"Le Royaume" et la crèche de Compesieres (03/01/2015)

image.jpgL'église est vide. Pas froide car on la tempère. Pas besoin d'âne ni de bœuf pour réchauffer le petit Jesus en grès, surveillé par son père et sa mère en prière et de la même terre. L'iPhone, juste à côté, tenu dans une main  de polystyrène expansé, tourne en boucle un clip que j'ai monté. (On trouvera ici la genèse de cette crèche un peu branchée)

Les visiteurs ont dans l'ensemble apprécié cette reconstitution contemporaine d'un naissance mystérieuse qui fonde la première religion du monde. Un jeune de 20 ans, invité par ses parents, n'a pas capté le sens de cet ordiphone placé à coté de la scène evangelique. Il a regretté le dépouillement de la Sainte Famille qu'aucun mouton, qu'aucun berger était venu découvrir. Ni rois mages ni étoile, seul un papier peint figure un désert vide. Sans âme qui vive. 

Il a raison ce jeune homme, il manque à la crèche de Compesières un rien de merveilleux, qui puisse frapper son cœur d'enfant.

Dans l'épilogue de son gros bouquin "Le Royaume", qui fait le bonheur des libraires et des critiques, car il se vend bien, Emmanuel Carrère, a trouvé en bon romancier le moyen moderne de dire ppurquoi son livre érudit est en fait sans intérêt. Une certaine Bérangère, une lectrice, lui envoie un courriel qui le met sur la piste... la piste du lavement des pieds.

Critique, mais curieux et empathique d'une religion qu'il ne pratique plus, Carrère écrit que ce geste aurait pu remplacer l'eucharistie ce qui, j'ajoute, aurait peut-être évité à l'église d'être et de se, et de nous prendre la tête. Il s'inscrit donc à l'une des semaines de retraite au sein d'une des communauté de l'Arche. Rude apprentissage de ce à quoi on peut servir. Mais soudaine révélation de ce qu'est le royaume. Hic et nunc.

Un bouquin à lire évidemment. Pour ses 600 pages et sa dernière.

 

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