Et si l'on plantait un village de réfugiés au Palais dormant? (25/10/2015)

P1090976.JPG"J'y suis allé avec réticence et j'ai été conquis." Ce propos d'un vieil homme à son épouse, alors que tous deux sortaient, hier vers 16 h, du parc des Nations Unies à Genève, reflète sans doute l'appréciation des quelque dix-huit mille visiteurs des portes ouvertes du Palais des Nations à l'heure du 70e anniversaire de l'ONU.

La journée fut en effet magnifique, la foule silencieuse et presque recueillie donnait au lieu qui domine le lac une majesté démocratique et presque protestante tandis que l'immense bâtiment ocre était assoupi, vide des activités qui s'y passent.

C'est ce dernier élément qui m'interpelle ce matin. Que se passe-t-il donc au Palais des Nations de Genève?

Aucun panneau ne signalait ni n'indiquait l'usage des lieux ouverts au public. Rien qui rappelle les grands événements, les conventions qu'on y a bâti ou qu'on a manqué. Rien qui explique le système onusien, le rôle du siège de New York et celui de Genève, de Vienne, de La Haye, de Rome, de Paris ou d'autres villes qui abritent une organisation internationale. Pas grand chose sur l'histoire de l'institution et la philosophie qui la porte aujourd'hui encore.

En fait, outre trois salles de conférence, dont la grande salle - assez anonyme - des assemblées et la salle des droits de l'homme, peu d'espace était ouvert au public. Le grand bureau art déco du maître des lieux qui déambulait presqu'incognito avec Madame la maire de Genève sans huissiers est resté fermé.

Certes plusieurs UNci et UNça - combien y en a-t-il au fait - et nombre d'ONGci et d'ONGça avaient dressé leurs petits stands le long des couloirs. Les volontaires étaient très chaleureux et souvent empressés. Quelques dizaines de stands aux couleurs des nations se côtoyaient donnant  un air de bazar à l'espace des pas-perdus des Droits de l'homme. Le tout dans un joyeux désordre qui signalait la bonne volonté de quelques-uns mais aussi l'absence d'un plan ou d'une volonté politique ou didactique. Y a-t-il un pilote dans l'énorme vaisseau de l'avenue de la Paix?

P1090985.JPGA l'extérieur, la sécurité du Palais attire l'intérêt des garçons. Il est 11h, le directeur de l'ONU marque un temps d'arrêt lorsqu'un drone survole la foule. C'est l'un des derniers outils du HCR. "Plus précis, plus souple et bien moins cher qu'un satellite pour évaluer la situation d'une zone de crise naturel ou humaine", explique un volontaire. Juste à coté trois tentes vides. Elles peuvent loger chacune une famille de six personnes. On evoque les Afghans, le Irakiens, les Syriens. Et si l'on plantait un village de tente dans le parc des Nations Unies?

Un autre volontaire rappelle que la question des réfugiés est plus vieille que l'ONU. Il y en a plus de 42 millions de par le monde.

Les réfugiés palestiniens ont désormais pignon sur rue. Leur drapeau pend au mat de l'allée des drapeaux juste à côté de celui de Vatican. Interpellé un représentant de la Palestine rappelle les résolutions de l'ONU sur la question du Proche-Orient. Je n'ai pas vu de stand israélien. Ni de la France, ni des Etats-Unis, ni de la Suisse. La Chine était en bonne place et avait dressé une belle exposition d'estampes et servait un thé exquis dans dans de fines porcelaines.

 

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