Erythrée: deux vérités irréconciliables? (24/02/2016)

mekonnen begle.jpgA ma gauche, Daniel Mekonnen, ancien supporter du président devenu dictateur, réfugié depuis 2001 de l'Erythrée qui déclare dans la Tribune «L’Erythrée est une prison, ne vous y trompez pas!».

A ma droite, Claude Béglé, un éphémère patron de la Poste suisse, devenu conseiller national PDC du pays de Vaud, qui s'en est allé tout récemment avec quelques collègues voir sur le terrain si l'Erythrée est bien une prison et si ceux qui la fuient sont bien des requérants d'asile politiques et non des migrants économiques. Le conseiller national est revenu de son périple avec l'idée que les associations de défense des droits de l'homme noircissait un peu le tableau.

Qu dit la vérité?

Selon le Larousse, la vérité est "l'adéquation entre la réalité et l'homme qui la pense". On serait enclin à penser que Mekonnen et Béglé reflètent bien la réalité de ce pays. Reste à savoir s'ils disent bien toute la vérité telle qu'ils la pensent.  Autrement dit: qui ment en pensée, par action ou par omission? Vaste question! Qui me chiffonne tout de même, car le journalisme ne peut s'arrêter à la juxtaposition de points de vue opposés.

Il est indéniable que des Erythréens opposants politiques d'un régime, connu pour ne guère tolérer la controverse - c'est le cas de très nombreux pays dans ce monde - et ignorer la séparation des pouvoirs, sont contraints de fuir leur pays et donc de trouver refuge ailleurs. Si l'on suit cependant la logique de Mekonnen, tous les Erythréens sont des requérants en puissance, puisqu'il suffit de ne pas marcher droit ou d'être dénoncer par un voisin pour subir les pires traitements. A cette aune, les requérants d'asile potentiels se comptent en milliards. A commencer par les Chinois.

Même s'ils étaient confrontés dans un face à face, les vérités de Béglé et de Mekonnen seraient probablement irréconciliables et l'on assisterait à un dialogue de sourd. Et leurs partisans respectifs se traiteraient de menteurs.

La question des migrants et des réfugiés n'a sans doute pas de solution. Difficile à entendre pour les occidentaux qui prétendent gouverner le monde et même le climat. Mekonnen est à Genève, ce n'est pas un hasard. Il n'est pas à Pékin ni à Moscou ni à Riyad ni quelque-part dans l'Amérique de Trump. 

 

 

 

 

22:40 | Lien permanent | Commentaires (2)