L'Expo universelle 2015 ne fait pas d'omelette sans oeufs (14/06/2015)
Pas d'omelette sans oeufs à Milan, La dernière invention d'une jeune pousse californienne qui promet de nourrir le monde plus efficacement et plus écologiquement que le circuit naturel grain-poule-œuf-omelette n´est pas montré sur le stand américain de l'Expo universelle Milan 2015. Du moins je ne ai pas vu et je ne crois pas qu'Obama, qui nous accueille droit les yeux au sommet d'un grand escalier - Poutine s'affiche mais ne dit rien sur le stand russe - en parle dans sa vidéo qui tourne en boucle.
Les Américains, comme d'autres, ont accroché des salades, des choux et des fraises sur la paroi nord de leur bâtiment, façon sans doute de rompre avec l’horizontalité naturelle des champs qu'on peut dès lors bétonner sans scrupule. Je n'ai pas trouvé non plus sinon via des vidéos de cultures hydroponiques avec poissons recycleurs. Sur ce plan, le pavillon belge est bien intéressant, d'autres sans doute aussi. Frappant de constater dans cet Expo dédiée à l'alimentation pour tous que les nouvelles techniques culturales, sensées souvent le monde de la faim et de l'enfer climatique, ne dominent de loin pas la fiera milanaise.
Food 2.0, c'est le titre du pavillon US à Milan dont le génie agroalimentaire est plus connu chez nous par ses multinationales McDonald, Coca Cola et Monsanto. Ces trois symboles de la malbouffe, voire de l’empoisonnement selon certains, ne figurent pas parmi les sponsors officiels du pavillon, mais ils sont présents à Mila et dressent leurs stands à part comme quelques autres entreprises, histoire de manifester qu'elles sont véritablement internationales et qu'elles peuvent s'affranchir de la tutelle des nations voire leur dicter leur politique. On trouve tout de même Dupont, Dow, Microsoft et plusieurs autres entreprises dominantes dans la liste des généreux donateurs.
2.0, c'est pour les Américains, le retour au circuit court, le jardin urbain, le food truck, bref un peu le spot télé que l'Union suisse des paysans diffuse où l'on voit un bouvier bernois et une oie faire la promotion des poires et des cerises dans un décor très Martine à la ferme.
Les Allemands vont un cran plus loin. Dans un pavillon surchargé d'information, un des rares à proposer quelques activités interactives, ils ont concentré à l'étage toute sorte de luxuriantes plantes alimentaires dans des bidons, des sacs, des caisses, sans doute le modèle du Logement 2.0 qui disposera d'une pièce destinée à produire ses tomates et ses concombres. Ils ne disent pas comment ils luttent contre les pucerons, cochenilles et autres mouches blanches qui adorent ces environnements chauds et confinés.
La France a raté son stand. Le bâtiment en bois n'est pas moche, mais on ne comprend pas bien le message - du moins celui que j'ai retenu - diffusé via une vidéo (beaucoup d'images, donc beaucoup d'information cadrée) où l'on voit, sur fond de changement climatique, un paysan français avec ses tracteurs et ses produits chimiques et un paysan maline avec sa houe. Mon attention a été distraite par le décor surchargé de collection d'objets liés à l'alimentation, contenus et contenants suspendus par genre dans des casiers formés par la structure du bâtiment.
A bien des égards, Milan 2015, c'est un lavage de cerveau. Un bon point tout de même. L'immense allée recouverte de bâches bien agréables où déambulent les dizaines de milliers de visiteurs. Cette avenue donne le sentiment d'un peuple rassemblé. Autour d'une même question: que sera mon pain quotidien demain? Le stand du Vatican répond: l'homme ne vit pas que de pain.
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