Grand Genève: au fond, ça ne fonctionne pas si mal, non? (02/03/2015)
Quelle région frontalière en Europe redistribue autant de millions de la ville centre aux communes limitrophes? Aucune sans doute à un point si avancé que le Grand Genève. La dynamique de la région genevoise profite grandement à la France, justement parce que les Genevois freinent l'urbanisation de leur canton. Cela produit un aménagement du territoire qui s'avèrera plus profitable au bassin genevois qu'on ne le dit.
La zone agricole genevoise est de loin la zone la mieux protégée de toute la Suisse. Le mitage du territoire y est le mieux contenu. Il existe dans le canton des villages et des hameaux qui n'ont presque pas bougé depuis des décennies. Passer la frontière et le contraste est saisissant.
Vu du Salève, l'agglomération genevoise se développement en cercles: la vieille ville très dense, impropre à la circulation, la ville du XIXe siècle (1850-1920), dense aussi, partiellement adaptée à la circulation privée, la ville du XXe siècle (1920-1970) qui a suivi deux modèles également inadéquats: la zone villas et les cités satellites, la ville du XXIe siècle (1970-2030) qui se développe encore sur la zone agricole (Les Vergers, Les Sciers, Les Cherpines, Bernex ouest, Ambilly) Et dans la densification des zones villas anciennes et de zones industrielles, mais surtout en France voisine et sur la Côte vaudoise.
Et c'est là que le bat blesse. Le modèle de d'urbanisation hors du canton s'est fait avec un grand gaspillage de terres et sans aucun plan de construction de nouvelles routes, cohérent avec le bassin d'emplois lequel est sur territoire suisse en raison du caractère attractif de la ville et d'un droit du travail bien plus souple en Suisse qu'en France.
Et ce dernier paramètre n'est pas près de changer.
Sous l'ère Cramer, le Grand Genève a été conçu sur une double méprise: l'engagement du canton de construire 2500 logements par an et l'engagement de la France de créer des emplois dans la couronne, alors que la seule raison du projet d'agglomération franco-valdo-genevois était de satisfaire aux critères des aménagistes de la Berne fédérale pour décrocher un bon morceau des 6 milliards du fonds des transports d'agglomération. Pari gagné sur le plan financier! Mais les bouchons n'ont pas cessé d'augmenter. Les deux partenaires aveugles et idéologisés par les techniciens du territoire en chambre ont également failli. (On tente encore de nous faire croire que le CEVA va régler nos problèmes. C'est une illusion. Le CEVA est un RER, bon pour Annemasse, Bon-en-Chablais, Thonon, Bonneville, Reignier et La Roche sur Foron. Au fait le RER sur la ligne Genève Lausanne a-t-il réduit la circulation sur l'A1?)
Que faire?
L'appel présenté lundi 2 mars à Genève me laisse songeur. La pétition qui vise l'objectif modeste des mille signatures sur avaaz.org a l'avantage d'exister, d'être concise. Pour le reste, aucune critique, aucune analyse de l'exercice lancé il y a 20 ans. Et toujours cette même utopie démocratique.
Il faudrait au minimum que la Suisse soit membre à part entière de l'Europe pour imaginer qu'une assemblée régionale puisse espérer exister. Et même dans ce cas de figure très hypothétique, que serait ses pouvoirs, ses moyens? Une couche de plus dans le millefeuille administratif?
L'esprit de Genève souffle bien trop au-dessus du peuple. il faut se rendre a l'évidence et construire le Grand Genève au niveau du besoin des gens.
Comment prolonger les lignes de bus profondément dans le territoire français est un des défis les plus urgents.
Comment augmenter à trois voies l'autoroute de contournement de Genève au-delà de la frontière, et la connecter à la région Arve et Lac au niveau d'Etrembières?
Comment financer les parkings d'échange?
Comment financer l'hospitalisation de la population frontalière aux HUG et celle de Genève dans les cliniques et les établissements médico-sociaux français?
Comment lutter contre la pression à la baisse des conditions de travail que provoque l'afflux des travailleurs?
Plutôt qu'une assemblée régionale, créons une agence régionale de la mobilité, chargée de planifier et de faire réaliser de nouvelles voies de transports, des parkings, des voies de bus en site propre...
Au début de cette année, le président des communes de la couronne genevoise considérait non sans raison que Genève doit assumer son rôle de capitale régionale, une Lapalissade qui oublie que Genève n'est pas française et que les Genevois ont le nez dans le guidon et pas trop l'envie d'investir vraiment dans leur proche banlieue.
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