Tashi Tsering: l'étendue de notre inculture (30/12/2014)

image.jpgQue serait aujourd'hui l'incendie de la bibliothèque d'Alexandrie? Un gigantesque éclair nucléaire ou un sursaut naturel du champ magnétique terrestre qui carboniserai les infimes connexions des puces de nos ordiphones/nateurs et viderait d'un coup Facebook ou Google de toute substance pour autant que ces géants en aient en propre? On peut toujours imaginer le pire. La disparition de la bibliothèque d'Alexandrie n'a entravé la circulation des idées. 

L'âge barbare qui suivit la chute de l'empire romain ne fit pas non plus disparaître toute culture pieusement recopiée et enluminée dans les monastères et quelques cours un peu plus éclairées que les autres, sises alors en pays d'islam. Tout de même, à cette époque, en Europe, il s'est passé cinq à dix siècles avant que la sécurité ne revienne et n'accorde aux marchands et aux artisans, habitant des bourgs, cette indispensable prospérité sans laquelle la culture ne fleurit pas largement. Et quelle culture? Non plus celle des copistes, mais celle des créateurs, des inventeurs, des découvreurs, des chercheurs,...

Je lis tout à la fin du numéro double de Noël de The Economist. L'hebdomadaire ne ressasse pas trop l'an passé ou l'an à venir mais offre à ses lecteurs de longs papiers d'une actualité noyée dans le flux quotidien. Ainsi cette histoire d'un officier anglais prisonnier des Américains et tiré au sort pour être pendu sur ordre de George Washington, en représailles et compensation d'un massacre antérieur à la guerre d'indépendance des Etats-Unis, et qui ne dut sa vie qu'à l'issue d'incroyable ambassades et pressions de tout bord... toute relation avec les prisonniers de Guantanamo étant évidemment fortuite...

Je lis donc cet hommage à Tashi Tsering. Un homme dont je n'avais jamais entendu parlé ou dont ma mémoire avait perdu la trace - je commence à envier les encyclopédies ambulantes et languit d'un à venir où nous pourrons brancher des clés usb à nos cervelles...

Tashi Tesring un homme entre deux mondes. Né dans une famille de paysan du Tibet, accablée de taxe par le Dalai Lama, même pas digne de mangé de l'orge grillée, donné aux moines à 11 ans qui l'ont abusé et lui ont appris à écrire, qui fuit et est rattrapé, qui découvre la diaspora tibétaine en Inde, constate que les envahisseurs chinois construise des écoles et des hôpitaux sans écraser les paysans, trouve le moyen de poursuivre des études aux Etats-Unis, débarque en Chine pour enseigner comme garde rouge, passe 11 ans dans les geôles de la révolution culturelle, avant de poursuivre et de terminer sa vie à bâtir 70 écoles qu'il finance grâce à des dons, ses revenus de commerçant de tapis et les bénéfices de la brasserie de sa femme.

Chine, Tibet. Combien sommes nous ici à penser que la Chine exerce sur les hauts plateaux une action émancipatrice?

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