Demain le film. Sans lendemain! (31/01/2016)

image.jpegLe temps maussade d'un hiver chaud un samedi soir. Et le bouche à oreille ont rempli le cinéma City. Deux personnes me l'ont dit. Va voir Demain, tu comprendras beaucoup de chose. En effet. J'ai compris beaucoup de choses. J'ai rarement vu un documentaire autant truffé de clichés, d'idées reçues, limite malhonnête, total agitprop comme on disait naguère.

Première dérive, le début: deux Américains, forcément, vous assurent que dans 20 ans tout sera foutue si on ne fait rien. Que faire? C'est le but du film qui s'inscrit résolument dans le mode y en a qui font mieux que nous on va vous montrer yaka faire comme eux dès demain. Suivent les bonnes pratiques de jardiniers, ex-chimiste ou ex-juriste, qui, c'est promis juré (le commentaire ne connaît pas le mode doute), nourriront demain les urbains bien mieux et plus sainement et moins cher que les industriels qui polluent, polluent, polluent pour s'en mettre plein les fouilles. Dans leurs jardins, il n'y a jamais de rouillés, de peste, de limaces ou de ver fil de fer, puisqu'on vous le dit l'assemblage des cultures comme celui des cépages fait le paradis sur terre.

Demain, c'est comme TF1, qui ne nous montre plus le monde, mais plus que les fêtes, l'été et les descentes.

On se pince quand Demain présente comme modèle Detroit, ville détruite, ville de l'acier qui n'a pas su passer au quartz qui font les puces ni aux codes qui font la fortune des ingénieux qui donnent, parfois vendent des produits et des services prêts à 8o%. Demain connaît ni la hightech ni la biotech. Sa tech s'arrête au semoir à main à six rangs et au vélo.

On se pince encore quand on pseudo économiste explique que la monnaie, il suffit de la fabriquer comme les banques le font à leur profit. Et puis si on tombe dans la dette c'est la faute du gouvernement forcément corrompu comme en Islande ou des banques étrangères comme en Grèce, jamais des débiteurs qui ont oublier que les prêts, ça se rembourse. On a donc droit à l'histoire du Bristol Pound. Et même de l'expérience WIR, 80 ans et semble-t-il pas une ride. Personne dans la salle ne semble se demander pourquoi Diable toutes ces bonnes pratiques n'ont pas fait des petits.

Dame, parce qu'on est mal formé, dit la voix off sur fond de ciel, et sans doute aussi désinformé (mais le film n'a abordé ni les médias ni le big data). En route pour la Finlande, où - le film le montre - on apprend en s'amusant vautré par terre et où les profs passent leur temps à enseigner pas à évaluer. Un aaaaah dans la salle trahit la présence d'enseignants.

Ont-ils remarqué que les maîtres mangeaient dans la même cantine que les gosses et que le nettoyage, et sans doute aussi les patrouilles scolaires, étaient assurės par les gamins?

On te mine ce tour du monde par l'immanquable tarte à la crème de la démocratie participative. Le Brésil n'étant plus trop à la mode, on choisit l'Inde pour suivre un maire comme on voudrait en voir des milliers. Avant de décider il réunit les gens sous le manguier. Merveille! Il parvient même à faire vivre sur le même pallier une famille de bon Français et une famille arabe (pardon de pauvres intouchables avec de pauvre brahmanes). Remerveille! La démocratie c'est donc par la qu'il faut passer. Non, dit un universitaire belge. La démocratie ne fonctionne plus, assene-t-il, les élus et les partis sont achetés. Ce qu'il faut, c'est laisser au tirage au sort le soin de désigner les élus...

Au fait, comment va le Leman (la nouvelle monnaie genevoise, pas le lac)?

"Demain" propage des illusions. Les spectateurs on applaudi. C'est dire leur désarroi.

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