Sacré Poggia, il a la santé! (27/09/2016)

160426_Poggia_Mauro_01.jpgLa com consiste à faire du bruit pour détourner l'attention sur les sujets qui fâchent. Mauro Poggia n'est pas le moins doué en la matière. Hier sur son blog, il a accusé Berne de puiser dans les primes maladie genevoises pour alimenter les caisses des autres cantons. Ce matin, à la toute fin de l'entretien que le magistrat MCG a accordé à La Tribune de Genève, on lit cette vérité, qui n'est évidemment pas toute la vérité sur la nébuleuse de la santé:

"Oui. Genève a un hôpital universitaire, où les salaires sont 10 à 15% supérieurs à ceux des autres cantons et une densité médicale qui incite à la consommation. C’est clairement l’ambulatoire – en cabinet privé et à l’hôpital – qui fait grimper les coûts." (Lire ci-dessous la déclaration de Maillard *)

Plus facile d'attaquer Berne que de balayer devant sa porte. Qu'attend M. Poggia pour aligner les coûts de la santé par habitant à Genève sur ceux de Zurich ou du Canton de Vaud, dont les habitants, que je sache, ne sont pas en moins bonne santé que les Genevois?

Oui, les coûts de la santé ne vont pas cesser d'augmenter. Tout y contribue:

  1. L'avancee prodigieuse des technologies,sondage assurance maladie.jpg
  2. La peur de la mort et de la souffrance qui fait que nous dépensons en moyenne 6 francs pour nous nourrir quand nous dépensons 11 francs pour nous soigner... Le sondage de La Tribune d'hier est éloquent. À la hausse des primes maladie, 62% des Genevois répondent qu'ils ne vont pas réduire leur consommation de prestations de santé. Sans doute vont ils rogner encore sur les fruits et les légumes et se plaindre du prix des croissants au beurre...
  3. Le vieillissement de la population qui amplifie les deux premiers facteurs, la technologie et la peur de mourir.
  4. A Genève, la surpopulation médicale et l'idée qu'un toubib qui ne prescrit rien et vous conseille de faire de l'exercice et de manger sain n'est pas un bon médecin.
  5. La garantie des prestataires de soin d'être payés (et pour certains très bien payés) qu'elle que soit la qualité ou l'efficacité de leurs prestations.
  6. Le suréquipement technique et le gaspillage des médicaments et sans doute de bien d'autres produits diagnostiqués et thérapeutiques.
  7. Le principe de précaution qui tend à multiplier les examans et à solliciter des spécialistes pour tout et rien. Et son corollaire, le risque d'être poursuivi devant le juge par des patients insatisfaits.
  8. Le corporatisme des prestataires de soins qui protègent leurs droits acquis voire les augmentent, face à des assurés et des patients sans défense.
  9. Last but not least, la désespérance spirituelle qui semble affecter nombre de nos contemporains d'Occident en ce temps où la résilience est chantée pour des lendemains qui ne chantent plus.

 

*Le chef de la santé du Canton de Vaud, sollicité par 24 Heures, répond plus précisément:

"Nos coûts dans le stationnaire sont sous la moyenne suisse, c’est bon signe. On va essayer de limiter encore quelques dépenses hospitalières superflues et mettre un frein à certaines rémunérations excessives. On a introduit la clause du besoin sur les équipements lourds. Les premiers refus d’achat de nouveaux équipements en radiologie et en radio-oncologie tombent, cela participera d’une meilleure maîtrise à long terme. Notre souci, c’est l’ambulatoire hospitalier et en cabinet. Le Canton ne pourra peut-être plus valider une valeur de point cantonale à ce point plus élevée que la valeur moyenne nationale. Tant que les coûts globaux étaient dans la moyenne suisse, c’était acceptable. Mais cette condition n’est plus respectée, il y a donc un besoin d’agir."

 

 

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