Grève et Budget 2016: Kriegspiel à la genevoise (30/11/2015)

150916_Point_Presse_RIE_III_04.JPGLa fonction publique va donc faire grève ce mardi. Une grève reconductible. Une grève "pour la défense du service public". Une grève admirable aux yeux du socialiste canal historique Pascal Holenweg et de quelques uns de ses amis, convaincus que "la lutte des fonctionnaires genevois pour conserver leurs acquis est aussi un service rendu à tous les travailleurs exploités par les patrons". 

Certes on ne peut pas exclure un accord surprise dans la journée, grâce au rétablissement de l'annuité en 2016 (40 millions), que rendrait possible la découverte de nouvelles recettes dans l'escarcelle du ministre des Finances. Impossible? Souvenez-vous, à la veille de la dernière grève, le Conseil d'Etat annonçait avoir trouvé 111 millions de recettes nouvelles de quoi couvrir les 7,8 milliards de dépenses et boucler l'année 2016 avec un modeste bénéfice. (Même avec cette recette tombée du ciel, on s'étonne que le projet de budget 2016 prévoie un produit des impôts sur les personnes physiques inférieur au produit enregistré aux comptes 2014, alors que le Conseil d'Etat s'attend à une croissance du PIB de 1,3% l'an prochain... *) 

Sur le dossier de la réduction de la dette et du frein à l'embauche, voté par le Grand Conseil, les syndicats continueront de grincer des dents mais ce bras de fer se résoudra dans les urnes, au plus tôt le 5 juin 2016, puisque'un référendum a été lancé contre la loi 11398

Mais si aucun accord n'est conclu, la grève aura lieu. Dans ce cas, le Conseil d'Etat peut compter sur un essoufflement du mouvement. Offrira-t-il mercredi une honorable porte de sortie aux syndicats en retirant officiellement sa proposition de la semaine de 42 heures pour mieux la réintroduire dans des négociations à venir? Ce recul tactique permettrait au Cartel de ne pas perdre la face. Il est bon dans un conflit de ne pas humilier son partenaire.

L'incendie de la rue provisoirement éteint, faute de grévistes, reste la bronca des commissaires aux finances gauche-MCG qui se sont mis en tête de renvoyer le projet de budget 2016 au Conseil d'Etat. Est-ce un hasard qu'une majorité de droite, en Ville de Genève, ait tenter le même blocage du processus budgétaire au grand dam de la gauche au pouvoir?  

Ces petits jeux de partis sont misérables et complètement opaques aux yeux des Genevois. Trois partis doivent prendre leurs responsabilités.

Commençons par le MCG, deuxième parti du Canton, qui pourrait pour une fois écouter son magistrat Mauro Poggia et jouer un rôle gouvernemental constructif. C'est sans doute trop lui demander. Ce parti est sans doute encore trop jeune, trop fougueux et ses dirigeants trop fantasques pour s'assagir. 

Les socialistes partagent, eux, les responsabilités gouvernementales depuis des décennies. Ils assument la responsabilité d'un des départements le plus important non seulement en termes budgétaires mais aussi du fait que la formation est sans conteste la prestation d'avenir la plus importante pour Genève. Renoncer à l'annuité est certes un sacrifice. Les socialistes sont-ils capables de proposer d'autres coupes à due concurrence et de cesser de croire que la solution se trouve dans un alourdissement de la fiscalité, déjà parmi la plus gourmande de Suisse pour les revenus élevés?

Les Verts n'ont plus le vent en poupe. Ils partagent cependant aussi la responsabilité gouvernementale et donnent suffisamment de leçon de bonne gouvernance pour ne pas faire dérailler le train de l'Etat pour 40 petits millions. Eux aussi sont mis au défi de proposer 40 millions d'économies s'ils veulent pouvoir maintenir les mécanismes salariaux.

Ce défis s'adressent aussi aux PDC et au PLR qui détiennent quatre des sept sièges de l'Exécutif. 

Dans ce législatif, prompt à mettre le gouvernement sous tutelle et impardonnablement bavard, à part les invectives, on n'entend guère de propositions d'économies susceptibles de rallier une majorité.

 

* Bémol à propos de la croissance des revenus, 2014 a enregistré le pactole d'Anières, un revenu exceptionnel de 400 millions qui a gonflé le total de cette année-là.

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