L'argent tabou aux HUG (29/12/2015)
C'est l'histoire d'une fumeuse invétérée.
Depuis 14 ans, la cigarette colle aux lèvres de Nicole. Deux à trois paquets par jour. "A l'époque, raconte-elle dans Pulsation, le magazine des HUG, tout le monde fumait, A la maison, au bistrot, au bureau,... partout!" En 2005, sa mère, grande fumeuse elle aussi, décède. Nicole n'abandonne pas la clop. Six ans plus tard, le 17 avril 2011, elle ne peut plus respirer. Ses poumons sont obstrués.
Urgence. Arrêt de travail. Claustration à domicile. Bonbonne d'oxygène. Le miracle survient le 10 décembre 2012. Deux poumons sont disponibles. Transplantation au CHUV. "Aujourd'hui, je vais en montagne je marche sans essoufflement, je voyage. Après 50 ans, on a encore de belles choses à vivre", lance-t-elle. Avec un sourire gourmand, ponctue le rédacteur, avant de poser ce constat: L'OMS estime que l'obstruction des poumons sera la troisième cause de mortalité dans le monde.
N'est-ce pas merveilleux! Cette belle histoire clôt le numéro de janvier février de Pulsation, curieusement pas encore en ligne sur le site de l'établissement public.
Cette belle histoire me laisse un goût amer que j'ose à peine exprimer. C'est que le sujet est tabou.
Combien tout cela a-t-il coûté à la société? L'article n'en dit pas un mot. Pulsation est généralement chiche en chiffres quand il s'agit du coût de la santé.
Qui a payé et combien pour un comportement que, par ailleurs, l'Etat, avec un autre budget, ne cesse de dénoncer.
On dira que Nicole a eu de la chance. Mais peut-on fonder une politique de la santé publique sur la chance. Ces questions se posent sans doute tous les jours aux médecins et aux personnels soignants. On s'étonne que le débat ne soit public - et alors de manière biaisée, que lorsqu'il s'agit du budget de l'Etat de Genève.
Pulsation devrait l'affronter.
Note: je suis tombé par hasard sur ce papier paru dans le Matin en 2013 relatant l'histoire de Daniel, qui respire au rabais depuis des ans. Ainsi que sur le rapport suisse de la santé 2015, disponible sur le site de l'Obsan.
14:12 | Lien permanent | Commentaires (0)