La dette, la Grèce, DSK (28/06/2015)

cpte 2014 graph.pngAlors que la grand messe de la révision des comptes d'Etat occupait des députés genevois (au demeurant bien incapables de modifier le train de l'Etat sinon à la marge, et encore), mon journal préféré a publié vendredi dernier un graphique montrant l'évolution de la dette de Genève de 1990 à nos jours. De 4,3 milliards, la dette cantonale a crû à 13.4 milliards.

Ce graphique oublie deux choses au moins: 1) que le PIB genevois a lui aussi crû de 50% dans l'intervalle, ce qui se reflète dans les recettes de l'Etat, qui sont passés en gros de 4 à 8 milliards de francs par an, et 2) qu'on ne saurait considérer la dette sans jeter un regard sur les actifs.

La droite, certes divisées mais néanmoins, majoritaire au Grand Conseil et au Conseil d'Etat tout au long de cette période, à l'exception d'une parenthèse de quatre années, n'a cessé de hurler au loup à propos de la dette et aux lendemains qui déchantent et aux générations futures qu'on spolie. Qu'a-t-elle fait pour réduire cette dette qui l'empêche de dormir?

C'est ce genre de réflexions que les simples et braves citoyens doivent ressasser dans leur tête, eux qui, comme Pascal Décaillet, ont cette vertu de ne jamais dépenser plus que ce qu'ils gagnent et de ne devoir rien à personne. (ça c'est pour la théorie, car mon cher Pascal oublie que les Suisses sont parmi les peuples les plus endettés du monde, notamment par le biais des hypothèques, dont les intérêts sont déductibles des impôts ce qui n'encourage personne à rembourser ses emprunts)

Les Grecs non plus n'ont pas remboursé leurs dettes. Ce qu'on fait les Suisses. Malgré l'indiscipline genevoise, nous autres Helvètes affichons un taux d'endettement des collectivités publiques en recul et bien inférieur aux règles de Maastricht. Les Grecs ne sont pas les seuls ni les dernier à faire défaut. S'il n'était pas dans l'euro - une erreur française que de les y avoir inclus - il y a longtemps que le pays serait en cessation de paiement, comme l'Argentine, le Mexique et quelques autres pays. Leur problème est que le économie ne croît pas et que bien des Grecs éludent l’impôt.

Il faut, dit soudain DSK - paraphrasant François Mitterrand - donner du temps au temps et non sans ironie Apprendre de ses erreurs. Certes,  mais il faudra surtout biffer au moins la moitié voire plus de la dette grecque. Et prier les dieux de l'Olympe qu'à l'avenir, les Grecs paient leurs impôts.

En ces temps où l'islam n'est pas trop en cour, les politiciens occidentaux feraient peut-être bien de s'inspirer de ses règles en matière financière. Elles posent que le créancier est engagé dans la réussite ou l'échec du prêteur, car si le prêteur fait défaut, le créancier perdra aussi. C'est au fond le principe de l'actionnariat. Qui investit dans une entreprise sait qu'il peut gagner mais qu'il peut perdre aussi. Les actionnaires de Swissair en savent quelque chose. D'où cette idée sans doute iconoclaste:

Transformer les créances grecques en actions imposeraient à leurs détenteurs un comportement plus modeste et plus économique.

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