Une bonne année... (01/01/2016)
Se souhaiter une bonne année, quoi de plus normal, quoi de plus banal, quoi de plus essentiel pour un vivre ensemble qui ne sait plus trop la nature du fil qui le tient ni celle du couturier. Contrat social, cher à Rousseau, fatalité, sentiment d'appartenance, lieu de naissance qui, là, vous fait Français de parents étrangers et ici vous maintient étranger des générations durant alors que la langue de vos parents et leurs traditions peuvent vous être étrangères...
Se souhaiter une bonne année n'est pas sans effets pervers. Imaginer une année sans accident, sans maladie! Personne pourtant ne souhaite la mort des carrossiers ni la mise en péril des professionnels de la santé. Et si vos vœux de prosperité se réalisaient pour tous, combien de services sociaux tomberaient soudain au chômage...
Quant aux vœux de bonheur, on les adresse aux amoureux qui officialisent leurs relations (sachant qu'un couple sur deux éclatera), plus tant au tournant de l'an. Le temps présent est-il à ce point maussade que le bonheur ne soit même plus le but commun comme au temps des lendemains qui chantent? Je ne crois pas que le monde soit moins sûr.
Le Temps, le journal qui n'est plus journal suisse de référence, s'est essayé dans à sa dernière édition de 2015 à brosser un tableau des 15 premières années du troisième millénaire. Un survol qui s'ouvre comme la Tribune de Noël sur les humeurs des gosses nés à l'heure du bug de l'an 2000 (vous vous souvenez, cette anomalie liée à la présence d'un double zéro qui devait dérégler nos ordinateurs et la société avec et n'a qu'ici et là fait de centenaires des nouveaux nés...)
Aucun ne parle du réchauffement climatique, aucun n'évoque la Chine ni l'Afrique ni la croissance économique. Une seule se demande: qu'adviendra-t-il lorsque nous serons 2,3 milliards de plus sur terre, quand nous aurons 50 ans, en 2050? Une seule autre réfléchit un peu sur ce qui inquiète le monde occidental aujourd'hui: "Un musulman n'est pas forcément extrémiste." Ce forcément interpelle. Il renvoie en version XXL aux radicaux du XIXe siècle qui ont fait la Suisse moderne et qui reprochaient aux catholiques d'avoir deux patries, leur canton et le Vatican. Vous avez dit identité?
A 15 ans, le monde est un mystère, le passé est inconnu, l'avenir est opaque ou redoutable, les sentiments dominent, une passion, la musique (ils pensent World, ceux du XXe siècle pensent international) et le sport (le dépassement de soi parfois à tout prix) font vivre.
Une bonne année à tous!
pour illustrer ce billet voyez Medium
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