Faut-il taxer les robots à col blanc? (21/02/2017)

machine a laver.jpgLes robots à col bleu ont détruit des emplois depuis qu'on a inventé la roue- un travailleur se fatigue moins à charrier du fumier au moyen d'une brouette que sur ses épaules - ou la presse à bras - qui a mis les copistes du Moyen-Âge au chômage - ou encore les métiers à tisser à cartes perforées - qui ont valu à Lyon la révolte des canuts, qui est restée emblématique dans la la lutte des travailleurs contre la machine qui nous vole notre travail. Personne ne s'est offusqué que les machines à laver libèrent les femmes d'un boulot harassant et leur laissent le loisir de bosser dans les usines ou comme puéricultrices. Va-t-on taxer les robots ménagers?

La peur de perdre son emploi frappe aujourd'hui les cols blancs, les métiers des services et même le noble art du professeur, qu'un bon système logique, associé à une dose d'intelligence artificielle qui adaptera le logiciel d'apprentissage aux spécificités de l'apprenant, peut remplacer dans toute une série de fonction répétitive. C'est le cas aussi des journalistes et de bien d'autres métiers.

Ce futur angoissant du chômage des cols blancs est sans doute ce qui motive le bon docteur Oberson de militer pour la taxation des robots. Il n'y avait pas penser tant que les robots cassaient des cols bleus, ceux-là même, qui ont voté pour M. Trump et pourraient bien placer Marine à l'Elysée...

Taxer les robots (tout système qui réduit le temps de travail de l'homme (ou de l'animal) ou réduit sa peine, voire améliore ses performances et augmente la qualité du service)  n'est à mon sens pas très différent que d'augmenter la taxe à la valeur ajoutée. Une mesure fiscale qui ne crée pas un emploi, risque même d'en détruire (si la nouvelle taxe n'est que nationale) et, en l'état de la gestion de la recette fiscale, augmente le poids de l'Etat dans la société.

Dans le cas de la machine à laver, on paie certes la TVA à l'achat de la machine et sur l'électricité consommée et les réparations occasionnels, mais pas sur son produit effectif, qui est de nettoyer le linge d'une famille, car le métier de ménagère n'apporte pas de valeur ajoutée économique... Il reste hors de la sphère marchande et donc de l'emprise de la TVA.

Il en va de même de l'éducation et de la consolation des enfants quand ces activités sont assumées par les parents et les grands-parents, gratuitement (les allocations familiales et la modification du barème fiscale ne sont pas un salaire mais un dédommagement d'une partie du surcoût entraîné par le nouvel humain).

Ce qui en dit long sur les sciences économiques et politiques qui restent assez indigentes dans ces domaines et n'ont toujours pas trouvé de moyens simples de comptabiliser le travail non marchand.

Dans l’interview qu'il accorde à la Tribune, Xavier Oberson (qui chronique dans Bilan) imagine un salaire fictif qu'on attribuerait à un robot. Ainsi cet objet quotidien bien identifié (OQBI) aurait une personnalité fiscale, les ménagères et les parents qui renoncent à un emploi rémunéré pour s'occuper de leur(s) enfant(s) n'étant que des personnes physiques sans revenu.

10:05 | Lien permanent | Commentaires (4)