit à chaque instant).
Question: quelle révolution sociale et politique, le web et ses avatars vont-ils favoriser?
Première réponse, une société où chacun devra réagir comme un journaliste, notamment en ne relayant pas dans les blogs ou sur les réseaux sociaux des informations, dont la fiabilité est douteuse voire franchement sujette à caution.
Vaste programme! il a fallu plus d'un siècle à la presse pour être un tant soit peu indépendante.
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