Attentats, la peur est mauvaise conseillère (15/11/2015)

etat islamique.jpgNous ne sommes pas en guerre ou alors cette guerre a commencé en août 2014 et ce ne sont pas les attentats de Paris qui l'on déclenchée.

Il se trouve qu'une coalition de vingt-deux Etats, sans la bénédiction de l'ONU, dont la France fait partie, tente de réduire l'action jugée illégitime d'une... (qu'est-ce qu'est Daech au fait: un Etat, une guérilla, des révolutionnaires, des bandits, des conquérants, une force, un peuple en armes, "une organisation militaire, politique et terroriste, d'idéologie salafiste djihadiste", comme le décrit Wikipedia?...) une organisation donc.

L'Etat islamique s'est constitué en 2006 et 2012, après avoir avalé, suivant un plan terroriste, les dépouilles sunnites de deux Etats gouvernés par des chiites,  la moitié de la Syrie et un gros tiers de l'Irak, de part et d'autre d'une frontière dessinée par la France et la Grande-Bretagne il y aura 100 ans le 16 mai 2016, aux termes des accords de Sykes-Picot. Frontière qui jusqu'à l'émergence de l'EI a été considérée comme légitime aux yeux des nations concernées et des Nations Unies. Elle a volé en éclat. Il faut s'en souvenir, même si c'est un peu plus compliqué.

D'une précédente guerre, celle d'Irak, un autre Etat est né, jugé légitime, celui-là, par les Européens, mais pas par ses voisins: le Kurdistan (irakien). Où s'arrêtera la décomposition des Etats nés après la première et la seconde guerre mondiale (la Syrie est née en 1946)?

L'intervention de la France contre Daech répond à une demande du gouvernement irakien, mais pas à une demande du gouvernement syrien, puisque simultanément la France lutte contre le président syrien Assad, coupable de bombarder son peuple rebelle. Quant aux Russes, ils n'entendent pas laisser la vieille Europe s'occuper d'un domaine qui se trouve désormais dans leur zone d'influence. (A ce propos je n'ose imaginer que l'hypothèse qu'échafaude Philippe Souaille dans son blog puisse recouvrir ou plutôt découvrir la réalité.)

Daech, si c'est bien Daech, a donc porté le fer au cœur de la France dans une série d'attentats meurtriers qui jettent les Européens dans la peur. Pourquoi nous, demande le peuple sidéré? Ses élites bêlantes répondent: Nous allons empêcher le terrorisme de nous atteindre! Certains crient même, malheureux: vengence!

Personne ou presque ne prend le temps de combler nos béantes méconnaissance historiques des deux derniers siècles, les siècles de la domination puis de l'affaiblissement d'un continent, l'Europe (la France en est la clef de voûte), qui continue de se dire flambeau des nations et défenseur des droits de l'homme, tout en livrant des armes à l'Arabie Saoudite, creuset des fondamentalismes, où règle un absolutisme anachronique, puissant des dollars que nous lui versons chaque mois avec notre facture de chauffage. 

L'heure est à l'émotion, à la compassion avec les victimes.

Ce matin, à Veyrier, le curé Truong a prié pour les morts, les blessés et pour les proches des victimes du terrorisme. Il n'a pas prié pour les terroristes. Pourtant ce sont des gosses aussi, pas plus âgés que leurs cibles, manipulés, endoctrinés, dépossédés de leur libre arbitre qui sont les assassins. 

Le pire pour l'Europe, c'est le repli, la fermeture, la croyance que les murs et les contrôles, le flicage et le fichage vont nous protéger.

Le gendarme court toujours derrière le voleur. Et le voleur vole sans doute parce qu'il est méchant ou qu'il trouve plus rapide de s'enrichir ainsi. Mais il y a aussi des voleurs qui volent pas nécessité ou par obligation (quand il est embrigadé dans une mafia), parce que le monde est injuste, que la richesse et l'emploi sont rares et mal distribués, que la vie est courte.

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