Un Conseil fédéral démondialisé (09/12/2015)

grand geneve parmelin.jpgIl y a un an, personne n'aurait parié sur Guy Parmelin. Le paysan vaudois dont l'exploitation est aux marges du Grand Genève, qui s'est dit candidat de l'arc lémanique, mais ne maîtrise pas la langue que parlent majoritairement ceux qui font la croissance économique de ce coin de terre.

Le parlement a élu le moins ambitieux, le plus rond des trois candidats proposés par l'UDC. Il a ainsi affaibli le Conseil fédéral. Et ce avec les voix de la gauche. Bel autogoal! Parmelin ne pourra jamais défendre sa politique dans la langue de trois quarts des Suisses ni à Arena, l'émission politique phare de la RTS, ni à l'Abisgüetli, le "Politmusikanten" annuel de l'UDC. Le journal en ligne Watson le qualifie déjà de demi-conseiller fédéral.

Sans doute l'UDC a présenté trois seconds couteaux en connaissance de cause. Les caciques du parti entendaient bien ainsi garder le contrôle de la politique fédérale. Après avoir affaibli le gouvernement, ils vont pouvoir continuer à tenir le parlement sous la pression des initiatives "Point sur les i", celles qui précisent comment une première initiative doit vraiment être appliquée. Nous allons voter sur l'une d'elle en février à propos de l'expulsion des étrangers criminels.

Je crois que la gauche a fait un mauvais choix. Elu au sein du collège, Thomas Aeschi aurait dû prouver son indépendance par rapport au clan Blocher, sans quoi il aurait risqué de ne pas être réélu dans quatre ans. Polyglotte, l'homme s'est frotté au monde des affaires. Son expérience aurait servi au gouvernement. En outre sa jeunesse aurait permis aux forces vives du pays de se sentir représentées.

Parmelin a de la bouteille. Il se glissera sans peine dans la fonction. Déjà il relève le menton. On espère que la fonction fera l'homme d'Etat.

Dans les arcanes de l'élection à l'Exécutif fédéral, qui n'est pas le pouvoir suprême en ce pays morcelé, il y a un dossier qui explique au-delà des choix de la gauche, l'élection du Bursignote: l'avenir, c'est à dire la mondialisation, de la politique agricole suisse.

Parmelin a déclaré à l'hebdomadaire Agri qu'il défendrait les revendications des paysans suisses. Gageons qu'il aura la délicate tâche de leur faire avaler la pilule d'une ouverture accrue des marchés, de que réclame la droite économique majoritaire au parlement.

Quant au Grand Genève (canal Lausanne prononcé), le voilà à nouveau représenté au Conseil fédéral, par un homme qui est l'exact contraire de Micheline Calmy Rey, femme, socialiste, pugnace, urbaine, universitaire, internationaliste.

François Longchamp est-il à Berne aujourd'hui? Quelles relations entretient-il avec le nouveau conseiller fédéral?

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