Pas d'apartheid en Suisse?! (11/02/2015)

Capture d’écran 2015-02-11 à 23.23.06.pngLe premier ministre français Manuel Valls a dit, le 20 janvier dernier, neuf jours après le sursaut républicain "Sommes Charlie", que la France connaissait des poches d'apartheid. En Suisse, les experts suisses chargés d'évaluer le vivre ensemble ne prononceront sans doute pas ce mot ce jeudi. Berne veut tout de même en avoir le cœur net et lance une enquête nationale biennale sur le niveau des discriminations.

A l'encontre des étrangers ou de populations spécifiques? Pas seulement, semble-t-il. Les plaintes des Suisses qui nourrissent à tort ou à raison le discours de l'UDC et, à Geneve, du MCG, seront également collectées par StatistiqueSuisse, comme celles des Suisses qu’inquiète l'extrême droite.

"Le nouvel instrument permettra de suivre les évolutions de la société dans différents domaines-clé comme le racisme, l'antiracisme, l'hostilité à l'égard des musulmans et des juifs ou l'intolérance. Les attitudes correspondantes ne sont pas déterminées sur la base d'une seule réponse mais d'un groupe de réponses. Ainsi, une attitude n'est qualifiée de raciste ou d'antisémite que lorsque les affirmations correspondantes de la personne concernée sont systématiques et répétées. L'instrument permettra également de connaître la perception des personnes interrogées quant à l'ampleur et à l'impact des mesures sociales et politiques, ainsi que l'évolution de cette perception." Communiqué du Conseil fédéral du 11 février.

Voilà qui mérite attention.

Comme toujours en Suisse, le projet a mis du temps à mûrir. La statistique nationale est incollable sur le nombre de poules, de porcs, d'ovins et de bovins, d'arbres haute et basse tige que des humeurs du Suisse moyen dans sa diversité. Il a donc fallu cinq ans depuis le lancement d'un test jusqu'à la publication d'un premier rapport du Service ad hoc. Et deux ans encore pour que le Conseil fédéral lance l'étude.  

Le « Rapport 2012 du SLR - Tour d'horizon et champs d'action »  marque le début d'un reporting bisannuel de la discrimination raciale en Suisse.

On notera que les documents techniques sur le monitorage sont principalement en allemand.

On notera aussi que la discrimination raciale et l'antisémitisme occupent la moitié du rapport alors que toutes les autres formes de discrimination occupent un tiers du document.  

Page 42 de 68: le taux de privation matérielle est plus de deux fois et demi plus élevé chez les personnes nées à l’étranger que chez celles nées en Suisse (9,3 % contre 3,6%). De même, le taux de risque de pauvreté est significativement plus élevé chez les individus nés à l’étranger (17,9 %) que chez ceux nés en Suisse (11,5 %). En ce qui concerne le taux de pauvreté, on constate une probabilité plus forte de vivre dans un ménage pauvre si l’on est né à l’étranger. 

On notera aussi que les discriminations dont certains habitants des zones frontalières se disent les victimes ne sont absolument pas évoquées.

Quant au déficit démocratique qui résulte du refus de l'octroi des droits politiques aux étrangers installés de longue date, je retiens ces chiffres de ce rapport publié en 2012.

46 000 naturalisations en 2006, 38 700 en 2010. Des chiffres à mettre en regard des quelque 950'000 étrangers naturalisables.


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