Sortir le MCG, et quoi d'autres d'ici 2020? (20/04/2015)
A Genève, 62% des électeurs sont restés chez eux. Les enjeux des Municipales ne les ont pas secoués. Le parti abstentionniste a encore gagné. Au Tessin, 62% des électeurs ont maintenu au pouvoir la Lega, un mélange d'UDC et de MCG. Pourquoi Stauffer et ses acolytes ont-ils calé au bout du lac? Même l'UDC est en recul, elle sort de Vernier et a failli être boutée hors de la ville de Genève?
En face, la bande des trois PLR-PDC-PS a le sourire. On a gagné, on a gagné! Le ton est donné même si le cœur n'y est pas vraiment. Pourquoi? L'abstention, sans doute. Comme la déprime ou le cancer, des maladies qu'on tait de peur qu'elles nous sautent dessus. Et puis il y a ces malheureux réfugiés qui plongent dans cette Méditerranée, où l'on ira se baigner dans quelques mois... Comment être heureux?
Sortir les ténors du MCG, non ça ne suffit pas d'ici 2012!
Les partis de gouvernement sortent donc renforcés des urnes. C'est bien. Pourtant, les gouvernants eux-mêmes ne peuvent crier victoire. Certes, près d'une centaine de magistrats sont élus ou le seront tacitement et le "front républicain" et surtout anti-MCG a bien fonctionné à Vernier, mais ceux qui sont en vue, ceux qui comptent par la politique qu'ils mènent, les cinq comaires de la Ville de Genève, aucun n'est parvenu à se hisser au bord de la majorité absolue.
A Zurich, la semaine passée, huit candidats au Conseil d'Etat ont franchi la barre. Les sept premiers ont été élus au premier tour, sans que le gouvernement du plus grand canton de suisse, trois fois plus peuplé que Genève, ne perde ses couleurs. Les Genevois ferait bien d'aller chercher la recette de cette efficacité du côté de la Limmat. Un gouvernement élu au premier tour, c'est un gouvernement plus fort, plus solidaire, qui saura mieux résister aux logiques des partis et à la routine des administrations, bref une chance d'avoir une gouvernance plus efficace.
Reste le contrat de législature, le grand absent des élections. Certes chaque parti a bien produit un vague programme, mais, pour gouverner, quand personne n'a la majorité, il faut être prêt à des accords avec ses alliés, assez forts pour éloigner autant que faire se peut la menace du rérérendum. La gauche est divisée. Pagani a fait échouer la vente de Naxoo, ce qui fait que la Ville se retrouve avec deux réseaux celui de TéléGenève et celui des SIG que la régie est en train de bâtir avec Swisscom. Pagani ne veut pas du péage en ville (nous non plus), mais Salerno et Kanaan ont tapé sur les doigts de leur camarade à ce propos. Pagani veut-il du projet Nouvel pour le MAH? Et Alder soutient-elle les parkings en ville?
Broutilles que cela, à Genève, le gros des politiques, dont les communes ont la responsabilité - il n'y en a pas beaucoup - c'est la culture, le sport, les 0-18 ans quand ils ne sont pas à l'école ou chez leurs parents, la propreté et la tranquillité publiques et quelques autres prestations dont le caractère technique les privent d'être nommées des politiques (parcs et jardins, entretien des routes, cimetières, levée des poubelles, etc.)
Ce qui m'a frappé, c'est qu'aucun parti défendait des options véritablement différentes dans ces trois domaines (culture, sports, jeunesse), sauf peut-être une partie de la Gauche qui reste hostile au stade de Genève, installé à Lancy, ou à la futur patinoire des Grenat, installée aussi à Lancy. Ainsi, en 20 ans de gérance de la Gauche, le sport, qui suscite ailleurs l'engouement des foules, a quitté le territoire de la Ville. Au profit des musée, des théâtres et d'une foultitude d'associations diverses et variées, quémandeuses régulières de la manne et de l'attention publiques.
Et ne parlez pas d'intercommunalité. Les pompiers restent dans leur caserne municipales, les polices municipales aussi. Les voiries restent communales. Il manque à Genève une ou deux grandes piscines, combien dde temps faudra-t-il que l'intecommunalité les fassent surgir de terre? On s'est trouvé une bonne excuse. On attend que la commission Longchamp sur la répartition des tâches clarifie qui doit faire quoi...
Durant cette campagne, toute tournée vers l'élection des exécutifs, on n'a pas non plus parlé des sous. La droite invoque bien en forme d’incantation qu'il faut payer l'impôt là où l'on habite, elle évite bien d'ajouter que ça ne simplifiera en rien la mécanique péréquative et que ce n'est pas sûr du tout qu'Onex ou Vernier, celles qui touchent le plus du système actuel, en sortent mieux loties. Les spécialistes le savent, les politiciens s'illusionnent. Là comme dans les autres domaines.
Allez! Bravo aux vainqueurs, honneur aux vaincus! C'est la dernière élection heureuse.
En 2020, Genève aura vieillit, le Canton et ses habitants auront moins de thunes, car la banque, le trading et l'horlogerie auront souffert des nouvelles technologies d'ici là. Je garde espoir que nos entrepreneurs parviennent à se réinventer. J'en suis moins persuadé s'agissant des politiques.
08:20 | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Vous êtes franchement déprimés.
Hier le PDC a repris définitivement sa place de parti du centre. Le MCG ne lui a pris aucune voix.
J'avais remarqué au soir des cantonales que le MGC avait perdu la bataille du centre. Stauffer avec intelligence savait que pour pour continuer à grandir il fallait nous éliminer. Il avait perdu et le résultat est visible aujourd'hui. Rejeter a l'extrême droite il était obligé de rester dans l'effet d'annonce et l'exagération.
Échec programmé.
Le PDC est devenu le deuxième parti de Geneve en nombre d'élu avant les socialistes.
Impressionnant.
Et ne venez pas dire que nous sommes des vieux sans proposition.
A Carouge 3 jeunes sont elus (27 et 33 ans) et nous avons dans la campagne parle de toutes vos justes préoccupation. Venez le 27 avril au Grand debat de votre journal et vous entendrez nos propositions.
Écrit par : Bertrand Buchs | 20/04/2015